films 2020 en 2021
Rectangle Productions, MGM, Regular Production, Paramount, Warner

Fermeture des salles oblige, de nombreux longs métrages attendus l'an dernier dans les cinémas ont été reportés à cette année, en espérant de meilleurs auspices.

On ne sait pas encore quand rouvriront les salles en France. Certainement pas en janvier. Peut-être en février. Dans tous les cas, on espère que l'année 2021 sera plus propice aux projections et au cinéma en général. Car après des mois de fermeture, de nombreux films censés sortir en 2020 ont été repoussés de quelques semaines, quelques mois, et puis carrément d'une année, pour tenter une sortie en 2021, quand cela sera possible. Voici une petite sélection (par ordre alphabétique) des films qu'on souhaite désespérément enfin pouvoir découvrir cette année.

Stranger Things, Dexter, Succession... 21 nouvelles saisons très attendues en 2021


Aline de Valérie Lemercier

Valérie Lemercier invente avec ce « vrai- faux » portrait de Céline Dion une sorte de biopic mutant où se mêlent hagiographie assumée, pastiche postmoderne et lettre de fan énamourée. Le tout en se concentrant sur son histoire d’amour avec « son » René (ici rebaptisé Guy-Claude) et en tenant aussi le rôle-titre. Là où on attendait de l’ironie, c’est la tendresse qui s’impose, au premier degré, dans une absence de cynisme au départ déroutante puis de plus en plus attachante. Avec, cerises sur ce déjà succulent gâteau, une bande d’acteurs canadiens tous plus exceptionnels les uns que les autres dans les rôles secondaires.



Bac Nord de Cédric Jimenez

Au départ, il y a une histoire vraie, ultra-médiatisée et non encore totalement jugée remontant à 2012 : 18 membres de la BAC de Marseille déferrés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et rackets. Natif de cette ville, le réalisateur de La French s’empare de ce fait divers en faisant rimer sociétal et spectaculaire. Il raconte un système qui broie implacablement des individus tout en mettant en scène des moments d’action qui vous scotchent à votre fauteuil. Et ce avec l’aide d’un trio complémentaire, se donnant à corps et à cœur perdus dans ces personnages « bigger than life » : Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou.



Benedetta de Paul Verhoeven

Habitué des sujets sulfureux, le réalisateur de Basic Instinct s’intéresse ici au destin hors norme de Benedetta Carlini, une nonne du 17e siècle jugée pour homosexualité. D’abord repoussée pour des soucis de santé de son réalisateur puis par cette satanée COVID, sa sortie pourrait coïncider avec les dates du prochain festival de Cannes où l’on devrait donc pouvoir admirer dans le rôle- titre la composition de Virginie Efira que Verhoeven avait dirigée dans Elle, qui avait déjà eu les honneurs de la Croisette.

GALERIE
Guy Ferrandis


Black Widow de Cate Shortland

Décédée en 2019 dans Avengers : Endgame, Natasha Romanoff sera pourtant de retour. Un film Marvel qui se déroule donc dans le passé trouble de l’espionne russe, entre les événements de Captain America : Civil War et Avengers: Infinity War. Scarlett Johansson remettra une dernière fois le costume de la super-héroïne, alors en cavale et confrontée à Taskmaster, capable de reproduire les mouvements de ses adversaires… La
Veuve Noire est morte, vive la Veuve Noire.



5ème set de Quentin Reynaud

Tel un sportif qui remet son titre en jeu avec panache, Alex Lutz, Césarisé pour Guy, revient avec un rôle dans lequel on ne l’aurait pas spontanément imaginé. Un champion de tennis qui ne s’est jamais remis d’un match décisif perdu tout jeune et a du mal à raccrocher à 37 ans, alors que la victoire lui tend à nouveau les bras. 5ème set est un film passionnant sur ces carrières si courtes des grands sportifs et leur rapport à leur entourage. Et le comédien y
réussit une double performance - physique et émotionnelle - au service d’un réalisateur, joueur de tennis lui- même, au fait de son sujet.



Les Deux Alfred de Bruno Podalydès

Les dommages collatéraux de l’ubérisation grandissante du monde contemporain inspirent décidément le cinéma français. Après l’Effacer l’historique, Bruno Podalydès met sa fantaisie ludique et poétique au service des 2 Alfred, dont le héros (Denis Podalydès), chômeur déclassé, a deux mois pour prouver à sa femme qu’il peut tout à la fois s’occuper de leurs enfants et être autonome financièrement… en décrochant un job dans une start- up qui refuse
à ses employés le droit d’être parents ! Un irrésistible voyage en absurdie.



