Merci pour le chocolat : Jacques Dutronc, impérial chez Claude Chabrol [critique]
Carlotta Films

Ce thriller, également porté par la fidèle partenaire du crime du cinéaste, Isabelle Huppert, est à revoir sur France 5.

André Polonski, pianiste virtuose, et Mika Muller, PDG des chocolats Muller, se sont mariés à Lausanne. Auparavant, André a épousé Lisbeth dont il a eu un fils, Guillaume. Le jour de ses six ans, alors qu'ils étaient de passage en Suisse chez Mika, Lisbeth s'est tuée dans un accident de voiture.

La jeune Jeanne Pollet, qui prépare le concours de piano de Budapest, apprend qu'elle aurait été échangée le jour de sa naissance avec Guillaume. L'infirmière aurait interverti les bracelets des deux bébés.

A la recherche de ses origines et d'un mentor, l'ambitieuse débutante tente de s'approcher du maître. Cette intrusion va ébranler l'édifice familial.

En 2000, Claude Chabrol retrouvait Isabelle Huppert pour Merci pour le chocolat, une nouvelle histoire d'enquête égratignant la bourgeoisie. Si le film a moins marqué le public que leur classique La Cérémonie, il vaut tout de même le coup d'oeil, notamment pour la performance de Jacques Dutronc.

Chabrol-Huppert, les liaisons heureuses

Voici la critique de Première, partagée pour patienter jusqu'à sa rediffusion, ce soir sur France 5.

Dire de Claude Chabrol qu'il est le plus grand pourfendeur de la bourgeoisie est aussi redondant qu’ériger Isabelle Huppert en statue de Commandeur de notre cinéma national. C’est pourtant vrai et ce film joue habilement avec ces clichés pour dresser des trompe-l’œil. 

Merci pour le chocolat avec également un Jacques Dutronc impérial, semble, en effet, promettre quelque chose qui ne viendra peut-être pas, le crime restant ici plus une idée qu'une action. Le personnage campé par Isabelle Huppert use de la faiblesse supposée de ses proches (mari, enfant...), pour imposer sa folie dévastatrice. Tout a cependant les apparences de la normalité (aucune dissimulation à l'intérieur du cadre). Le pressentiment qu’un drame va surgir, qu’une partie d’échec est à l’œuvre, obligent cependant à rester sur nos gardes.

Nous, spectateur, scrutons donc les objets, le gens, refusons de se laisser happer par la musique... Nous croyons voir et entendre, mais il semble que le mal soit déjà fait. Et il faudra attendre l’ultime plan alors que le générique défile déjà sur l’écran, pour que l’héroïne, dans un geste d’une détresse abyssale, se dévoile enfin complétement. Merci pour le chocolat est un drame psychanalytique à réévaluer séance tenante.

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