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Le Portugais André Gil Mata a été l’élève de Béla Tarr en école de cinéma. Son premier long prouve qu’il en est aussi le digne héritier. Un vieil homme, dans une ville assiégée, collecte les bouteilles de ses voisins qu’il ramènera remplies d’eau potable. Un enfant tente d’échapper aux rafles des soldats nazis. Une forêt dans laquelle ils vont se croiser. Voici les trois temps d’un récit tout entier contenu dans ces trois phrases et qui ne se donne pas facilement. Il exige attention et patience dans son entame pour s’y glisser. Mais une fois embarqué dans son rythme lancinant, sa quasi- absence de dialogue, ce film bâti en six plans emporte par sa sensorialité visuelle et sonore, et son regard pertinent sur la guerre à travers deux conflits décalés temporellement (le siège de Sarajevo et la seconde guerre mondiale) qui se rejoignent dans les souffrances comme les solidarités qu’elles provoquent.