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Filmé comme en images volées, au plus près des visages et des corps, sans pathos ni folklore, Illégal observe, à travers Tania, tous ces êtres qui rêvent d’une terre d’accueil. Le titre renvoie à ce que les autorités sont prêtes à faire endurer aux « indésirables » pour s’en débarrasser. Anne Coesens, excellente actrice francobelge, s’est glissée avec fougue dans la peau d’une immigrante russe. Quelques facilités éparses et une fin abrupte ne retirent ni son intérêt ni son effarante actualité à cette oeuvre grave et délicate.
Toutes les critiques de Illégal
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un film oppressant et sacrément efficace, hyper réaliste, qui frôle presque le documentaire tant il est en total résonance avec l'actualité.
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En reconstituant, à la manière d'un reportage de l'intérieur, le cadre brutal et sordide des centres de rétention, le réalisateur belge Olivier Masset-Depasse parvient à donner une charge émotionnelle intense à une histoire tristement ordinaire, comme celles qu'on nous relate à longueur de journaux télévisés. Sans jamais tomber dans l'outrance ni le pathos, il rend justice au destin des sans-papiers, particulièrement à celui de Tania, une mère courage formidablement interprétée par l'actrice Anne Coesens. Remarqué au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, ce film a été sélectionné pour représenter la Belgique aux prochains Oscars.
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Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, Illégal s'impose comme un témoignage poignant sur une femme traquée, symbole des clandestins aux abois. Un témoignage suffisamment fort pour rendre inutiles les quelques échappées musicales dont le réalisateur a cru bon de l'égayer.
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Caméra à l'épaule, plans serrés sur les corps et les visages : la mise en scène rend palpable l'état de précarité absolu dans lequel les clandestins sont maintenus. Traqués à l'extérieur, sursitaires à l'intérieur. Certaines scènes sont d'un réalisme terrifiant, presque documentaire - les policiers utilisent un matelas pour tabasser la jeune femme sans laisser de traces. Illégal n'est pourtant pas dénué d'espoir : même privée de droits et de liberté, Tania continue de lutter. Pour ne pas être séparée de son fils, elle est prête à tout, y compris à se brûler le bout des doigts pour empêcher son identification. De tous les plans, la comédienne Anne Coesens est d'autant plus émouvante qu'elle exprime avec sobriété la détermination viscérale de son personnage. Plus qu'un film-constat, Illégal est un appel à la vigilance, à la résistance, face aux dérives de nos démocraties.
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Illégal n'est pas un si mauvais film. Mais il n'apporte rien au débat qu'il prétend engager.
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Comme un reportage, la caméra suit au plus près les corps pour mieux rendre l’urgence de la situation. La sobriété de la réalisation n’empêche pas l’empathie avec les personnages qui se débattent comme ils peuvent face à une société qui ne veut pas d’eux. Ici et là, il y a bien quelques facilités – un flic facho au crâne rasé, un commandant de bord irréprochable –, mais, à travers l’interprétation d’Anne Coesens, Illégal rend justice aux sans-papiers.
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Certaines scènes ne sont pas convaincantes. D’autres ont des allures de clip. Mais, dans l’ensemble, le réalisateur tient son film, principalement tourné caméra à l’épaule, grâce à son approche documentaire et documentée du sujet.
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Les personnages sont caractérisés à la va-vite, souvent avec maladresse. Ainsi, pour installer un climat de complicité entre la mère et son fils, alors qu'un monsieur séduisant bigle Tania dans un bus, son fils lâche un improbable : « Maman relax, le mec te drague c'est tout ! ». On n'y croit pas plus qu'au théâtral revirement de la matonne sympa-malgré-son-métier-mais-faut-bien-bosser, qui jette son uniforme au sol suite au suicide d'une sans-papier noire et rebelle jusqu'au bout, ou à l'intervention hollywoodienne du vieux pilote d'avion quand il s'oppose aux policiers qui maltraitent Tania : « La loi ici Monsieur, c'est moi ». Tout cela est si manichéen, qu'on sort presque de la séance la conscience tranquille : un comble, pour un film censé interpeller les foules. Le mot de la fin revient à l'un des méchants flics : « Tout ça pour en arriver là ? ».
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Olivier Masset-Depasse réalise un film réaliste, implacable, documenté, sur le sort réservé aux illégaux en Europe. Mais peu inspiré sur le plan du cinéma.
Les gros plans sur le visage accablé de désespoir d’Anne Coesens ne suffisent pas à faire décoller ce film militant, qui rate un peu l’occasion de devenir aussi un grand mélo. Un film politiquement juste, mais sans ambition formelle.