Après des études de littérature et d'art à la faculté de Moscou, il entre en 1924 à la Mejrabpom-Rous, où il est conseiller artistique et secrétaire de la section littéraire. Il collabore bientôt avec les réalisateurs du studio : acteur pour Poudovkine (la Fièvre des échecs, 1925), assistant de Konstantin Eggert (la Noce de l'ours, id.) et de Yakov Protazanov (le Procès des trois millions, 1926 ; le Quarante et Unième, 1927). Il débute avec le Cercle (id.), puis se fait remarquer pour l'expressionnisme du Bagne (1928). Il s'impose avec La terre a soif, fiction politique et documentaire lyrique tout ensemble, dont Vidor se souviendra pour Notre pain quotidien (1934). La suite de son uvre affirme un style vigoureusement réaliste-psychologique à la manière de Poudovkine (« le réalisme est la seule forme digne du cinéma ») mais sans les emportements métaphoriques de ce dernier. Tournée en 1937, la Dernière Nuit est peut-être sa meilleure uvre, intimiste, très directe et très transposée à la fois, empreinte de romantisme révolutionnaire, la rencontre heureuse de deux esthétiques : le cinéma de poésie du muet, le cinéma de prose du parlant. Cinéaste inégal, Raïzman s'attache essentiellement à la dialectique vie privée-vie publique : « effervescence des passions sociales, effervescence des passions personnelles ». Un brin austère, son style « civique » a culminé dans le Communiste (1958) et Ton contemporain (1968). À la fin des années 70 et au début des années 80, il s'est fait plutôt l'analyste des « passions personnelles » et a signé plusieurs films lucides et vigoureux sur la vie intime du couple moderne et sur les élans du cur et de la raison (Une femme étrange, 1977 ; Vie privée, 1982 ; le Temps des désirs, 1984).