Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menendez
Netflix

Ryan Murphy poursuit son œuvre de portraitiste du Mal, avec cette nouvelle histoire vraie consacrée à deux frangins qui ont assassiné leurs parents. Sociopathes ou victimes ? Il vous laisse juge.

La justice a tranché depuis longtemps. Les frères Menendez ont été reconnus coupables du meurtre de leurs parents en 1996 et envoyé à l'ombre jusqu'à la fin de leurs jours. Une sentence tombée après 7 années d'une procédure sordide, que racontent Ryan Murphy et Ian Brennan dans la saison 2 de Monster.

L'anthologie "True Crime" revient sur Netflix pour ce portrait glaçant d'une famille pas vraiment comme les autres, menée d'une main de fer par José, émigré d'origine cubaine, qui n'a qu'un seul mot à la bouche : réussite ! Souhaitant voir ses deux fils exceller en tout, il gère sa luxueuse vie comme un tyran. A tel point que le richissime homme d'affaires et sa femme vont finir par être assassinés par leurs propres enfants, à bout de nerfs... Un double parricide qui va leur permettre d'hériter, au passage, de la fortune familiale. Alors ont-ils fait tout ça pour l'argent ? Ou pour se libérer de leur oppresseur ?

Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menendez
Netflix

Cette saison 2 de Monster est sur un fil en permanence. Qui est le monstre ? Qui est la victime ? Après une entrée en matière terrifiante, marquée par la scène particulièrement choquante du massacre des parents, Les frères Menendez livrent leur vérité. D'abord à un psy. Puis à leurs avocats. Puis au tribunal. Ils ont en fait été abusés, violés, pendant des années, par leur père et avec le consentement de leur mère. La série fait le récit de séquences insoutenables, ou l'indicible se transforme en argumentation de la défense pour justifier l'injustifiable. De révélations en témoignages, les auteurs sèment le doute et déroulent méticuleusement (9 épisodes, c'est trop) leur histoire tordue. Qui dit vrai ? Qui se cherche des circonstances atténuantes ? Le questionnement est intéressant mais tend à se dissoudre dans un récit difficilement soutenable, où la moindre émotion finit par se liquéfier totalement.

D'autant que Ryan Murphy n'hésite pas à en faire des caisses. La mise en scène de Lyle et Erik Menendez est très théâtrale, filmant les corps au plus près, assumant une forme de glamourisation de l'assassin, qui existait déjà dans Dahmer. À la différence près que Jeffrey Dahmer glaçait le spectateur d'un bout à l'autre. La fascination du tueur, entre effroi et magnétisme, fonctionnait parce qu'il était, sans le moindre doute, un "monstre". Cette fois, le vrai "monstre" semble être la victime, à savoir le père Menendez, incarné par un Javier Bardem plus horrible que jamais (oui, plus infâme encore que dans James Bond). Son personnage de paternel tyrannique est spectaculaire, certainement un peu trop. A l'image de la série.

Monster, saison 2, sur Netflix, en 9 épisodes, depuis le 19 septembre 2024.


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