Affiches Films à l'affiche mercredi 1er mai 2024
Universal/ Pan Distribution/ Metropolitan

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THE FALL GUY ★★☆☆☆

De David Leitch

L’essentiel

Le réalisateur de Bullet Train transforme Ryan Gosling en cascadeur pris dans un complot qui le dépasse. Une comédie daction comme on n’en fait plus.

Cascadeur devenu réalisateur, David Leitch adapte librement la série L’homme qui tombe à pic et met en scène Colt Seavers (Ryan Gosling), cascadeur surdoué, dont la carrière est stoppée net par un grave accident. Colt lâche tout, le cinoche comme son amour naissant pour une assistante caméra (Emily Blunt, évidemment impec’). Mais quand disparaît l’acteur le plus connu au monde (Aaron Taylor-Johnson imitant Matthew McConaughey, un régal), c’est étrangement à lui qu’on fait appel pour le retrouver… Cette comédie d’action qui étrille les privilégiés d’Hollywood (les producteurs ; les stars au melon colossal) pour mieux faire triompher les créatifs et les cols bleus (réalisateurs et cascadeurs). Un crowd pleaser euphorisant, où Ryan Gosling rappelle l’étendue de son timing comique entre deux scènes d’action spectaculaires.

François Léger

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

ETAT LIMITE ★★★★☆

De Nicolas Peduzzi

«Moi, je lutte contre une logique…» S’il est contre la logique du rendement, cela n’empêche pas Jamal Abdel-Kader de se donner sans compter. Le jeune psychiatre, qui travaille à l’hôpital Beaujon, enchaîne les entrevues avec ses patients et leurs familles sous l'œil affûté de Nicolas Peduzzi, qui accompagne le médecin à travers les couloirs de l’institution. Le pas du trentenaire est toujours rapide ; les observations sur son métier parfois amères. Sans jamais commenter ce qu’il observe, le réalisateur capte avec une grande justesse (comme Nicolas Philibert dans sa trilogie en psychiatrie) la tension permanente qui émane de l’hôpital. Le médecin est en lutte contre deux maux bien distincts : ceux des malades, qu’il accompagne avec une patience et une délicatesse à toute épreuve et ceux de l’État, qui ne donne pas de moyens. 

Emma Poesy

L’OMBRE DU FEU ★★★★☆

De Shinya Tsukamoto

Au Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rencontre de trois solitudes dans un bar délabré : une jeune femme vivant en recluse, un soldat traumatisé par les combats et un gamin des rues… Shinya Tsukamoto, le réalisateur de Tetsuo, conclut sa « trilogie de la guerre » (après Fires on the plain et Killing) avec ce film minimaliste et saisissant. Dans une première partie en huis-clos, où l’on sent palpiter très puissamment hors-champ la destruction et le chaos, il brosse des portrais humains touchants, filmant ses acteurs au plus près. Le récit se brise soudain et vire au récit d’apprentissage brutal quand l’enfant quitte ce foyer de fortune pour tenter de survivre dans un pays en ruines. C’est un film « comme une prière », dit Tsukamoto, qui réfléchit à la déshumanisation des sociétés en guerre, avec peu de moyens, mais une sensibilité déchirante, et l’expressivité folle d’un enfant acteur, Oga Tsukao, au visage inoubliable.

Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE A AIME

UN P’TIT TRUC EN PLUS ★★★☆☆

De Artus

Artus se lance dans la réalisation en faisant fi de toute autocensure. Et d’emblée, on comprend qu’il a trouvé le ton parfait - gonflé mais jamais provoc’ - pour cette comédie traitant du handicap. Avec deux atouts majeurs : l’écriture de ses personnages et des situations où l’on rit beaucoup non pas d’eux mais avec eux. Et ce sans chercher à s’en excuser dans la foulée. Il y a du Nos jours heureux dans ce Un p’tit truc en plus, ce même attachement envers ses personnages, cette même qualité dans la direction d’acteurs d’Artus qui, aux côtés d’un casting de jeunes handicapés tous irrésistibles, révèle une comédienne à l’énergie tranchante : Céline Groussard.

Thierry Cheze

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JUSQU’AU BOUT DU MONDE ★★★☆☆

De Viggo Mortensen

Avec son deuxième film de réalisateur, Viggo Mortensen raconte un bout de conquête de l’Ouest depuis le point de vue d’une Canadienne (Vicky Krieps) s’installant dans le Nevada des années 1860 avec son mari danois (Viggo, lui- même). Mais la guerre de Sécession éclate, l’homme va combattre aux côtés des nordistes, et la femme doit affronter seule les salopards qui peuplent la région. Mortensen propose un regard féministe sur les codes du western, l’enrichit de propositions originales (les références à la chevalerie, la culture française de l’héroïne…) tout en jouant le jeu des plaisirs old-school, avec paysages magnifiques et méchants archétypaux. Et il réactive ainsi une certaine idée du grand cinéma hollywoodien à la Sydney Pollack, engagé, romantique, et sachant sublimer ses stars.

Frédéric Foubert

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BORDER LINE ★★★☆☆

De Juan Sebastian Vasquez

Deux existences suspendues à un simple bout de papier, à la décision de deux agents de la police des frontières de l’aéroport de New- York. Voilà ce que raconte ce premier long où l’on suit donc les (més)aventures de Diego et Elena, un Vénézuélien et une Espagnole en couple qui ont quitté Barcelone pour démarrer une nouvelle vie outre- Atlantique. L’action tout entière se déroule entre les quatre murs de deux bureaux, au fil de questions d’abord anodines qui deviennent de plus en plus pernicieuses et font voler en éclats les certitudes des deux personnages l’un sur l’autre comme le regard que l’on porte sur eux. Border line parle de l’abus de pouvoir, du racisme ordinaire né de la peur de l’autre juste parce qu’il est différent mais sans jamais se faire donneur de leçon ni tirer à la ligne (75 minutes, pas une de plus !) quitte à déstabiliser par sa fin abrupte. Un suspense étouffant.

