Les Vérités de Jennifer, qui relate un fait divers canadien vieux de quatorze ans, est au coeur d’une polémique très actuelle.
Sur Netflix, les true crimes ont toujours fait beaucoup parler. Making a Murderer, Tiger King ou encore Les Femmes et l’assassin ont tous fait sensation sur la plateforme de streaming américaine. Aujourd’hui, c’est au tour des Vérités de Jennifer (What Jennifer did en VO) de provoquer le buzz… mais pas pour les bonnes raisons.
Réalisé par Jenny Popplewell, à qui l’on doit aussi L’Affaire Watts : chronique d’une tuerie familiale, ce documentaire est diffusé à partir du 10 avril sur Netflix. Les vérités qu’il raconte, ce sont celles de Jennifer Pan qui, en novembre 2010, contacte le 911 pour prévenir qu’un agresseur vient de tirer sur ses parents. Au gré des rebondissements de l’histoire, le mystère s’épaissit autour de Jennifer elle-même, qui devient le centre de toute l’affaire.
Comme tout bon documentaire, le film puise dans les archives de la famille Pan, et dans les différents témoignages de leurs proches pour faire le portrait de l’énigmatique jeune fille. L’un d’eux, qui advient aux alentours de la minute 28, la décrit comme "pétillante, heureuse, confiante et très sincère". Il est accompagné d’une série de photos montrant effectivement une jeune fille radieuse et d’apparence équilibrée. Pourtant, à y regarder de plus près, il n’y a pas que le comportement de la jeune fille qui paraît suspect, mais bien certains des clichés utilisés pour illustrer ces propos.
Des incohérences repérées par le site Futurism suggèrent que ces images ont été générées par une IA. Dentition mal définies, paire d’oreilles non-alignée, doigts tordus, nez sans narines, arrière-plan discordant… Les preuves sont accablantes. Le true crime étant un sous-genre du documentaire, censé reposer sur des faits concrets et vérifiés, on s’interroge sur la portée éthique de ce film, qui manipule le spectateur pour lui faire croire que ces images sont de véritables photos. Pire, le générique ne mentionne aucunement l’utilisation d’une IA. Le mépris montré au sens moral du genre aurait peut-être été relativisé.
Sur X (l’ancien Twitter), les réactions des internautes sont sans appel et condamnent fermement cette entorse à la déontologie. “Quand il commence à mélanger de l’IA dans des histoires non-fictionnelles, nous devons commencer à demander que des lois soient votées, c’est insensé,” peut-on lire. Ou encore : “Ok, ils ont officiellement dépassé les bornes. Des mesures doivent être prises”.
Ok, this has officially crossed the line.
— The Moonlight Warrior 🌙 (@BlackMajikMan90) April 18, 2024
Some sort of action needs to be taken.
ok when they start mixing AI into nonfiction stories we need to start asking for more laws to be made, this is insane
— a girl with no face ⚡️ (@Stop_Hammerzeit) April 18, 2024
Pour l’instant, Netflix n’a pas réagi à cette polémique. Les Vérités de Jennifer est actuellement disponible dans le catalogue de la plateforme.
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