Coïncidence : le mois dernier sortait sur les écrans le très sensible Nos batailles de Guillaume Senez. L’histoire d’Olivier (Romain Duris), quitté par la mère de ses enfants et soudainement contraint d’endosser les responsabilités d’un père célibataire. Le départ de sa femme était en partie réparé par un chœur féminin qui allait l’aider à renaître. Duris y apparaissait plus saisissant que jamais. Le même dispositif d’apprentissage est à l’oeuvre dans le troisième film de Mikhaël Hers (Memory Lane, Ce sentiment de l’été), dévoilant, lui aussi, un Vincent Lacoste inédit. David a 24 ans et vit dans une sorte d’insouciance éveillée. Elle s’interrompt brusquement le jour où sa sœur aînée décède, lui laissant le soin de sa nièce de 7 ans. Commence alors pour David un double labeur : faire son deuil avec, greffée au bout de ses doigts, la petite main orpheline d’Amanda qu’il doit gérer comme un père. Différentes femmes (une étudiante, une tante, une mère) vont baliser sa route de reconstruction, sans oublier Amanda, à la fois la plus jeune et la plus proactive car très demandeuse. La réverbération de l’absence, l’été vu comme une saison douloureuse, la marche dans la ville comme un pansement au deuil... Hers retravaille magistralement ses thèmes de prédilection. Ils sont pris en charge par un Vincent Lacoste ému et émouvant comme jamais, qui poursuit son exploration d’un registre plus adulte. Il prête à David sa tonalité candide, cette présence au réel décalée, que le heurt de la mort va briser net. Pour l’amener ailleurs. Plus haut, plus grand.