Nicolas Cage interview Première
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"J'ai eu cette idée un peu bizarre de recommencer une carrière sous un autre nom. Un peu à la Andy Kaufman. Mais jamais je n’ai songé à arrêter de jouer. J’aime trop raconter des histoires. Je ne peux pas m’en passer ! J’ai besoin de ça."

Sorti ce mercredi au cinéma, Un talent en or massif permet à Nicolas Cage de jouer avec sa carrière et avec l'image qu'il peut avoir auprès du public. Multipliant les rôles "fous" au cours de sa carrière, la star de Volte/Face a connu un grand succès dans les années 1990 avant de tourner dans des films moins marquants, voire des DTV oubliables. Cette oeuvre "méta" lui offre l'opportunité, à 58 ans, de faire le point, et de remettre au coeur du débat ce qui l'intéresse le plus : sa passion du cinéma. 

Dans le n°528 de Première (avec Oscar Isaac en couverture), il revient justement sur le fait de jouer Nic Cage dans une fiction, sur certaines scènes de sa filmo qui sont devenues des "mèmes", sur ses sources d'inspiration ou sur ses meilleurs souvenirs de tournage. Nous partageons ci-dessous le début de cette interview captivante à retrouver en entier dans les kiosques, ou sur notre boutique en ligne.

Nicolas Cage rêve de travailler avec Chris Nolan, Ari Aster, Robert Eggers et Spike Lee

PREMIÈRE : Comment va Nicolas Cage?
NICOLAS CAGE : Le personnage à l’écran ? Pas terrible. Mais moi, très bien. Le Nicolas Cage vu par Tom Gormican est une version stylisée de moi-même. Personnellement, je n’ai aucun problème avec mon fils et j’ai toujours fait passer ma famille avant mon travail! D’ailleurs, quand Tom m’a proposé le film, je lui ai dit que ça ne collerait pas. Son Nicolas Cage était trop éloigné de ce que je suis. Mais il m’a répondu qu’il avait besoin d’une structure narrative où le personnage évolue, grandit. Cette dimension fictionnelle et fantasmatique, j’ai fini par l’accepter…

Donc tout roule pour le véritable Nicolas Cage ?
Je vais avoir un enfant et j’ai fait récemment quelques films dont je n’ai pas à rougir. Pig, Bad Lieutenant, Joe ou Mandy ont été des moments importants de ma carrière. Depuis une vingtaine d’années, l’industrie a totalement changé, et par la force des choses je suis passé… non, je suis revenu à des films à plus petits budgets. Mais d’un point de vue créatif, c’est beaucoup plus satisfaisant. Je suis plus libre qu’avant. C’est là, dans le cinéma indé, que j’ai commencé et c’est un chemin qui me convient mieux. Il y a moins de pression que lorsque je faisais des films à 120 millions de dollars, qui avaient fini par m’épuiser.

Dans le film, Nicolas Cage envisage d’arrêter de jouer. Vous y avez pensé ?
À un moment donné, j’étais plus impliqué dans mon travail pour l’ONU et Amnesty International que dans le cinéma… Mais c’est de notoriété publique : j’ai eu des problèmes de fric. Il a fallu que j’enchaîne les contrats pour éponger mes dettes. Au bout d’un certain temps, c’est devenu envahissant. Je ne travaillais plus pour les bonnes raisons et j’en avais marre. Marre de moi, marre d’être Nicolas Cage – j’avais même eu cette idée un peu bizarre de recommencer une carrière sous un autre nom. Un peu à la Andy Kaufman. Mais jamais je n’ai songé à arrêter de jouer. J’aime trop raconter des histoires. Je ne peux pas m’en passer ! J’ai besoin de ça. À un niveau holistique, c’est même crucial. Je suis un homme meilleur quand je joue. J’ai besoin d’avoir un terrain pour m’exprimer, un endroit où mes démons peuvent trouver une expression plus… constructive.

Avec Un talent en or massif, vous jouez pour la première fois avec votre image publique et vos performances. Depuis quelques années, on a l’impression que la première a progressivement phagocyté les secondes.
En tout cas, c’est devenu compliqué. Tu rentres dans un bar avec des amis, tu bois un coup, tu décompresses et le lendemain au réveil, tu te retrouves sur internet. Des vidéos de toi en train de hurler font le buzz. Et c’est un déchaînement… Ça a été dur à vivre.

Parce que ça entretient une fausse image de vous?
Parce que c’est juste désagréable. Et oui : les gens pensent que j’ai une vie de barjo, alors que c’est faux. Je vis à Las Vegas, très loin des excès qu’on veut bien me prêter


Nicolas Cage explique qu'il a enchainé les DTV pour payer ses dettes