Le portrait d’une bande de filles au caractère bien trempé. Un feu d’artifice qui révèle une cinéaste enthousiasmante.
Ne vous fiez pas au titre de ce premier long. « Mignonnes » n’est pas le premier adjectif qui vient à l’esprit pour qualifier son héroïne de 11 ans et la bande qu’elle veut intégrer pour fuir un environne- ment familial compliqué et participer à un concours de danse. Des gamines à peine sorties de l’enfance et avides de passer à l’âge adulte en zappant la case adolescence. Dès les premières images, on sent que Maimouna Doucouré a trouvé la bonne distance pour raconter ces pétroleuses des temps modernes, à travers leurs regards, leurs mots qui ne sont jamais ceux d’adultes placés dans la bouche d’enfants, et une manière de jouer dont les maladresses reflètent précisément l’extrême justesse. La cinéaste ne porte aucun jugement moral sur ses héroïnes. Elle montre comment elles se vivent. Alors, forcément, son film a des airs de feu d’artifice permanent. Parfois irritant à l’image de ces jeunes filles incapables de rester en place ou de parler tout bas. Mais l’immense talent de la réalisatrice est d’aller au bout de son sujet, de ne pas détourner sa caméra quand les gamines se mettent à danser de manière lascive dans des tenues échancrées. Est-ce que ça nous dérange ? Évidemment. Est-ce qu’on se sent voyeurs? Pas un seul instant, car son regard porté sur ces jeunes corps aspirant à être vus et likés est précisément celui que ces collégiennes portent sur elles-mêmes et leurs copines. Le fil était ténu. Maimouna Doucouré y évolue telle la plus douée des funambules. Elle n’a pas volé son prix de la réalisation à Sundance.
Mignonnes, en salles le 19 août 2020.
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