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JR est un artiste conceptuel qui emprunte autant à la photographie qu’au land art façon Christo. Un de ses derniers projets consistait à photographier des visages de femmes rencontrées dans les quartiers défavorisés du monde entier et à les afficher en grand format dans leur environnement. Le créateur a fait filmer son travail et en a tiré cet étrange objet, qui ment un peu sur son sujet puisque les paroles de ces femmes, censées occuper le devant de la scène, cèdent vite la place à un making of à la gloire de l’artiste.
Toutes les critiques de Women Are Heroes
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Women are Heroes fai voyager aux quatre coins du monde et nous emmène à la rencontre de femmes toutes différentes et pourtant similairement préoccupées par les mêmes choses : la violence des hommes, le contrôle qu'ils cherchent à exercer sur leurs vies, leurs conditions de vie et l'espoir d'offrir à leurs enfants une vie meilleure.
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Réussi. Par son ouverture d'esprit et son audace, JR évite l'écueil du misérabilisme. Il donne à voir et à penser mais se fait plaisir aussi, quand il s'attarde sur ses trompe-l'oeil astucieux et impressionnants.
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Le film montre comment elles vont devenir les héroïnes de JR pour ses projets artistiques ingénieux et monumentaux: tapisser les maisons de la favela de leurs visages et regards surplombant Rio; placarder des portraits de femmes sur des habitations en cours de destruction par des pelleteuses à Phnom Penh; recouvrir des trains ou les toits des taudis de Kibera de toiles (imperméables) imprimées avec les yeux féminins… Comme le dit l’une d’elles: "Ces photos ne vont pas changer ma condition, mais si des gens voient ma photo, je serai fière."
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Donner des images plutôt qu'une aide matérielle et concrète ? Glorifier quelques personnalités individuelles et oublier les autres dans l'anonymat ? Mais le caractère éphémère du projet, l'élan collectif qu'il suscite et les rencontres qu'il provoque finissent par emporter l'adhésion.
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Ce documentaire, sorte de collage boosté à l'électro-pop, montre l'envers de son travail : les rencontres et les échanges avec ses modèles, des femmes, l'une dans une favela du Brésil, l'autre dans un bidonville du Kenya, d'autres en Inde, au Cambodge. Elles ont souffert et racontent face à la caméra leur combat de tous les jours. Défendre la dignité des femmes, démocratiser l'art, faire participer le public à l'affichage des portraits en noir et blanc : impossible de ne pas souscrire au geste de JR, qui rapproche en quelque sorte l'art et l'engagement humanitaire, à la façon d'un... Yann Arthus-Bertrand. Certains témoignages sont bouleversants, d'autres frustrants - on aurait aimé s'arrêter plus de temps sur le parcours de cette femme indienne, passionnante et lumineuse, qui a échappé au pire. On aurait aimé, pour tout dire, moins d'autopromotion et un peu plus de cinéma.
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En dressant une typologie de ce qu'il a désigné comme l'héroïsme féminin, dont l'accouchement serait le plus petit dénominateur commun, il enfile les clichés comme des perles, n'hésitant pas, par exemple, à singer le style visuel de La Cité de Dieu pour filmer les rues des favelas - ce qui donne, dès le début du film, un effroyable mal de crâne.
A la question de savoir pourquoi les femmes sont héroïques, le film répond, grosso modo, que c'est parce qu'elles le valent bien et que JR est leur meilleur photographe de stars. Une certaine idée du documentaire engagé.