Tu mérites un amour
Les Films de La Bonne Mère

Hafsia Herzi convainc avec l’histoire d’une rupture dont elle tient aussi le rôle central avec une gourmandise contagieuse.

Une jeune femme peine à se remettre de l’infidélité de son petit ami. Pour son premier long métrage de cinéaste, Hafsia Herzi a choisi un sujet a priori usé jusqu’à la corde. Mais il faut toujours se méfier des apparences... Découverte à la Semaine de la critique, l’histoire se vit intensément au rythme des montagnes russes émotionnelles de son héroïne, incapable de faire le deuil de cet amant toxique et prête à tous les subterfuges, surtout les plus iconoclastes (faire appel à un marabout... ami de Carla Bruni !), pour que ce serial lover revienne. Entre rage, désespoir et éclats de rire salvateurs. Tu mérites un amourn’a aucune autre prétention que cette justesse-là des sentiments. Hafsia Herzi se montre à la hauteur de cette sacrée belle ambition. À la manière de son mentor Abdellatif Kechiche, elle laisse la vie – d’autant plus naturelle qu’elle y est recréée sans jamais rien laisser paraître – envahir l’écran. Elle fait la part belle à la tchatche et peuple son histoire de seconds rôles tous parfaits. Grande gueule extravertie (Djanis Bouzyani, une révélation) ou petite boule de sensibilité introvertie (Anthony Bajon), ils donnent à ce récit les couleurs de l’arc-en-ciel et ses ruptures de rythme qui le rendent si attachant. Mais elle a surtout eu la belle idée de s’offrir le rôle central de son film. Car sa réalisation ressemble à sa manière de jouer, à cette façon de ne jamais surgir où on l’attend avec une liberté qui rend le champ des possibles infini. Sa joie de jouer et de filmer traverse l’écran.

Tu mérites un amour, en salles le 11 septembre 2019.