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MMXX soit 2020, année zéro du Covid. Le roumain Cristi Puiu (La Mort de Dante Lazarescu, Aurora…), nous sort donc son film « masqué » avec son approche tout à fait personnel du distanciel cinématographique. Et de fait, le cinéaste n’a pas attendu l’obligation du confinement pour retenir ses ouailles dans les limites serrées de son cadre. Ainsi dans Sierranevada (2016), un petit meublé de Bucarest, un jour de fête, limitait les mouvements (mais pas la parole) d’une famille nombreuse. Idem dans le dantesque Malmkrog (2020) où cette un fois, un manoir au fin fond de la Transylvanie devenait le théâtre de joutes philosophiques éprouvantes mais fascinantes. « Pas besoin de grands décors pour témoigner de la vérité d'un personnage. Celle-ci s'inscrit dans la fluidité ou les hésitations de ses gestes ! », dit Puiu. Dont re-acte ici avec ce MMXX, divisé en quatre chapitres, à priori distincts dramatiquement, si ce n’est la redondance d’un personnage assurant un semblant de lien. C’est d’abord une psy qui reçoit une patiente imbue d’elle-même, puis une jeune femme – entourée de deux gros cons - essayant péniblement d’avoir des nouvelles d’une amie admise à la hâte dans une maternité. On enchaîne avec deux infirmiers qui évoquent une mafia albanaise. Ladite mafia dont on verra l’extrême brutalité dans une dernière partie plus aérée. A chaque fois, la mise en scène, à la précision démoniaque, rend compte d’une inquiétude. Autant de palabres ne font pas pour autant une épopée, fût- elle immobile. Cristi Puiu cinéaste philosophe, prend une nouvelle fois les habits de l’entomologiste d’une espèce humaine menacée et pas franchement glorieuse.