Les scènes de fin de Brad Pitt/Edward Norton et Nicolas Cage n'ont plus rien à voir avec celles des films originaux de David Fincher et Andrew Niccol.
Attention, spoilers : l'article qui suit détaille les scènes de fin de Fight Club (David Fincher, 1999) et de Lord of War (Andrew Niccol, 2006).
"La première règle du Fight Club est : il ne faut pas parler du Fight Club." En revanche, rien n'empêche de couper son plan final pour le remplacer par un carton expliquant que "la police a arrêté tous les criminels, réussissant ainsi à empêcher la bombe d'exploser. Après le procès, Tyler a été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour y recevoir un traitement. Il a été libéré en 2012." Vice relaie ainsi la découverte de plusieurs spectateurs chinois, stupéfaits en revoyant le film sur le service de streaming Tencent Video de constater que le sort de Tylor Durden (Edward Norton/Brad Pitt) n'avait plus rien à voir avec ce qui avait été diffusé en 1999.
David Fincher termine normalement son film par une énorme explosion. Après s'être débarrassé de sa double personnalité en se tirant une balle dans le visage, le narrateur assiste à l'attentat qu'il avait en fait lui même commandité avec sa petite amie Marla (Helena Bonham Carter) : des immeubles s'écroulent sur l'air de "Where is my Mind", des Pixies. Un twist accompagné d'un message anticapitaliste, puisque le spectateur comprend que le plan anarchiste du "héros" a fonctionné et que la destruction du système consumériste a commencé. Dans la version chinoise qui vient d'être mise en ligne sur le site de streaming, l'explosion n'a pas lieu. A la place se trouve donc un message qui inverse totalement la morale du film. La preuve en image, le carton ayant été partagé par plusieurs internautes sur les réseaux sociaux.
Idem pour un autre film américain critiquant lui aussi la société, et plus spécifiquement le trafic d'armes : Lord of War, sorti en France en 2006. Andrew Nicol y filme Nicolas Cage dans la peau de Yuri, un vendeur de flingues en tout genres sans foi ni loi qui "gagne" à la fin en échappant à la prison pour mieux retrouver son poste et continuer ses affaires lucratives. Le film précise au passage que cinq membres permanents de l'ONU, dont les Etats-Unis et la Chine, sont les plus gros vendeurs d'armes au monde. Sur le site de Tencent, la séquence finale est tout simplement coupée pour se terminer sur un carton disant que "Yuri a confessé tous les crimes qui pesaient officiellement contre lui devant la cour, et a été condamné à une peine de prison à vie." Sans compter que la version chinoise du film est plus courte d'une trentaine de minutes par rapport à l'originale.
L'article américain précise que "la modification de ces fins a pu être demandée en interne ou sous ordre du gouvernement, cela reste à démontrer. Tencent Video a refusé de commenter. Une source familière avec ce sujet de la censure en Chine nous a dit que Fight Club avait été remonté par le groupe détenant le copyright du film, puis approuvé par le gouvernement avant d'être distribué sur des sites de streaming. Le distributeur local, Pacific Audio & Vidéo Co. est affilié à la chaîne de l'Etat Guagdong TV." Quand à la version américaine, elle est détenue par la 20th Century Fox, et donc les studios Disney. Qui n'ont pas non plus réagi. Vice en profite pour rappeler que Fight Club n'a pas eu de sortie globale dans les cinémas chinois : le film a simplement été montré dans le cadre du festival international du film de Shanghai, et a obtenu de très bonnes notes sur le site spécialisé Douban (l'équivalent de Rotten Tomatoes). Une bonne partie du public a cependant pu voir sa vraie version en achetant une copie piratée, ce phénomène étant très important en Chine.
En 1999, Brad Pitt et Edward Norton osaient parler de Fight Club dans Première
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