La réalisatrice met en lumière une figure malmenée du cinéma français : Maria Schneider.
“Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…”
Rêves, gloire, scandale, honte, déclin. Des mots qui jalonnent un parcours de combattante : celui de l’actrice Maria Schneider, dont la carrière est tristement réduite à cette scène du film de Bertolucci, durant laquelle le réalisateur, et son partenaire, Marlon Brando, ont organisé, sans la concerter, une scène de viol, qui restera un traumatisme profond, et cristallisera son image d'actrice. “Habillée, je n’intéresse personne”, prononce Anamaria Vartolomei, qui prête ses traits à la comédienne, décédée en 2011.
Maria, c’est le second long métrage de Jessica Palud, qui s’est fait connaître avec Marlon (pas Brando), un court-métrage sélectionné dans plus de cent-cinquante festivals, et Revenir, un film adapté de L’Amour sans le faire, roman de Serge Joncour, et opposant Niels Schneider à Adèle Exarchopoulos.
Pour Maria, la réalisatrice et scénariste s’est librement inspirée d’un autre ouvrage, Tu t’appelais Maria Schneider, biographie écrite par Vanessa Schneider, la cousine de l’actrice. Dans le dossier de presse du film, qui a été présenté à Cannes Première en mai dernier, Jessica Palud résume ses intentions :
“Être dans son regard et ne jamais l’abandonner, faire la traversée avec elle. Le film est donc raconté uniquement à travers les yeux de Maria Schneider. [...] Je ne cherche pas à accuser, ni à juger, mais à faire avec l’héritage et à offrir un portrait de cette société, à travers un regard inédit, celui de Maria Schneider. [...] En écrivant et réalisant ce film, j’ai souhaité faire ressentir le lent poison du traumatisme, et ce de manière universelle.”
Une fiction aux accents biographiques, donc, et qui s’inspire autant des expériences de Jessica Palud, ex-assistante de réalisateurs.trices, que de l’atmosphère ambiante, celle de la libération de la parole féminine. Le tout, sublimé par la musique de Benjamin Biolay, qui a repris sa casquette de compositeur de cinéma pour ce film, après avoir déjà signé les bandes originales de Clara et Moi et Pourquoi tu pleures ?.
Pour interpréter ce “couple” de cinéma, Jessica Palud s’est entourée de Matt Dillon (Mary à tout prix, The House that Jack Built, Asteroid City), que la réalisatrice décrit comme quelqu’un capable d’”évoquer” Marlon Brando “dans ce qu’il a représenté : la fascination, le mythe d’Hollywood”. Une réflexion qui prend le contrepied de celle de Bill Fishman, qui réalise en ce moment Waltzing with Brando, mettant en scène un Billy Zane méconnaissable derrière les traits du Parrain.
Cependant, celle qui brille dans ce film, c’est surtout Anamaria Vartolomei, que L’Evénement avait révélée au grand public en 2021, elle qui avait ainsi reçu le César du Meilleur espoir féminin en rejouant un épisode de la vie de l’écrivaine Annie Ernaux. Depuis, on l’a vue dans le discret Méduse, de Sophie Lévy, et dans l’opulent Empire de Bruno Dumont. Sans oublier Le Comte de Monte-Cristo, dont elle partage l’affiche avec Pierre Niney, présenté hors-compétition au Festival de Cannes et prévu pour le 28 juin prochain au cinéma.
“Le personnage de Maria est complexe, il y a plusieurs rôles en un : la jeune fille, l’actrice, la droguée, la femme blessée…, explique la réalisatrice. J’ai cherché mon actrice après avoir écrit le scénario. Anamaria a une cinégénie très forte, et aussi du panache : elle n’avait pas peur de faire les choses. Et puis, pour jouer Maria Schneider, il faut crever l’écran.”
Jessica Palud a également fait appel à Céleste Brunnquell (Fifi, La Fille de son père, Une Affaire de principe), Hugo Becker et Yvan Attal.
Les plus curieux pourront profiter de cette performance de femme et d’actrice à partir du 19 juin en salles.
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