-
Après le cliffhanger d’Infinity War, on souffle un peu avec cette comédie ponctuée de scènes d’action originales.
Les sériephiles connaissent ça par cœur : après un épisode tendu se terminant par un cliffhanger, le suivant digresse, parlant totalement d’autre chose, tenant en haleine le spectateur jusqu’à celui d'après, qui, enfin, offre des explications. Ant-Man et la Guêpe, c’est exactement ça, transposé au cinéma : une parenthèse amusante et estivale, qui sort juste après le twist frappant d’Infinity War et qui ne fait le lien avec sa suite, Avengers 4, qu’à la toute fin de son histoire.
Depuis dix ans, les créateurs du Marvel Cinematic Universe ne cachent pas leur envie de construire leur saga comme une énorme série cinématographique à gros budget, proposant deux ou trois films par an et alternant entre "origin stories" (Iron Man, Doctor Strange, Captain Marvel à venir…), aventures en solo de personnages découverts en groupe (Spider-Man : Homecoming, Black Panther…) et réunions de super-héros (tous les Avengers et Captain America : Civil War). En dix ans, la franchise chapeautée par Kevin Feige est devenue une machine bien rodée et l’on retrouve aussi bien ses qualités que ses défauts dans Ant-Man et la Guêpe, qui apparaît d’emblée comme un épisode mineur. N’y voyez pas de jugement négatif, puisque le premier film, déjà réalisé par Peyton Reed et porté par Paul Rudd et Evangeline Lilly était déjà imaginé comme cela : une comédie aussi petite que son héros au sein de la franchise Marvel, mais présentant des personnages sympathiques à force de blagues et de missions du quotidien accomplies avec brio, le tout enrobé de jolies scènes d’action.
Dans cette suite, on retrouve donc Scott/Ant-Man avec un bracelet électronique, deux ans après son arrestation à la fin de Civil War. Il n’a pas le droit de sortir de chez lui sous peine d’être arrêté, et tente de divertir sa fille en inventant des jeux inspirés de son expérience de super-héros sans mettre le nez dehors. Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu : Hope/la Guêpe va le kidnapper plus ou moins contre son gré pour qu’il l’aide à retrouver sa mère, Janet, qui était la Guêpe originale et a disparu dans le Quantum Realm (monde quantique) trente ans auparavant. Ils croiseront sur leur route des adversaires ayant trop peu de consistance pour être convaincants (Walton Goggins en Sonny Burch, Hannah John-Kamen en Ghost) et pourront aussi compter sur des alliés attachants : Luis (Michael Pena) et ses copains ou Hank Pym (Michael Douglas, le papa de l'héroïne). Une fois ces bases installées, c’est parti pour deux heures de comédie d'action globalement bien pensée. Mention spéciale à la course poursuite survoltée dans les rues de San Francisco, qui, en plus de donner envie de visiter la ville (Reed filme son côté "carte postale" avec panache), déborde d'inventivité : les héros ne cessent de changer de taille pour échapper aux méchants et la Guêpe peut enfin piquer la vedette à son associé. Le tout entrecoupé de répliques qui font souvent mouche (Pena, véritable moulin à paroles, est notamment très drôle). La recette de Marvel fonctionne à nouveau, quitte à tomber parfois dans le cliché : le coup du costume cassé, on le connaît par cœur, et celui du méchant jetable aussi.
Ant-Man et la Guêpe est un divertissement efficace, porté par un casting rodé à la comédie, qui s’amuse visiblement beaucoup tout en respectant les codes de Marvel. Dommage que les réflexions sur le binôme/couple féminin-masculin du titre soient tout juste effleurées (la relation père-fille, bien que secondaire, est mieux traitée) et que le Quantum Realm soit si peu exploré. On sent bien que ce sera un élément important d’Avengers 4, mais c’est assez frustrant de sentir que l’équipe ne nous dévoile qu’une partie de son fonctionnement pour conserver le mystère jusqu'au blockbuster final. Qui plus est sans prendre aucun risque : visuellement, c'est un mélange des effets de kaléidoscopes de Doctor Strange et de l'univers coloré des Gardiens de la Galaxie Vol. 2. Au final, même si l’on se prend au jeu et que l’ensemble est rafraîchissant, on ne peut s’empêcher de penser à la suite, les cendres des Avengers restant dans un coin de notre tête pendant qu’on assiste à cet épisode sympathique à souhait, mais sans grand enjeu. Ah, et depuis quand le studio tease-t-il le plan final du film -celui de la deuxième scène post-générique- au cœur de la bande-annonce ? Alors oui, l’image est rigolote, mais c’est raté pour l’effet de surprise…