Ce qu’il faut voir cette semaine.
L’ÉVENEMENT
JALOUSE ★★★☆☆
De Stéphane et David Foenkinos
L’essentiel
Karin Viard apporte son humanité tragicomique à un personnage de femme au bord de la crise de nerfs.
C’est quoi un “Karin Viard movie” ? Un film où l’héroïne est animée de violentes pulsions de vie et où le ton oscille en permanence entre rire et émotion. On pourrait ainsi qualifier Jalouse, le deuxième film des frères Foenkinos (David et Stéphane), dans lequel l’allègre actrice interprète Nathalie, prof en khâgne psychorigide qui élève sévèrement sa fille unique.
Christophe Narbonne
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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ
BORG/MCENROE ★★★☆☆
De Janus Metz Pedersen
Depuis le triomphe des Chariots de Feu au début des années 80, le biopic « deux en un » est presque devenu un sous-genre du film de sport. Un film, une compétition, deux athlètes rivaux, un double portrait en miroir à envisager comme les deux faces d’une même médaille. Récemment, le surexcitant Rush de Ron Howard racontait ainsi les destins entremêlés des pilotes de F1 James Hunt et Nikki Lauda, deux hommes aux tempéraments opposés mais réunis par le même goût de la vitesse et de l’excellence. Une sorte de Duellistes motorisé. Borg/McEnroe en est le dernier avatar en date, aussi tendu, sérieux et concentré que Rush était débridé, fun et léger.
Frédéric Foubert
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WE BLEW IT ★★★☆☆
De Jean-Baptiste Thoret
“We blew it”, c’est le Rosebud des sixties. Une réplique culte en forme d’énigme irrésolue. La phrase prononcée par Peter Fonda à la toute fin d’Easy Rider, qui aura servi d’épitaphe aux utopies des baby-boomers. En bon français : “On a tout foiré” – OK, mais quoi exactement ? Le critique et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret a passé une bonne partie de sa vie à essayer de répondre à la question, dans les nombreux livres, articles et conférences qu’il a consacrés au Nouvel Hollywood. Mais s’il est un prolongement de ces réflexions, son film We Blew It n’est pas pour autant un documentaire sur le cinéma. Non, c’est autre chose.
Frédéric Foubert
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PRENDRE LE LARGE ★★★☆☆
De Gaël Morel
En bon élève de Téchiné (qui le révéla comme acteur), Gaël Morel aime inscrire ses portraits de femme dans des environnements propices aux remises en question. Il plonge ainsi Sandrine Bonnaire dans un pays étranger (le Maroc) où son personnage d’ouvrière textile a décidé de s’installer après une délocalisation de son entreprise. Le film joue subtilement (mais sans surprises) sur les contrastes et sur la fuite en avant de cette femme, partie pour de mauvaises raisons de France. Sandrine Bonnaire y est formidable de colère rentrée et se révèle finalement plus dardennienne que téchinienne.
Christophe Narbonne
A NOUS DE JOUER ★★★☆☆
D’Antoine Fromental
Le réalisateur a posé sa caméra dans un collège de Clichy, en banlieue parisienne, où le proviseur a mis en place deux classes spéciales pour lutter contre l’échec scolaire. Dans la première, consacrée au rugby, les garçons expérimentent l’esprit de corps et le respect ; dans la seconde, dédiée au théâtre, les filles (et un peu les mecs) doivent gérer leurs émotions et leur écoute. Il y a, chez le principal Jean Macé, une volonté de contourner les règles éducatives jugées trop strictes et inadaptées aux besoins des élèves que le documentaire met en évidence. Comme toujours dans ce genre d’immersion, des personnalités émergent : la rebelle grande gueule, l’intello décalée, la brute sensible… Fromental les « starise » avec ses cadres composés tout en laissant affleurer l’authenticité pour un résultat proche du feel-good movie.
Christophe Narbonne
EN ATTENDANT LES HIRONDELLES ★★★☆☆
De Karim Moussaoui
Les portraits croisés d’un promoteur immobilier, d’un neurologue et d’une jeune femme sur le point de se marier. Un tableau de l’Algérie contemporaine en trois segments, trois destins, trois générations. La structure d’En attendant les hirondelles pourrait ressembler à un prétexte, mais le jeune cinéaste Karim Moussaoui parvient à transcender le constat sociologique attendu par une manière de faire “peser” chaque plan, chaque situation, de lester chaque image du poids de l’Histoire de son pays. En résulte une tension et une intensité constantes, même dans les moments les plus anodins – une scène de danse, une voiture qui avance dans la nuit. Moussaoui est un cinéaste à suivre.
Frédéric Foubert
DOCTEUR JACK ★★★☆☆
De Benoît Lange
Pour son premier long-métrage, Benoit Lange s’est intéressé de près à la vie du philanthrope Jack Preger. Après ses études de médecine, cet ancien fermier britannique décide de tout quitter, son pays et sa famille, pour s’installer en Inde, soigner les plus démunis et permettre la scolarisation pour tous les enfants. Nourri par des images fortes, qui révèlent la misère des indiens, et une bande-son immersive, ce documentaire met en lumière l’origine de la Street Medicine, un mouvement mondial reconnu, qui favorise les soins gratuits dans la rue.