Le Diable n'existe pas de Mohammad Rasoulof

Vivant en liberté très surveillée en Iran où les autorités l’empêchent de quitter le pays et de travailler, Mohammad Rasoulof a fait fi de cette interdiction pour proposer cette réflexion en quatre temps (il a divisé son récit en courts métrages afin de tromper la vigilance de la censure) sur la peine de mort. Outre la beauté, la précision et la majesté de la mise en scène, l’Ours d’Or de la Berlinale 2020 dépasse son sujet pour s’interroger sur la responsabilité de
nos actes.



Le Discours de Laurent Tirard

Après une salve de projets aux moyens imposants, Laurent Tirard revient en mode unplugged en adaptant le livre de Fab Caro dont l’action se situe essentiellement dans la tête de son héros attablé à un dîner de famille, dans l’attente d’un SMS de sa copine qui a voulu faire une pause et dans l’angoisse de ce qui vient de lui demander le compagnon de sa sœur : faire un discours à leur mariage. Sur ce point de départ, Tirard tisse une variation génialement ludique  autour de ces petites habitudes de la vie qui nous horripilent jusqu’au jour où on en devient nostalgique. Et ce tour de magie doit beaucoup à Benjamin Lavernhe, génie de la comédie capable de ruptures insensés avec un naturel qui lui donne toujours un coup d’avance.



Dune de Denis Villeneuve

De tous les reports de films pour cause de Covid-19, Dune se classe dans la catégorie haute. On n'est pas à un an près : les accros à l'oeuvre SF colossale de Frank Herbert attendent depuis toujours une version à la hauteur de leurs fantasmes. Denis Villeneuve a tous les atouts en main pour réussir. Casting de fou furieux, budget à la hauteur, liberté créatrice affolante... Et un hubris suffisant pour vaincre une œuvre qui n'a jamais su se laisser adapter ?



The French dispatch de Wes Anderson

Le Wes Anderson cinematic universe a pris cette fois- ci ses quartiers à Angoulême, figurant une ville française fictive du siècle dernier où est publié l’ultime numéro d’un magazine américain regorgeant d’histoires qui vont prendre vie sous nos yeux. Le plus francophile des réalisateurs américains a fait appel à son fidèle chef op’ Robert Yeoman pour créer une imagerie mêlant couleur et noir et blanc dans lequel déambule comme à sa belle habitude un casting renversant où Benicio Del Toro, Tilda Swinton, Frances Mc Dormand, Bill Murray et Timothée Chalamet côtoieront notamment Léa Seydoux, Lyna Khoudri, Mathieu Amalric et Cécile de France.



Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

Quand tant de films choisissent de n’aborder les cités et les banlieues que sous le seul angle politico- sociétal, ce premier long ose le mariage entre réalisme et onirisme, faisant ainsi la part belle à l’imaginaire des habitants qui y vivent. A commencer par leur jeune héros qui se refuse à quitter la Cité Gagarine d’Ivry- sur- Seine pourtant sur le point d’être détruite. Une cité qu’il appréhende comme un vaisseau spatial qu’il aménagerait avant un ultime décollage !



Ibrahim de Samir Guesmi

Valois du meilleur film mais aussi de la mise en scène, du scénario et de la musique, Ibrahim a triomphé lors du festival d’Angoulême 2020. Un coup de projecteur forcément bienvenu pour la toute première réalisation d’un comédien aussi épatant qu’attachant, Samir Guesmi, qui en tient aussi l’un des deux rôles principaux. Celui d’un père seul dépassé par le mauvais coton que file son fils unique – un brave gamin victime de ses mauvaises fréquentations – sur la voie de la délinquance.



Kaamelott d’Alexandre Astier

Espéré au cinéma en novembre dernier, Kaamelott – premier volet aurait donc dû sortir onze ans après la fin de la série sur M6 – le livre VI ayant été diffusé à la télé en 2009. Finalement, ce sera douze ans. Un délai extra-large dû, au-delà de la crise sanitaire, à la désormais proverbiale exigence d’Alexandre Astier, qui a su se payer le luxe rare, au sein de l’entertainment hexagonal, de faire les choses comme il l’entend, à rebours des conventions industrielles et des frilosités marketing. Son intrigue reste en grande partie top secrète mais les promesses sont énormes, et le fan-club, plus au taquet que jamais.



