Affiches Films à l'affiche semaine du 11 septembre 2024
Warner Bros/ Zinc/ The Joker Films

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
BEETLEJUICE BEETLEJUICE ★★★★☆

De Tim Burton

L’essentiel

Marrante et rythmée, la suite du petit classique de 1988 voit Tim Burton renouer avec sa malice et son mauvais esprit.

Depuis la fin de son âge d’or, au tournant du siècle, Tim Burton essaye désespérément de retrouver l’énergie et la fièvre de ses débuts. Et, miracle il s’est retrouvé ! On le redécouvre inventif, marrant, léger, heureux et détendu au milieu de ses monstres et de quelques-uns de ses acteurs fétiches. C’était donc ça, le secret : il suffisait de se confronter à Beetlejuice en en imaginant une suite, 34 ans plus tard.  Un Beetlejuice revivifié par Mercredi (les dialogues écrits par les deux showrunners de la série Netflix sont souvent drôles) et un Burton au sommet de son art auto-référentiel, avec un grand sourire aux lèvres et en tapant du pied car le film ne déçoit pas sur le plan des séquences musicales endiablées, ce qui n’est pas rien. Ce qui frappe aussi, enfin, c’est l’amour absolu porté ici aux comédiens, couvés tendrement du regard, filmés avec attention : Keaton, bien sûr, qui a l’air de débarquer directement de 1988, mais aussi Winona Ryder, très touchante en éternelle goth borderline, Jenna Ortega, digne héritière de Winona ou encore Monica Bellucci, nouvelle muse et amoureuse du réalisateur, très bien servie en épouse vengeresse et dévoreuse d’âmes

Frédéric Foubert

Lire la critique en intégralité

PREMIERE A BEAUCOUP AIME
IL ETAIT UNE FOIS L’AMERIQUE ★★★★☆

De Frederick Wiseman

Law and order, Hospital et Juvenile court. Trois documentaires tournés en 1969, 1970 et 1973, inédits jusque là dans les salles françaises et proposés dans des copies magnifiquement restaurées. Au cœur d’années de forte tension sociétale outre- Atlantique, Wiseman y raconte respectivement le quotidien de la police de la ville de Kansas City, du service des urgences d’un hôpital de Manhattan et d’un tribunal pour enfants dans le Tennessee. Trois œuvres magistrales, sans voix- off, qui impressionnent par la capacité du cinéaste à être toujours à bonne distance de ce, de ceux et de celles qu’il filme, à saisir des moments puissants, violents, poignants sans jamais placer le spectateur en position de voyeur. Wiseman n’est pas pour rien l’un des plus grands documentaristes mondiaux en activité !

Thierry Cheze

DAHOMEY ★★★★☆

De Mati Diop

La force du nouveau film de Mati Diop (Atlantique...), Ours d’or de la dernière Berlinale, tient à son sujet autour de la restitution par la France d’une poignée d’œuvres d’art béninois et au langage employé pour faire jaillir la réflexion suscitée par un tel évènement. Leurs âmes sont ici personnifiées par la voix spectrale et magique du lot 26, une imposante statue du roi Ghézo, neuvième roi du royaume du Dahomey (Bénin) dont la cinéaste filme le voyage depuis le musée du Quai Branly parisien jusqu’au Palais présidentiel de Cotonou. Cette voix hante les profondeurs d’un film qui charrie avec lui les fracas et les blessures de la colonisation de l’Afrique et le retour aux sources que les officiels se targuent d’être « historique » devient dès lors une épopée intime et philosophique.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

KILL ★★★★☆

De Nikhil Nagesh Bhat

Dans les wagons d'un train de nuit, il n'y a pas mille et une manières de casser des gueules, une fois qu'on met face à face deux copains membre d'un commando d'élite de la police et une trentaine de braqueurs prêts à tout pour dépouiller les passagers. De fait, la violence du film est assez hallucinante et Kill se place sans aucun souci comme le prétendant le plus efficace au titre de meilleur actioner de l'année. Mais quand on prend le temps de respirer entre deux coups de schlass, on apprécie le jeu de Raghav Juyal, épatant en méchant bandit au charme cruel et ravageur et on réalise aussi qu'il y a quelque chose à saisir sur l'affrontement autodestructeur que compose le film entre les représentants de la loi et les braqueurs prolétaires... Bien plus qu'un midnight movie caressant la foule dans le sens du poil, donc.