Thierry Cheze

LE TABLEAU VOLE ★★★☆☆

De Pascal Bonitzer

Un Egon Schiele spolié par les nazis réapparait dans un pavillon ouvrier. Pas n’importe lequel, il s’agit des Tournesols fanés vendu - pour de vrai - chez Christie’s 17.2 millions d’euros en 2006. Dans ce film de Pascal Bonitzer on n’en est pas encore là. Il s’agit pour les pros du secteur de mettre la main dessus, de se faire mousser avant d’opérer son dévoilement. Le drame qui se joue non sans malice, est de faire co-exister des mondes qui ne se touchent pas forcément. Tout d’ailleurs est affaire d’aveuglement social où toute idée de raffinement se mesure à l’aune de son rapport aux choses, à l’art en particulier devenu valeur marchande. La mise en scène joue constamment du trompe-l’œil, son réalisme supposé se lovant dans une sorte de torpeur inquiète qui invite à reconfigurer les êtres et les lieux. Dès lors, l’intrigue elle-même se dilue volontairement dans ses propres illusions (le tableau enfin dévoilé décevra un expert), et place les consciences en première ligne.

Thomas Baurez

LA FLEUR DE BURITI ★★★☆☆

De Joao Salaviza, Renée Nader, Mesjoa Salaviza et Renée Sora

Au Brésil, la culture du soja entraîne le déboisement de 10 000 km2 de forêt amazonienne par an. Ce film primé à Cannes dans la section Un Certain Regard l’an passé s’intéresse au peuple Krahô qui y vit et dont la culture ancestrale se trouve gravement menacée. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction - parlons plutôt d’un film-rêve - cette Fleur du Buriti nous plonge au cœur du quotidien de ces hommes, femmes et enfants en total symbiose avec leur environnement. Les traces du passé (massacre par des agriculteurs voraces en 1940, humiliations durant la dictature dans les 60’s) rejaillissent dans un présent tout aussi incertain. La tenue d’un grand rassemblement des peuples autochtones à Brasilia est l’occasion de faire entendre leur voix. La mise en scène à l’écoute de chaque sensation fait corps avec son sujet. Fort.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

UNE AFFAIRE DE PRINCIPE ★★☆☆☆

De Antoine Raimbault

En 2012, José Bové, député européen, met le nez dans une conspiration mêlant instances européennes et lobbies du tabac, partant de l’affaire Dalli (un Commissaire Européen accusé à tort de corruption) jusqu’à la directive en préparation des paquets de cigarettes neutres. Antoine Raimbault (réalisateur du remarquable Une intime conviction) décide d’en faire un thriller de bureau où Bouli Lanners arpente les couloirs du Parlement et de la Commission européenne, de Strasbourg à Bruxelles, sous les traits du paysan révolutionnaire. Impec dans le rôle, il ne suffit cependant pas à nous faire piger tous les enjeux de l’enquête. Malin, Raimbault intègre en contrepartie Céleste Brunnquell, parfaite en stagiaire candide afin de vulgariser le tout. Mais malgré une mise en scène ludique, le film n’échappe pas à la question qui fâche, celle de se demander si un documentaire n'aurait pas été plus adéquat…

Lucie Chiquer

PETITES MAINS ★★☆☆☆

De Nessim Chikhaoui

Révélé par le convaincant Placés, Nessim Chikhaoui s’inspire pour son deuxième long de la grève des femmes de chambre externalisées des grands hôtels de 2019 (d’où a émergé la figure de Rachel Kéké, devenue députée). Mais il ne parvient pas cette fois- ci à dépasser le stade des bonnes intentions au fil d’un récit où on ne cesse de penser qu’un documentaire aurait été une forme plus appropriée. Reste toujours un vrai sens du casting, symbolisé par le fait de voir (enfin !!!!) Corinne Masiero dans un rôle aux antipodes de Marleau.

Thierry Cheze

LE SILENCE DE SIBEL ★★☆☆☆

De Aly Yeganeh

Dans un village de Yazidis, un groupe armé de Daech massacre une famille kurde dont la mère refuse de porter l’hijab. Sibel, 13 ans, y est kidnappée et réduite à l’esclavage sexuel. Mais l’atrocité de l’ouverture du film est vite remplacée par un quotidien ordinaire alors que Sibel est recueillie en France par une femme qui tente en vain de lui imposer une vie « normale ». Mais en exploitant à outrance la portée dramatique de son vécu (non sans paternalisme) dans cette fiction, Sibel devient une martyre sans voix ni cible.

Bastien Assié

MÊME SI TU VAS SUR LA LUNE ★★☆☆☆

De Laurent Rodriguez

Accueillis par un professeur d’université, quatre étudiants réfugiés syriens racontent leurs vies passées dans un pays en guerre, leurs souvenirs en France et leurs projets d’avenir. Entre les allers-retours du noir et blanc à la couleur et les passages en animation, le documentaire tente de dynamiser leurs témoignages mais peine à dépasser la monotonie des séquences. Laurent Rodriguez compile les bribes de vies quotidiennes de ces jeunes en quête d’une identité politique et culturelle.

Bastien Assié

 

Et aussi

Les Cartes du mal, de Anna Helberg et Spenser Cohen

John Singer Sargent : mode et glamour, de Anna Helberg et Spenser Cohen

Reprises

Collateral, de Michael Mann

La Planète sauvage, de René Laloux