Grand Prix de la Semaine de la Critique, ce premier long thaïlandais bien secoué autour d’un aspirateur hanté se révèle un grand et inattendu film politique.
On doit au Thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke le pitch le plus barré de de Cannes 2025, dont il est reparti avec le Grand Prix de la Semaine de la Critique. L’histoire de March, un homme brisé par la mort de sa femme Nat, victime de pollution à la poussière, qui découvre que l’esprit de celle- ci… s’est réincarné dans leur aspirateur ! Une situation de départ que le cinéaste va pousser jusqu’au bout en refusant la facilité de se limiter à un pur film- concept. Puisqu’à peine reconstitué, ce drôle de couple va se confronter à la famille de March, rétive à cette relation surnaturelle car elle- même hantée par un fantôme, apparu à la mort d’un ouvrier qui a causé la fermeture de leur usine. Et que, pour prouver son utilité, Nat entreprend de nettoyer cette usine et la libérer de ses âmes errantes.
Fantôme utile bascule alors de la comédie vers un film politique à travers la volonté de cette famille d’éradiquer le souvenir des ouvriers maltraités par leur soin. Cette fable à l’écriture ciselée et à la mise en scène élégante met son humour décapant au service d’un véritable pamphlet contre une société orwellienne dominée par la surveillance et la répression où la résistance de ceux qui ne veulent pas être effacés fait écho aux manifestations brutalement réprimées par le pouvoir thaïlandais en 1976 et en 2010. Et en parlant aussi bien de son pays, cet amoureux du cinéma onirique d’Iosselliani et de Ruiz signe un film totalement universel dont le final aussi macabre que libérateur célèbre la capacité de cette œuvre à résister à tout enfermement dans un genre particulier.
De Ratchapoom Boonbunchachoke. Avec Mai Davika Hoorne, Witsarut Himmarat, Apasiri Nitibhon... Durée 2h10. Sortie le 27 août 2025







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