Première
par François Léger
Vu de loin, on croirait avoir affaire à une comédie adolescente bien débile et régressive, façon Beavis et Butt-Head. Ne pas se laisser tromper par le style visuel étrange d'Adam change lentement : le film d’animation du Canadien Joël Vaudreuil cache en fait une fable touchante (et pourtant souvent très drôle) sur le mal-être et les traumas des adolescents, notamment ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un corps - et un esprit - dans la norme. On y suit Adam, jeune homme de 15 ans trop grand, complexé, mou, gauche et bossu à l’extrême, dont le physique a l’étonnante particularité de se modifier en fonction des moqueries et des commentaires négatifs que ne se prive pas de lui lancer son entourage (la grand-mère est un sommet de méchanceté gratuite). Histoire d’essayer de redonner un peu de sens à la vie d’Adam, son père profite des grandes vacances pour lui trouver deux jobs d’été a priori plutôt sympathiques : garder une maison avec un chat-tronc (!) et s’occuper du gazon de la maison d’à côté. Mais pour Adam, rien n’est simple… À travers ce portrait pince-sans-rire d’un paria qui ne demande qu’à sortir de sa bulle, Vaudreuil questionne l’air de rien les mécaniques du harcèlement ordinaire en faisant dérailler les clichés de films de lycée. Un film dans la marge, loufoque et singulier, éloge de la bizarrerie célébrant autant les gueules cassées que les voisins chelous qui lancent les déjections de leur chien dans les arbres. Il n’y avait qu’un Canadien pour inventer ça.