Première
par Christophe Narbonne
Célèbre acteur français, Seydou Tall se rend au Sénégal, son pays d’origine, pour promouvoir un livre. Sur place, il fait la connaissance de Yao, jeune garçon de 13 ans qui, à l’insu de sa famille, a fait le long déplacement à Dakar pour le rencontrer. Seydou décide de le raccompagner chez lui. Il ne faut pas être devin pour comprendre que ce Seydou, c’est un peu Omar Sy, fils d’Africains devenu star, qui s’est investi corps et âme dans ce projet. D’ailleurs, il ne s’en cache pas dans le dossier de presse où il établit des liens entre sa vie privée et le tournage, fait de rencontres et de sensations qui l’ont renvoyé au passé – contrairement à Seydou, il était déjà allé au Sénégal, le pays de son père. Le film dans tout ça ? On n’ose pas parler de « produit » – malgré son calibrage familial – tant la sincérité de l’entreprise transpire de chaque plan et tant l’acteur s’efface derrière son personnage, un père frustré en instance de divorce qui, à travers Yao, accomplit son devoir paternel. Pavé de bons sentiments mais animé d’une mélancolie tenace, ce road-movie offre quelques beaux moments de cinéma. Deux précisément : le premier, quand Seydou rencontre une chanteuse sénégalaise (Fatoumata Diawara, vue dans Timbuktu) avec qui une aventure semble possible ; le second, quand sa route croise celle d’une sorte d’oracle au féminin qui le reconnecte à ses ancêtres. Dans cette séquence, Omar Sy joue devant un fleuve dont la rive opposée est située en Mauritanie, patrie de sa mère. Doux vertige.