Le film de Mehmet Ada Öztekin est un peu l’inexplicable sensation de la plateforme.
À date, 7. Koğuştaki Mucize est toujours le film numéro 1 de Netflix France, devant Baby Boss et La Plateforme. Un phénomène incroyable que l’algorithme netflixien n’avait sans doute pas anticipé. Force est de constater qu’après l’avoir vu, on ne comprend pas bien cet engouement. Le critique serait-il cet animal à sang froid coupé du grand public (ce qu’on lui reproche souvent) ? « Si tu ne pleures pas devant 7. Koğuştaki Mucize, on ne peut plus rien pour toi » avait pourtant prévenu Netflix France dans un tweet teasant la mise en ligne à venir du film. Le bouche-à-oreille (plutôt l’emballement des réseaux) a ensuite fait son œuvre.
Memo est un simple d’esprit, père d’Ova, une fillette qu’il élève seul avec l’aide de sa grand-mère. Un jour, il assiste à la mort accidentelle d’une camarade de classe d’Ova. Présent au mauvais moment, il est aussitôt accusé du meurtre de la petite défunte, fille d’un lieutenant-colonel qui crie vengeance. Enfermé en prison, il est tabassé et privé de la visite de sa fille. Commence alors un long combat pour sa libération de la part de sa grand-mère et de ses codétenus, convaincus de son irresponsabilité, sinon de son innocence... Mis en scène comme un mauvais téléfilm, avec force ralentis et musique envahissante, 7. Koğuştaki Mucize nous gratifie de plans violents gratuits, de regards perdus dans le vide et de répliques lénifiantes (« ton père a le même âge que toi », explique l’arrière-grand-mère à sa petite-fille qui s’interroge sur la “particularité” de Memo). Un mélo dégoulinant de bons sentiments, qui ne fait aucune place à l’ambiguïté. D’abord belliqueux, les codétenus et le personnel de la prison tombent vite sous le charme de Memo, rieur sous les coups et prompt à pardonner à ses oppresseurs. Acclamée, la prestation d’Aras Bulut İynemliest pourtant assez embarrassante, entre singerie et poésie forcée dignes du jeu de Samuel Dupuy dans l’inénarrable T’aime de Patrick Sébastien. Et que dire du twist final, aussi crédible que la mort de Marion Cotillard dans TDKR ? Non, décidément, rien à retenir de bon de 7. Koğuştaki Mucize, critique par ailleurs assez consensuelle du strict régime turc.
7.Koğuştaki Mucize, disponible sur Netflix.
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