Maxime Kasparian
IRRINTZINA, LE CRI DE LA GENERATION CLIMAT : UNE REVOLUTION CLIMATIQUE EST POSSIBLE ★★★☆☆
De Sandra Blondel et Pascal Hennequin
Oubliez l’image un peu ringarde des militants de la cause écologiste. Irrintzina, le cri de la génération climat nous montre un autre visage du militantisme vert. Le film documentaire de Sandra Blondel et Pascal Hennequin nous présente la construction du mouvement non-violent pour le climat, Alternatiba. Non-violent, mais qui prône la désobéissance. Tourné entre Bayonne et Paris, le film suit notamment les actions menées en 2015 en marge de la Cop21. Quelques semaines après les attentats de Paris, en plein état d’urgence, ces militants pacifiques et déterminés ont multiplié les rassemblements, pourtant interdits, pour tenter de faire passer leur message : la protection du climat est l’affaire de tous. Inspirant.
Christelle Devesa
LES SENTINELLES ★★★☆☆
De Pierre Pézerat
De nombreux scandales sanitaires liés à l’amiante et aux pesticides ont éclaté au cours des années 90. En réalisant Les Sentinelles, Pierre Pézerat part à la rencontre d’ouvriers et agriculteurs afin de dénoncer ces crimes, responsables de l’empoisonnement d’un bon nombre de travailleurs. A travers les témoignages et les images d’archives, il arrive à terminer le travail de son père, Henri Pézerat, directeur de recherche au CNRS décédé en 2009, qui fut le premier à découvrir le danger. Le réalisateur défend la santé au travail via un documentaire à la fois informatif et essentiel sur ces ouvriers qui veulent obtenir justice.
Maxime Kasparian
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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
LA MÉLODIE ★★☆☆☆
De Rachid Hami
Un violoniste au chômage trouve un job d’enseignant dans un collège “difficile”. Grâce à sa rencontre avec un jeune garçon passionné par le violon, le prof malgré lui va pouvoir espérer emmener toute la classe jouer à la Philharmonie de Paris… Sur le papier, La Mélodie a des allures de Panzer émotionnel à la formule chimique redoutable (Les Choristes + Entre les murs + Karaté Kid). Mais le réalisateur Rachid Hami a le bon goût de jouer la carte de la sobriété, aidé par un Kad Merad assez génial dans l’art de l’understatement (boule à zéro, démarche robotique, regard triste) et une troupe de jeunes acteurs idéalement castés. Dommage que la morale de la fable (la musique adoucit les mœurs) passe un peu au forceps.
Frédéric Foubert
PREMIERE N’A PAS AIME
TOUT NOUS SEPARE ★☆☆☆☆
De Thierry Klifa
En 1981, avec Le choix des armes, Alain Corneau signait un polar majeur doublé d’une tragédie shakespearienne, avec déjà Catherine Deneuve en haut de l’affiche. Thierry Klifa avait sans doute ce chef d’œuvre en tête lorsqu’il a entrepris de réaliser Tout nous sépare qui, comme son illustre aîné, joue sur plusieurs tableaux : le thriller, le drame passionnel et un fort arrière-plan
Christophe Narbonne
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A BEAUTIFUL DAY ★☆☆☆☆
De Lynne Ramsay
Joaquin Phoenix en american psycho (clin d’oeil Hitchcock), on demande d’abord à voir. L’acteur est ici imaginé en nettoyeur complètement marteau (son arme de prédilection), catogan, casquette, capuche (les trois ca, un de trop) et énorme barbe en dégradé vers le sel.
Léonard Haddad
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LA MONTAGNE ENTRE NOUS ★☆☆☆☆
D’Hany Abu- Assad
Lauréat du Golden Globe du meilleur film étranger 2006 avec le remarquable Paradise now, le palestinien Hany Abu- Assad signe son deuxième film américain, cinq ans après The specialist, thriller poussif avec Mickey Rourke, sorti directement en vidéo en France. Et ce continent ne lui réussit décidément guère. Pourtant, les premières minutes de cette adaptation du best- seller de Charles Martin laissent augurer du meilleur. Un film catastrophe spectaculaire où un petit avion biplace transportant un docteur et une reporter- photographe s’écrase en pleine montagne. Fausse alerte. Car après cette entame mouvementée et très efficace, le récit va tenir de l’encéphalogramme plat, à grands coups de rebondissements trop téléphonés pour susciter le moindre sursaut ou faire naître la moindre angoisse. Au bout d’une heure, on s’ennuie à périr. Mais le pire est à venir : une dernière ligne droite où le film d’aventures quelconque bascule dans une romance dégoulinante de bons sentiments. Une sortie de piste que tout le talent et l’alchimie du duo Idris Elba- Kate Winslet ne peuvent éviter.
Thierry Cheze
MARGARET ★☆☆☆☆
De Rebecca Daly
Après la mort de son fils adolescent, une femme divorcée rencontre une petite frappe de 17 ans, Joe, qu’elle accueille chez elle et avec qui elle va entamer une relation trouble… Tout en silences pesants et paraboles lourdes de sens (plans insistants sur l’héroïne faisant de l’apnée dans une piscine), Margaret est une caricature de film d’auteur au scénario cousu de fil blanc et aux intentions pachydermiques, dénué de tout mystère et de toute ambiguïté. Reste la cinégénie indiscutable de Barry Keoghan, meilleur ado flippant au regard torve du cinéma contemporain, également à l’affiche ces jours-ci de Mise à mort du cerf sacré, dans un rôle similaire.
Frédéric Foubert
Et aussi
The Foreigner de Martin Campbell
Derrière les fronts : Résistances et résiliences en Palestine d’Alexandra Dois
Patmos de Martin Ziegler
Touristes ? Oh yes ! de Jean-Pierre Mocky
Reprises
Wallace & Gromit : cœurs à modeler de Nick Park
Rêves en rose de Dusan Hanak
Charlot sur la route de Charles Chaplin
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