Sylvestre Picard

 

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

LE FIL ★★★☆☆

De Daniel Auteuil

Tout part pour Daniel Auteuil de la découverte d’un blog tenu par l’avocat Jean- Yves Moyart lequel il racontait sa relation aux accusés qu’il devait défendre souvent seul contre tous. Le Fil est l’adaptation d’une de ces histoires. Celle de Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, dont la certitude de son innocence fait sortir Jean Monier de sa « retraite » décidé après avoir fait innocenter à tort un meurtrier récidiviste. Le Fil se vit comme un suspense sur la culpabilité ou non de Milik, au fil de rebondissements savamment orchestrés. Oubliés La Fille du puisatier, Marius, Fanny… Auteuil signe ici son premier vrai film de réalisateur. Le premier où on sent à chaque plan une envie de cinéma. Le premier où la puissance de sa direction d’acteurs tous déments se déploie à ce point. Sa joie de jouer avec eux rejoint celle de les filmer. Car dans un rôle complexe et tortueux, l’acteur Auteuil réussit une fois encore à nous épater.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

LE PROCES DU CHIEN ★★★☆☆

De Laetitia Dosch

Actrice au jeu fantaisiste et à la filmographie variée, Laetitia Dosch s’est aussi illustrée dans un spectacle vivant (HATE) où elle partageait la scène avec un cheval. C’est donc en toute cohérence que son premier film comme réalisatrice explore de façon très personnelle et inspirée la condition animale. Le récit prend ainsi place à Lausanne, où l’avocate Avril (incarnée par Laetitia Dosch elle- même) est tellement habituée aux causes perdues qu’elle accepte la proposition faite par un client malvoyant de défendre lors d’un procès son chien, soupçonné d’avoir mordu une femme et d’être coupable de misogynie. La force de cette fable judiciaire en apparence décalée - mais pourtant inspirée d’un fait divers réel - tient au sérieux avec lequel le comportement social du chien est décortiqué tandis qu’une truculente galerie humaine donne à voir des individus traumatisés, incompris ou délaissés par la société. Une œuvre aussi attachante que déroutante.

Damien Leblanc

Lire la critique en intégralité

ANAÏS, 2 CHAPITRES ★★★☆☆

De Marion Gervais

Accroupie dans son champ, Anaïs soigne ses plantes avec soin sous l’œil bienveillant de Marion Gervais, la réalisatrice de ce documentaire. Cette jeune femme très loquace étrille sans discontinuer le système dans lequel elle évolue depuis qu’elle a finalement bel et bien décidé de s’établir comme herboriste. Dix ans plus tard — ce long-métrage étant une compilation de deux films, réalisés à une décennie d’intervalle —, Anaïs est devenue une paysanne établie. Sa nouvelle préoccupation est de faire venir en France son mari sénégalais, en dépit de lois sur l’immigration de plus en plus strictes, afin qu’ils puissent vivre ensemble à la ferme. Peu importe que ces deux films n’aient pas été pensés en diptyque ! La gouaille d’Anaïs et sa ferveur à mener bataille contre des ennemis bien plus grands tissent spontanément un lien entre eux.

