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Au-delà de l'efficace dénonciation d'un gouvernement abject, Draquila, l'Italie qui tremble offre surtout un saisissant voyage vers une vision d'avenir cauchemardesque, où une humanité manipulée s'entasserait dans des préfabriqués sans âme. En montrant la vitesse avec laquelle une ville dynamique s'est transformée en espace neutre et froid, Sabina Guzzanti filme la mort de la culture, la mort de la mémoire et la mort du lien social. Plutôt que d'asséner un discours prémâché, le film soulève donc avec des moyens purement cinématographiques l'importance de la responsabilité collective dans la dégradation d'une société et d'une démocratie. Avec cette solide démonstration, la réalisatrice signe sans doute son meilleur film à ce jour.
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Comme Michael Moore, Sabrina joue le rôle principal de l’intervieweuse fouille-merde présente dans tous les plans et multiplie les entretiens accablants avec un sens aiguisé de l’agit-prop. On pourra lui reprocher de ne pas toujours s’embarrasser de subtilités ou de précisions, de digresser un peu trop facilement. Mais si sa démonstration a parfois la finesse d’un éléphant sans morale, elle a le mérite d’être du bon côté de la gueulante et, surtout, de réussir ce que Moore ne sait plus faire depuis sa Palme d’or : être politique ET drôle. CQFD.
Toutes les critiques de Draquila - L'Italie qui tremble
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Allez le voir avec vos amis et vous constaterez que vos débats à la sortie de Draquila sont aussi intenses que les 97 minutes du film. Il faut dire qu'on ne peut être qu'interpellé par le spectacle de cet homme politique réussissant à décérébrer une partie de l'opinion grâce à des manipulations médiatiques et l'absence d'efficace parti d'opposition. Rassurez-vous, tout cela ne se passe qu'en Italie... C'est bien différent chez nous, n'est-ce pas ?
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Dans la veine d'un Michael Moore, le culte de la personnalité en moins, la réalisatrice prend son bâton de pèlerin et recadre les choses. Mieux, elle transcende son sujet pour le rendre universel. Un film important!
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Ce serait hilarant le plus souvent, si ce n’était si profondément immonde et désolant. Sabina Guzzanti n’y met pas toujours les formes, mais son indignation l’absout sans problème de quelques facilités. On sort malgré tout sonné et avec l’envie d’en découdre. Tous les films ne sauraient être des œuvres de contenu, des véhicules de combat. Mais en regardant celui-ci, on est obligé de constater que la majorité des films qui sortent aujourd’hui, dans le fond, ne disent rien.
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Percutant documentaire sur la scandaleuse gestion du pouvoir par Berlusconi. C’est un peu le "Farhenheit 9/11" de Sabina Guzzanti, en plus subtil et effrayant. La séance a fait le plein, on s’en doutait, des médias italiens accrédités..
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On ne rit presque jamais, parce que dans ce quatrième film, l'auteure de Viva Zapatero ! abandonne ses propos satiriques et tente une enquête journalistique plus approfondie. Jamais assez.
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Ce documentaire de la réalisatrice de l'excellent Viva Zapatero est une formidable enquête sur la gestion de cette tragédie.
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L'exercice est plus périlleux qu'il n'y paraît, plus classe aussi : aux défilés d'opposants, au spectacle d'une ville patrimoniale ouvertement laissée à l'abandon (et même sacrifiée, puisque les pouvoirs publics connaissaient le risque encouru par les habitants avant le séisme), le film frôle le pathos à la Michael Moore mais n'y plonge jamais vraiment. Mieux, en lieu et place des interminables séquences kleenex chères au bibendum américain, la mystification berlusconienne inspire à Draquila des séquences comiques délicieusement cruelles, chroniques surréalistes, presque effrayantes, d'une population cocufiée et complètement dépassée. Sommet : le moment où les victimes gagnent leurs nouveaux immeubles construits façon ville nouvelle et livrés en temps et en heure par leur cher Président. Petit instant de stupéfaction devant la rutilante efficacité berlusconienne : en larmes, les habitants remercient leur bienfaiteur, et louent la délirante sollicitude de l'état pour égayer leur nouveau foyer. Nappe, cafetière, micro onde, tasses et soucoupes, sceau à champagne, Silvio a vraiment pensé à tout. Oui mais voilà, l'Etat ne fait que prêter, il faudra tout rendre, à la petite cuillère près, au prochain déménagement. Du coup, les relogés ont « l'impression d'habiter à l'hôtel », « n'osent pas percer un trou dans le mur ».
Toute le combat de Draquila tient à ce crescendo terrifiant : mesurer l'impact concret d'une parole politique, combattre l'idée selon laquelle la démagogie, sous couverts de clichés sympathiques et vulgaires, n'entraînent que des conséquences anodines. Le film se termine à la périphérie de L'Aquila, sur un ensemble d'immeubles en chantiers construit autour d'un rond-point fraîchement bitumé. C'est pire qu'un champ de ruines. -
Un croisement entre Tina Fey, pour son sens de la caricature politique, et Michael Moore, pour son ton engagé. Sabina Guzzanti, qui a été écartée de la télé italienne par le pouvoir, livre avec Draquila - L'Italie qui tremble, un éclairage effrayant du système Berlusconi.
Grâce à des images d'animation pleines d'humour qui entrecoupent les scènes de reportages, la démonstration ne sombre pas dans le catégorique. L'enquête de Guzzanti sur les suites du tremblement de terre qui a touché la ville d'Aquila en 2009 la mènent à affirmer qu'au nom de l'urgence et de la sécurité, la protection civile détourne les lois, spécule et bafoue les droits des citoyens. -
Sabina Guzzanti fait évidemment le procès d'un régime. Si improbable, si ubuesque qu'il prête à rire, au gré, entre autres, des vulgarités à répétition du chef du gouvernement. C'est souvent avec humour, un humour lucidement désespéré, que Draquila décrit les entorses répétées à la démocratie, peut-être irréversibles, que subit l'Italie depuis vingt-cinq ans. Mais les plans les plus marquants de ce film brûlot sont ceux des victimes du tremblement de terre, hurlant leur douleur. Des écoutes téléphoniques ont montré que, la nuit du séisme, des sbires berlusconiens riaient d'avance en imaginant le profit à tirer de la reconstruction. « Nous, on ne riait pas », crient les survivants qui manifestent. Et, cette fois, le spectateur lui-même est glacé d'effroi...
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A l’inverse d’un Michael Moore, elle débute sa croisade par une satire symbolique (au lendemain du tremblement de terre de l’Aquila, elle se rend, grimée en Berlusconi, sur les lieux du drame) avant de mettre à nu, avec une grande pugnacité journalistique, l’étendue vertigineuse des réseaux politiques, économiques, médiatiques et urbanistiques sur lesquels repose son indéboulonnable pouvoir. Une dénonciation sans doute inopérante mais, d’un simple point de vue démocratique, salutaire.
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(...) Draquila a les qualités divertissantes et les défauts exaspérants d'une émission de télévision italienne. Tout est sacrifié à l'effet immédiat, les séquences sont ultra-courtes, les intervenants mis au service non seulement de la thèse politique (c'est déjà gênant), mais du gag (c'est carrément répréhensible).
Cet appareillage parviendrait presque à affaiblir le travail de Sabina Guzzanti, histrion mais aussi journaliste. Or, au centre de ce film, dont le titre est un calembour approximatif sur le nom de la ville dévastée et celui d'un célèbre comte roumain, on trouve une démonstration effrayante.