Pionnier en la matière, Robert Zemeckis perfectionne la performance capture avec brio mais peine à trouver le ton juste.
Pour Bienvenue à Marwen, le réalisateur de Retour vers le futur s’inspire d’une histoire vraie : victime d’une agression, Mark Hongancamp s’est reconstruit grâce à un monde de poupées qu’il a créé de toutes pièces. En 2010, le documentaire Marwencol racontait sa guérison par l’art et cela a inspiré Robert Zemeckis pour une fiction au résultat visuellement bluffant. Quinze ans après Le Pôle express, premier film à avoir été tourné entièrement en motion capture, le cinéaste profite pleinement des avancées de cette technique. Steve Carell, Leslie Mann et leurs partenaires passent ainsi d’un monde à l’autre, du réel à l’imaginaire, leurs expressions et mouvements permettant d’animer les poupées créées à leur image. Cela donne lieu à des scènes de guerre spectaculaires où la caméra virevolte entre fusillades, danse et séduction, au gré des fantasmes du héros. Très inspiré par ce procédé, Zemeckis s’amuse même à s’autociter. Dans le monde réel, en revanche, l’intrigue perd en puissance. Si Steve Carell est touchant en artiste blessé, son personnage est trop ambigu pour convaincre. Sa vision des femmes est notamment perturbante : il met en scène ses « protectrices » comme des créatures sexualisées prêtes à se sacrifier pour lui, ce qui gomme toute tentative de discours féministe. Idem dans sa relation avec sa voisine ou son obsession des chaussures à talons, qui, à force de maladresses, créent un malaise. C’est d’autant plus déroutant qu’on sent que Zemeckis s’est attaché à lui, mais sans parvenir à transmettre cette identification au spectateur.
Bienvenue à Marwen, en salles le 2 janvier 2019.
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