Emma Poesy

Lire la critique en intégralité

LANGUE ETRANGERE ★★★☆☆

De Claire Burger

Fanny (Lilith Grasmug), lycéenne mal dans sa peau envoyée par ses parents chez une correspondante allemande qui, elle aussi, ne veut pas vraiment d’elle. À ses côtés, elle découvre une autre culture, détachée de tous les préjugés qui semblaient lui coller en France, une jeunesse en colère et politisée mais aussi le désir aussi, et la perte de contrôle. Car si on devine qu’elle cache une partie de son jeu et arrange la réalité à son avantage, la mise en scène de Claire Burger aborde plutôt le mensonge comme un espace de réinvention dans lequel on plie le réel à des projections idéalisées de soi, du monde. Le penchant politique du film et de la construction des jeunes filles agit comme une loupe grossissante de la réalité, contribuant à une fascination sociétale démesurée pour les groupuscules d’extrême gauche, éloignée et fictive, à l’image de cette « sœur » qu’elles recherchent en manifestation. Une chimère au carré donc… qui achève de faire du mensonge la véritable « langue étrangère » de ce film.

Nicolas Moreno

LE LEOPARD DES NEIGES ★★★☆☆

De Pema Tseden

Une équipe de journalistes chinois, un jeune moine et une famille de bergers se rassemblent au milieu des montagnes tibétaines enneigées. L’origine de cet attroupement singulier : un léopard des neiges qui s’est introduit dans un enclos pour dévorer neuf moutons. Alors que les autorités interdisent son exécution, les éleveurs cherchent à venger leur troupeau avant que l’animal ne fasse plus de dégât. Rapidement, les considérations éthiques, écologiques et même spirituelles se mêlent pour dépasser les barrières culturelles entre citadins et ruraux. Oscillant entre les longues séquences caméra épaule des journalistes et les scènes expérimentales du point de vue du léopard, le film s’élève bien au-delà de son minimalisme pour questionner le rapport profond entre les hommes et la nature. Au rythme du félin et des paysages qu’il habite, Le Léopard des neiges est un voyage poétique au cœur du Tibet.

Bastien Assié

L’EFFET BAHAMAS ★★★☆☆

De Hélène Crouzillat

Les chômeurs, c’est bien connu, profitent de leurs indemnisations pour partir sous les cocotiers. Dans le grand monde de l’assurance chômage, les professionnels appellent ça L’effet Bahamas et calculent très sérieusement le manque à gagner. La documentariste Hélène Crouzillat travaille depuis près de dix ans pour démêler les fils de cette idée reçue et surtout bien commode pour justifier les dettes abyssales liées à cette allocation. Ses Bahamas sont à Dunkerque, où tel un agent du FBI elle fixe sur un mur blanc les indices et les preuves. Elle démonte ainsi les rouages de cette machine. L’enjeu, on s’en doute, est de rendre digeste ce qui ne l’est à priori pas (chiffres, enjeux politiques, arbitrages financiers...) Aidés d’intervenants aux discours clairs, son film d’utilité public, est exemplaire.

Thomas Baurez

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE N’A PAS AIME

SILEX AND THE CITY- LE FILM ★☆☆☆☆

De Jul et Jean- Paul Guigue

Bande dessinée à succès devenue une série animée sur Arte, la création comique de Jul (Julien Berjeaut de son vrai nom) a désormais son adaptation au cinéma. Au concept de format court transposant dans un univers préhistorique des références contemporaines vient donc s’ajouter une narration plus ample où un aller-retour des personnages dans le futur va déclencher une vaste révolution dans le petit monde de la Préhistoire. Si l’inspiration est ici autant à chercher du côté de Retour vers le futur que des Monty Python, le souffle cinématographique fait défaut tant la lourdeur des dialogues et la multiplication des voix célèbres (entre Stéphane Bern, Léa Salamé ou… François Hollande) court-circuitent la tentative de réflexion sur nos sociétés modernes. Et ce n’est pas le soudain passage aux prises de vues réelles (lors d’un segment du film visant à mêler les esthétiques) qui sauve cette poussive adaptation.

Damien Leblanc

 

Et aussi

Cœurs perdus, programme de courts métrages

Tahiti, les jours du retour, de Benjamin Delattre

Reprises

Johnny got his gun, de Dalton Trumbo