L’un des sommets de la carrière d’Al Pacino est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Un personnage bel et bien réel
Le Franck Serpico que joue Al Pacino a vraiment existé. Ce policier de terrain new- yorkais grand pourfendeur de la corruption de ses pairs et par ricochet de plus en plus isolé au sein de son corps au point de vivre une véritable descente aux enfers, a même démissionné un an avant que Sidney Lumet ne commence ce tournage inspiré par sa vie. Mais avant d’être le héros d’un film, Serpico eut d’abord les honneurs d’un livre signé Peter Maas en 1973, que Pollack porte ici à l’écran quelques mois plus tard. Et pour préparer son rôle, celui qui l’incarne, Al Pacino, a passé énormément de temps avec lui avant le tournage. Franck Serpico aurait d’ailleurs adoré assister au tournage de ce film sur sa propre vie mais le producteur – et initiateur du projet- Martin Bregman se montra sans pitié et lui interdit le plateau par peur que sa présence ne provoque trop de distractions.
Un film prévu pour le duo Robert Redford- Paul Newman
Si Serpico marque la première très fructueuse collaboration entre Al Pacino et Sidney Lumet, l’un comme l’autre n’étaient pourtant pas envisagés lors de la mise en chantier du projet. Côté réalisation, John G Avildsen – qui cartonnera en 1976 avec Rocky – est le premier cinéaste envisagé pour le film mais des divergences de points de vue avec le producteur Martin Bregman lui ont valu d’être viré peu de temps avant le tournage. Et Sidney Lumet qui venait d’enchaîner l’impressionnant The Offence avec Sean Connery et Les Yeux de Satan avec James Mason accepta de reprendre le film au pied levé. Un film qui au départ devait réunir à l’écran une équipe qui gagne, le duo Robert Redford- Paul Newman, dans la foulée du succès de Butch Cassidy et le Kid. Redford devait jouer Serpico et Newman son ami avocat. Mais là encore, la vie du film en a décidé autrement. Et dans la foulée de L’Epouvantail de Jerry Schatzberg (Palme d’Or à Cannes en 1973), Al Pacino devint Serpico. Avec un petit côté « déjà vu ». Car avant que Francis Ford Coppola ne lui confie le rôle de Michael Corleone dans Le Parrain, ses producteurs avaient tenté de lui imposer… Redford sans succès !
Un film reconnu à sa juste valeur dès sa sortie
Avec près de 30 millions de dollars de recettes aux Etats- Unis, Serpico fut le 12ème plus gros succès du box-office américain cette année- là. Et il reçut deux nominations aux Oscars. Celle d’Al Pacino (sa première en premier rôle, un an après celle en second rôle pour Le Parrain) avec face à lui… Robert Redford pour L’Arnaque, Jack Nicholson pour La Dernière corvée, Marlon Brando pour Le Dernier tango à Paris et Jack Lemmon (Sauvez le tigre de… John G Avildsen, le réalisateur recalé de Serpico) qui triompha. Et celle des co- scénaristes Waldo Salt (Macadam cowboy) et Norman Wexler (futur auteur de La Fièvre du samedi soir) qui s’inclinèrent en meilleure adaptation face à William Peter Blatty pour L’Exorciste. Sidney Lumet, lui, ne fut pas nommé mais le succès du film lui permit d’obtenir le précieux final cut pour ses réalisations suivantes où il retrouva dès 1975 Al Pacino avec Un après- midi de chien. Quant à Serpico, il connut une nouvelle vie sur le petit écran, entre 1976 et 1977, avec une série composée d’un pilote et de 15 épisodes de 47 minutes. Mais sans Al Pacino, remplacé par David Birney.
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