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Nouvelle tarte à la crème du cinéma "moderne", le cul tout nu sert d'argument à cette fiction qui prétend interroger le rapport brut à la chose en dévoilant l'anatomie des comédiens et la façon dont ils s'en servent. L'argument en vaut d'autres mais le film désole. Dialogues poids lourds, digressions burlesques accablantes et, surtout, point de vue problématique: toutes les filles ici convoquées clament avec une confondante unanimité leurs désir d'être souillées, violées, vendues au plus offrant, etc.
Toutes les critiques de L'Histoire De Richard O
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Jacques Morice
De l’énergie en pagaille, de l’humour et de la poésie. C’est à l’aune de cette sainte trinité que se déploie la tribulation dionysiaque du personnage. La chair est au premier plan. Brunes ou blondes, minces ou enrobées, les femmes y apparaissent toujours racées. L’animalité – douce ou vorace – est le trait dominant de ces étreintes frénétiques, de ces nus féminins comme de ce nu masculin, en l’occurrence celui de Mathieu Amalric. Fait rare de voir un acteur connu accepter ainsi le jeu, sans forfanterie ni réserve. Il donne l’impression de s’impliquer et de s’exhiber sans compter, en accord parfait avec la prodigalité de ce film d’obsédé.
- Le Mondepar Jacques Mandelbaum
L'ultime question que pose L'Histoire de Richard O. est celle du jeu, et plus essentiellement de la liberté scandaleuse de s'y soustraire pour mieux le reconduire. Le film, dans un contexte de production qui n'aura jamais été aussi pusillanime, joue ainsi lui-même le jeu le plus risqué qui soit, enjoignant à ses spectateurs de le prendre ou de le laisser.
- Ellepar Helena Villovitch
Insupportable, prétentieux, complaisant? On aurait toutes les raisons de détester cet objet filmique qui met en scène une espèce d'intellectuel érotomane et égocentrique. Au fait, est-il cinéaste? Philosophe? Rentier? Ce détail nous a échappé. On le déteste, donc, jusqu'au moment où se produit un étrange phénomène d'empathie, et où l'on finit par trouver tout ça très divertissant , voire généreux.
- Fluctuat
Un peu trop brouillon pour enthousiasmer tout à fait, cet essai pornographique teinté de tragique ne ressemble à rien de connu. Grâce à son atmosphère étouffante, sublimée par la musique de Buck 65, et ses à-coups surprenants, une vraie séduction se dégage pourtant de L'Histoire de Richard O. Courage ou coup dans l'eau ?
- Exprimez-vous sur le forum L'Histoire de Richard O.En ce mois d'août étouffant, Richard O. (Mathieu Amalric), animal gominé, a ses chaleurs. Paris s'offre à sa frénésie sexuelle via son ami, Grand (Stéphane Terperaud), sorte de héron haut perché dont l'apparence troublante cache une grande sensibilité. Celle-ci lui permet d'aborder, avec succès, des femmes dont il tire un parti surprenant.Née d'un désir de filmer dans une période creuse, cette drôle d'expérience cinématographique respire l'urgence du moment. C'est son charme. Sans scénario, ni vrai structure, le récit éclaté se compose de bouts disparates qui s'accolent dans une logique surprenante. Des femmes (13 !) parlent librement de leurs fantasmes devant la caméra de « Grand ». Il les filme, les montre à son ami, Richard, qui les rencontre et réalise avec elles leurs pulsions secrètes. Captées sans aucun tabou, ces scènes de sexe explicites constituent le motif principal du film. Ce qui compte c'est, semble-t-il, de filmer des corps, affranchis de contraintes, mais non dénués de pesanteur. Dans cette optique, Damien Odoul compose des plans parfois superbes, grâce à une belle photographie légèrement sous-exposée, qui contribue à créer l'atmosphère étouffante. Les corps se donnent dans la fièvre d'un désir sublimé par l'éphémère, l'interdit et la musique de Buck 65 dont les accords moites soulignent remarquablement les parti-pris esthétiques.Excessive, cette quête éperdue d'une sexualité dédiée aux fantasmes féminins a toutes les apparences d'une fuite en avant. Sautant de femmes en femmes, à bout de souffle, Mathieu Amalric baise à perdre haleine au bord du précipice. Plutôt convaincant dans ce rôle inattendu, son jeu heurté sonne pourtant faux quand il rejette la femme qui voudrait lui faire un enfant, lui assénant ses envies « d'autres choses ». Trop éloigné de ce souci des corps qui irrigue l'ensemble, trop cérébrale peut-être, cette colère artificielle paraît hors-sujet. Il s'agit pourtant de la scène pivot devant justifier les futures errances sexuelles du héros (car il erre O.). Il y explique avec rage son besoin d'expériences, incompatible avec la paternité. A partir de cette rupture, il se laisse guider par ses instincts, prend des chemins de hasard et jouit. En bref, pour éviter de se reproduire, Richard O. multiplie les petites morts.Revendiquant un film sexuel, poétique et burlesque, Odoul réussit son pari aux deux tiers, échouant seulement à nous faire rire. En revanche, une angoisse sourde émane en permanence de cette folle sarabande sexuelle qui parle de sens, d'instincts et de pulsions. De l'effet de répétition, d'accumulation des rencontres, transpire un mal être, une frustration de ne pouvoir tout vivre, qui renvoie l'homme à sa condition d'animal évolué. Coincé entre ses désirs contradictoires et la construction morale de la société, O. transforme cette mélancolie en une quête abstraite et poétique dont l'interprétation reste ouverte. S'agit-il de signifier l'absurdité qu'il y a à donner la vie si l'on s'avère incapable de la vivre soi-même et d'en explorer toutes les potentialités ?
Peu importe, en fait, même si la dernière partie, en changeant de perspective, pourrait laisser affleurer un schéma binaire assez réducteur. C'est plutôt la façon de filmer l'amour, dans sa bestialité ou sa stupide naïveté, qu'on préfère retenir. Il n'y pas de leçons à tirer de cette ébauche de la débauche. Juste une intensité du moment à prendre pour ce qu'elle est. Ni plus ni moins. Déclaré mort dès la première scène, Richard O. est un cadavre, exquis, dont l'errance surprend toujours et c'est déjà pas mal.L'Histoire de Richard O.
De Damien Odoul
Avec Mathieu Amalric, Stéphane Terperaud, Ludmila Ruoso
Sortie en salles le 19 septembre 2007 - Interdit aux moins de 16 ansIllus. © Bac Films
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