70 départs de la salle … Le chef-d’œuvre mafieux n’avait pas encore gagné son statut culte.
C’est sans conteste l’un des films de mafia les plus emblématiques. En plus d’être l’œuvre-somme de son auteur. L'odyssée fleuve d’un jeunot qui se rêvait gangster avant de grimper les échelons puis retomber aussi vite qu’il est arrivé au sommet. Un film de gangsters aux allures de soap opera cynique et cru, porté par un flamboyant trio composé de Robert De Niro, Joe Pesci et Ray Liotta. En un titre : Les Affranchis.
Sorti dans les années 90, le long-métrage signé Martin Scorsese n’avait pas glané son statut de chef-d’œuvre dès le départ... Loin de là. Pour Entertainment Weekly, et à l'occasion de la promotion de son nouveau film, The Irishman, le réalisateur chevronné est revenu sur l’expérience douloureuse des projections test des Affranchis, dont à l’époque 70 personnes avaient quitté la salle et également de l’aura sulfureuse qui entourait le film : "C’était une réaction de colère. Cela devenait très difficile, il y a eu une friction constante jusqu’à quelques semaines avant sa sortie officielle. Les Affranchis terrifiait aussi la Warner Bros."
Martin Scorsese défend sa décision concernant NetflixLa violence était majoritairement ce qui posait problème à l’auditoire comme l’explique Scorsese par la suite : "Nous avions remarqué que lorsque Joe [Pesci, ndlr] prend le couteau les gens commençait à rire, ils étaient aussi outrés. Lorsqu’il poignarde Billy Batts dans le coffre, après les deux premiers coups, les spectateurs ont commencé à quitter la salle. Et lorsqu’il a porté le troisième coup, encore plus de gens sont partis. J’ai alors lancé à ma monteuse : ‘Combien il reste de coups ?’ Elle m’a répondu : ‘Sept’. Okay, nous n’avons pas besoin qu’ils s’en aillent si tôt dans le film. On voit le couteau, on a pigé." Au final, le cinéaste gardera ‘seulement’ quatre coups de couteau dans le montage final.
Une autre scène, également mémorable pour le coup, a failli être purement et simplement retirée du film. Il s’agit de la scène tragicomique entre le bande de malfrats et la mère de l’un d’eux, incarnée à l’écran par la véritable mère de Scorsese en personne, Catherine, durant laquelle ils partagent un bon repas. Le réalisateur détaille : "Ils [les décideurs de la Warner, ndlr] disaient que c’était beaucoup trop long, que cela devait disparaître. Puis ils ont lu dans les retours sur les projections test que les gens avaient détesté le film mais que la seule scène qu’ils avaient aimé était celle avec ma mère. Du coup, on a pu garder ça. »
Aujourd’hui, Les Affranchis est considéré comme un classique du cinéma américain, dépassant le cadre du film de mafieux, et comme le chef-d’œuvre ultime de son auteur. Martin Scorsese, lui, conclut dans le média américain en ces termes : "Pendant des années, les projections test étaient très utiles. Je ne sais pas si c’est encore le cas aujourd’hui, du moins pour moi." Marty est décidément un ‘funny guy’.
Martin Scorsese continue sa croisade contre le cinéma de divertissement
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