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Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Théis vient de recevoir la Caméra d'Or à Cannes. Un prix bien mérité : le portrait d'une fêtarde déchaînée de 60 ans a secoué Première lors de sa projection le 15 mai dernier :Paris Hilton peut aller raccrocher sa mini, la Party Girl de cette année, celle qui va tout déchirer, c’est Angélique Litzenburger. Elle a 60 ans, une voix de gamine, des cheveux en pagaille, du maquillage pour quatre et elle entend toujours plaire et faire la fête till the end of the night. Depuis quarante ans, elle gagne sa vie en buvant du champagne avec des hommes dans un cabaret à la frontière allemande mais aujourd’hui, les clients ne se bousculent plus au portillon. Michel, son plus fidèle habitué, amoureux depuis belle lurette, lui propose de l’épouser. Et si elle essayait de se ranger ? Et si elle essayait d’être une mère « normale » pour ses quatre grands enfants, voire une grand mère ?Samuel Théis, l’un des trois co-réalisateurs et coscénaristes, raconte ici l’histoire de ce phénomène qu’est sa mère, jouée par « la vraie » Angélique, sans jamais la juger, sans mépris ni condescendance ni fausse tendresse amusée. Elle est généreuse et égoïste, libre et irresponsable, romantique et légère, elle a 60 ans et 15 ans tout à la fois. Il aurait pu en faire un documentaire (d’ailleurs, les enfants sont joués par les vrais enfants et le reste du cast est non professionnel – tous formidables) mais la puissance de feu romanesque d’Angélique est telle qu’il en a fait une fiction entre comédie romantique pas tout à fait rose et drame social jamais gris : le sublime portrait d’une vieille petite fille qui a décidé de ne pas être raisonnable.Quelques heures plus tard, nous rencontrions Angélique Litzenburger, l'héroïne du film, pour une interview forcément pleine de vie : "Je veux qu’on m’admire", s'exclamait-elle. C'est réussi !Ce film, c’est l’histoire de votre vie ?Oui. Je me suis mariée aussi sur le tard et je suis partie. J’ai toujours eu ça dans la tête : la fête.Vous travaillez toujours dans un cabaret ?Non parce qu’il faut boire. Et j’ai arrêté. Comme j’ai arrêté de fumer. Mais je continue de faire la fête ! Est-ce que c’était troublant de tourner un film sur votre vie avec vos vrais enfants devant la caméra de votre fils ?Pour être franche, je ne voulais pas faire ce film, je ne voulais pas dévoiler ma vie. Mais mon fils (Samuel Théis, co-réalisateur et co-scénariste du film avec Marie Amachoukeli et Claire Burger) m’a mise en confiance. Il m’a dit que ce serait peut-être quelque chose de bénéfique pour moi. C’était une façon aussi pour moi de récupérer mes enfants. A un moment donné, ils se sont éloignés. On est une famille soudée mais depuis qu’on a fait le film, on s’est tous beaucoup rapprochés. Ca vous avait déjà traversé l’esprit de faire l’actrice ?Oui. Quand je vois des actrices à la télé, je me dit souvent que j’aimerais bien être à leur place. C’est dur de tourner mais je serais partante pour recommencer ! Je ne veux pas que ça s’arrête comme ça. Jamais je n’aurais pensé aller à Cannes. Même dans mes rêves les plus fous. Je suis tellement contente de monter les marches avec mon fils ! Hier, j’ai vu Nicole Kidman, aujourd’hui, c’est mon tour ! Quand j’étais danseuse j’avais toujours peur d’aller sur la scène. Là, je ne sais pas ce qui m’attend ! Vous saviez que votre fils Samuel vous voyait comme un personnage de cinéma ?Je ne sais pas comment il me voyait. Mon fils a compris que j’aimais être dans la lumière. J’ai été trop longtemps dans l’ombre. J’ai sombré dans l’alcool. C’est lui qui a tout fait pour m’en sortir. C’est un beau cadeau qu’il m’a fait. J’ai toujours cru qu’on ne pouvait pas s’amuser sans boire. Mais c’est faux. Tout est dans la tête. Quand je buvais j’étais déchainée mais j’avais l’alcool mauvais, je devenais méchante. Avec Sam, on est très proches. Il aime la vie, comme moi. Je veux croquer dedans aussi longtemps que possible. Avec ce film, je veux aussi montrer aux femmes que même à partir d’un certain âge, les choses ne s’arrêtent pas. Moi, je ne me laisse jamais aller. Je suis toujours bien coiffée, bien maquillée, bien habillée. Je veux qu’on m’admire ! Il paraît qu’il fallait vous contenir parfois sur le tournage ?Oui, je suis parfois allée trop loin. Par exemple, la scène où un jeune client m’énerve car il me prend pour ce que je ne suis pas, une fille facile. Là, je suis allée trop loin. Faut pas me contrarier, moi ! Critique et interview de Stéphanie LamomeParty Girl sortira au cinéma le 3 septembre.