Still - Michael J. Fox
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Still raconte le combat intime de Michael J. Fox contre la maladie, sans trop s’attarder sur la trajectoire folle et la filmo particulière de l’acteur.

Still : la vie de Michael J. Fox est disponible sur Apple TV+ et Canal+ depuis le 12 mai.

Il y a un an, l’image avait bouleversé le Comic Con. Près de quarante ans après le tournage de Retour vers le futur, Christopher Lloyd et Michael J. Fox se remémoraient, en public, leur rencontre et leur tandem. Un classique de ce genre de festival, sauf que l’état de santé de Michael J. Fox changeait ici complètement la donne. D’un seul coup, ce qu’on savait (Parkinson et la dégénérescence de son état) devenait palpable, visible. Émouvant. Et encore plus que ce qu’on aurait pu prévoir. Sans doute parce qu’il fut le kids des 80s. Rapide, smooth, inarrêtable. "Le petit prince d’Hollywood" comme il le dit lui-même.

Alors quand on découvre ce type trembler comme une feuille sur la scène du Comic Con ; ou quand on voit dans ce docu le type qui avalait les rues de Hill Valley sur son skate errer dans New-York avec une démarche fracassée ("c’est quand je marche que je fais vraiment flipper les gens"), il y a quelque chose de vertigineux.

Michael J. Fox face à la maladie de Parkinson dans la bande-annonce du documentaire Still
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Comme toutes les grandes histoires hollywoodiennes, celle de Michael J. Fox a pris un tour dramatique en 91, lorsqu’il a découvert qu’il avait Parkinson. Comme le récent Val (les home movies en moins), Still raconte bien le destin d’une star 80s brisée par la maladie. Mais il le fait de manière habile, par une réalisation minutieuse très intelligente. Les entretiens (dans sa cuisine ou son salon) sont entrecoupés d'un mélange de reconstitutions (très bien fichues) et d’extraits de sa filmo tellement bien sélectionnés qu’on a parfois l’impression qu’ils ont également été reconstitués. C’est le premier atout de ce film. Contrairement à ce que prétendait le Doc, il n’est pas nécessaire de contrôler les flux pour voyager dans le passé : un montage habile et malin permet de se balader dans le temps.

Le documentaire de Guggenheim (à qui l’on doit l’uberdoc PowerPoint Une Vérité qui dérange) propose donc un regard intime sur le parcours de Fox. La gloire trop rapide, son ambition folle, son énergie et son désir de revanche qui l’ont conduit à construire sa carrière au rythme d’un 100 mètres. Jusqu’au réveil brutal. Le parti pris est chronologique, mais Still commence par ce moment traumatique où l’acteur perd pour la première fois le contrôle de son corps. Un beau passage d’ailleurs, qui encapsule l’idée théorique du film - celui qu’on croyait ne jamais pouvoir arrêter (- "avant la maladie qu’est-ce que cela signifiait pour vous d’être immobile (still) ?" lui demande le journaliste - "je ne sais pas", répond Fox)  doit aujourd’hui tout faire pour s’empêcher de bouger.

still
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Un montage - rythmé par le New Sensation d’INXS - montre par exemple comment l’acteur réussissait au début à cacher sa maladie sur les tournages, à la vue de tous. Sur Le Concierge du Bradbury, on le voit ainsi s’accrocher à des objets pour empêcher sa main de trembler. Ce qui semblait à l’époque un pur travail d’acting, devient une preuve documentaire…

"Je ne me vois pas vivre jusqu'à 80 ans" ! Le terrible aveu de Michael J. Fox

On regrettera seulement que Still reste coincé dans un entre-deux : en se concentrant sur sa maladie, le film évoque trop peu la puissance de l’acteur. Sa physicalité démente, son incarnation polymorphe de l’Amérique reaganienne (la face Yuppie avec la série Family ties, son aspect nostalgique avec Marty McFly) et surtout la manière dont il a, au moment des 90s et de l’annonce de sa maladie, tenté de faire disjoncter sa carrière avec les séries et des films plus matures.

Still est d’abord la confession d’un homme et de sa maladie. Pourtant, ce n’est jamais déprimant. Peut-être parce qu’il s’agit moins d’un d’un documentaire sur Parkinson (même si on voit régulièrement Fox avec ses thérapeutes) que d’une étude de caractère dans lequel l’acteur partage des réflexions sur sa vie. Avec humour, émotion et intelligence.