The King's man : Première mission de Matthew Vaughn

À l’heure où l’on pensait le cinéma d’aventures mort et enterré, Matthew Vaughn reprend le flambeau avec ce préquel de sa saga, qui remonte le temps pour situer l’action à l’aube de la Première Guerre mondiale. En toile de fond, un complot mondial et la naissance du premier réseau d’espionnage indépendant. Un « film d’aventures épique » et « exaltant », comme le décrit son réalisateur, avec un casting classieux et majoritairement british (Ralph Fiennes,
Gemma Arterton, Rhys Ifans, Tom Hollander et le jeune Harris Dickinson).



La Nuée de Just Philippot

Pour sauver sa ferme, une mère célibataire agricultrice se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles, avec lesquelles elle va développer un étrange lien obsessionnel. Ce premier long aux influences de David Cronenberg aussi parfaitement digérées qu’assumées remet le cinéma de genre made in France au plus haut, dans un élan parfaitement orchestré d’élégance et d’efficacité.



L'Origine du monde de Laurent Lafitte

Le pitch le plus secoué et politiquement incorrect de 2021 ? Un homme dont le cœur a cessé de battre et pourtant toujours en vie va devoir, pour que son palpitant reparte, prendre une photo du sexe de sa mère… à qui n’a pas parlé depuis dix ans ! Pour son premier long métrage, Laurent Lafitte adapte la pièce éponyme de Sébastien Thierry en maniant l’humour hautement inflammable avec une maestria renversante



Mourir peut attendre de Carey Fukunaga

Les adieux de Daniel Craig en 007… se seront fait attendre. Prévus pour le printemps 2020 puis l’automne 2020, ils devraient enfin avoir lieu au printemps 2021 à condition évidemment qu’une plateforme n’ait pas dégainé un immense chèque d’ici là. Le 25 ème Bond le mettra en scène en tout jeune retraité reprenant du service pour sauver un scientifique tout juste kidnappé, à la demande d’un de ses vieux amis membre de la CIA. Et c’est à Rami Malek qu’a échu le rôle toujours très prisé du méchant de l’histoire.



Le Peuple loup de Tomm Moore

Et si l’héritier d’Hayao Miyazaki était irlandais ? Avec cette légende écolo et féministe où une jeune fille désobéit aux ordres de son père pour explorer la nature qui l’entoure, le réalisateur du déjà magnifique Brendan et le secret de Kells signe un conte moderne et puissant, à la portée des petits comme des grands, où il déploie un univers visuel très élaboré : palette des couleurs, minutie des détails, sens du mouvement… L’animation traditionnelle à la main à son plus haut niveau !



Top Gun Maverick de Joseph Kosinski

Maverick n'a pas changé, ou presque. Avec 35 ans de plus, on retrouvera le légendaire pilote de chasse de l'US Navy, plus insoumis que jamais, refusant de monter en grade pour ne pas arrêter de voler et se retrouvant instructeur pour des pilotes en herbe. Après une décennie de développement, et malgré la mort tragique de Tony Scott entre-temps, le film s’est concrétisé sous la houlette de Joseph Kosinski - qui connaît bien Tom Cruise pour l'avoir dirigé dans Oblivion. Même Val Kilmer sera de retour !



Un triomphe de Emmanuel Courcol

Ce récit est inspiré d’une histoire vraie venue de Suède. Celle d’un acteur en galère qui vient animer un atelier théâtre dans une prison pour boucler ses fins du mois avant d’avoir une double révélation : le talent de ceux qu’il dirige et son plaisir à mettre en scène pour la première fois. Ce qui le pousse à monter En attendant Godot hors les murs malgré une hiérarchie pénitentiaire réticente… Un triomphe parvient à se jouer du récit cousu de fil blanc qu’il laisse faussement entrevoir et Kad Merad y livre une composition remarquable, ne ratant pas sa rencontre avec l’un de ses plus beaux rôles avec le Paul Tellier de Je vais bien ne t’en fais pas et le Philippe Rickwaert de Baron noir.