Nom de naissance Milos Forman
Naissance
Cáslav, Czechoslovakia [now Czech Republic]
Décès
Genre Homme
Profession(s) Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste, Interprète
Avis

Biographie

Elevé par des proches après la mort de ses parents en camp de concentration, Milos Forman se forme aux métiers du cinéma à la FAMU à Prague. Il travaille rapidement pour la télévision et sur les scénarios de Leave it to me (Martin Fric, 1955) et Stenata (Ivo Novak, 1957).

Après avoir été assistant d'Alfred Radok sur Grand-père automobile (1956), l'un des hommes de théâtre les plus influents de l'époque en Tchécoslovaquie, et de Pavel Blumenfeld sur Tam za lesem (1962), il fait ses débuts comme réalisateur en 1963 avec deux courts métrages, Concours et S'il n'y avait pas des ginguettes, dans lesquels on trouve déjà les germes de son cinéma. Notamment un certain rapport à la réalité, une direction d'acteurs privilégiant l'improvisation contrôlée, ainsi que le thème du conflit intergénérationnel (via la jeunesse) qui plus tard s'étendra aux structures collectives, qu'elles soient politiques, sociales ou familiales. En 1964 avec L'As de pique, son premier long-métrage, il décline le style de la satire sociale en l'adaptant aux désillusions d'un adolescent qui fait ses premiers pas dans la vie active et adulte en général. Forman y montre déjà, avec amertume et ironie, le vent de révolte que veut semer cette jeunesse qui sera victime de ses illusions révolutionnaires. Des thèmes qu'il retrouve un an plus tard dans Les Amours d'une blonde (1965), où il traite avec un humour plus distancié des aspérités de cette jeunesse qui souhaite en finir avec le conformisme. Nominé aux Oscars du meilleur film étranger, Forman se fait alors remarquer, il fait partie de la Nouvelle Vague tchèque qui a pour point commun avec la France ce désir de réinventer le cinéma tout en filmant la jeunesse comme stigmate du présent. En 1967, Forman réalise son dernier film en Tchécoslovaquie, Au feu les pompiers, une satire féroce, vive, impatiente de la bureaucratie communiste qui mine son pays et qui implosera un an plus tard lors du Printemps de Prague.

Au moment où les chars viendront écraser la révolte qui secoue son pays et l'Europe, voire le monde en général, Forman est à Paris. Ayant déjà noué des contacts avec la Paramount lorsqu'il était encore à Prague, il décide de s'envoler pour les Etats-Unis en 1969. C'est le début de sa carrière américaine, ouverte avec Taking Off (1971), sur l'histoire d'une adolescente en fugue et recherchée par ses parents. Forman n'a alors rien perdu de son énergie, de son acuité ni de son esprit corrosif. Il filme la middle class américaine avec la même vigueur et le même souci de décomposition que la société tchèque. Collaborant au scénario avec Jean-Claude Carrière (scénariste phare pour Luis Bunuel), il dresse un portrait précis de cette société occidentale en pleine déshérence, scindée entre une jeunesse aux aspérités floues et des parents perdus face à un monde qu'ils ne connaissent pas, plus. Après Taking Off, Forman tourne son premier grand succès international, Vol au dessus d'un nid de coucou (1975). Le film sera un prélude, une nouvelle direction dans son cinéma, qui s'attachera à revitaliser les oeuvres d'origine dont il s'inspire. En l'occurrence ici le roman de Ken Kesey, ancien grand gourou du mouvement hippie et précurseur des expériences au LSD dont Tom Wolfe a raconté l'histoire dans son indispensable roman gonzo, Acid Test. Le succès du film (cinq Oscars), n'est pas usurpé. Forman a su transformer la charge originelle du roman qui s'en prenait aux dérives liberticides du système psychiatrique américain en parabole universelle. Le film traite à la fois de cette jeunesse américaine indomptable qu'on préfère lobotomiser, tout en évoquant le spectre des goulags dont on commence alors à apprendre la sinistre existence. Forman montre l'horreur de ce système policé et froid dont le visage est encore plus abject lorsqu'il prend celui de l'institution garante de la normalité des choses et de l'individu. Le combat que livre le personnage principal (Jack Nicholson sans doute dans le rôle de sa vie), face à une infirmière persuadée de détenir la raison, rappelle la lutte isolée des saints d'esprit anéantis par un système esclavagiste et dictatorial à la double réminiscence nazie et communiste. Le film est d'autant plus remarquable qu'il ne se défend d'aucun discours, préférant s'intéresser au climat, aux personnages et à leur capacité de contamination permettant de prendre acte de l'horreur (le thème du transfert, du passage est récurrent dans son oeuvre). Avec Vol au-dessus d'un nid de coucou, qui continue d'être considéré comme l'un des plus grands chef-d'oeuvres des années 70, Forman devient ainsi l'un des cinéastes les plus réputés.

En 1979, son adaptation de Hair, la célèbre comédie musicale du mouvement hippie, lui permet d'asseoir davantage cette réputation, le film remportant un immense succès à l'international. Loin du kitsch qu'on serait tenté de lui attribuer naïvement trente ans plus tard, Hair est bien un film de Forman. S'il se présente comme une succession de tableaux chantés et dansés sur la libération des moeurs avec en toile de fond la guerre du Vietnam, derrière l'image se cache un constat plus grave sur cette impossible révolution et la victoire inéluctable du système. Après avoir remplacé au pied levé Robert Altman pour Ragtime (1981), considéré comme l'un de ses rares échecs, Forman repart pour la Tchécoslovaquie. Il y tourne Amadeus (1984), l'un de ses plus grands succès. Une oeuvre critique, mordante, où le cinéaste livre à la fois une réflexion sur la création et la musique tout en dessinant le portrait d'un Mozart rebelle et insoumis.

Espaçant de plus en plus les tournages, il réalise ensuite Valmont (1989), librement inspiré des Liaisons dangereuses que Stephen Frears a adapté un an plus tôt. Toujours plus discret, il ne revient qu'en 1996 avec Larry Flynt, génial biopic du créateur d'Hustler, célèbre magazine pornographique américain. Une manière encore de manifester une certaine insolence anar et de s'intéresser à une figure qu'un système tente de réduire au silence pour son atteinte aux bonnes moeurs. La liberté, le changement, la rigidité d'une société engoncée dans ses principes et ici son hypocrisie, bref qu'est-ce qui fait révolution, comment l'homme existe face aux institutions ; l'ensemble de ces thèmes prouvent que le réalisateur, malgré son âge, n'a rien perdu de sa verve. Comment vivre son excentricité, son originalité dans un monde qui cherche systématiquement à se replier dans la normalité ou qui a peur du changement, c'est aussi le sujet du beau Man on the Moon (1999), biopic tendre et amer du comédien Charlie Kaufman magnifiquement interprété par Jim Carrey. Liberté, institution toujours, et encore, dans Les Fantômes de Goya (2006), où Forman retrouve Jean-Claude Carrière pour une déconstruction impitoyable mais inégale du temps de l'Inquisition espagnole.

Milos Forman meurt le 13 avril 2018.

Filmographie Cinéma

Année Titre Métier Rôle Avis Spectateurs
2015 A Walk Worthwhile Réalisateur -
2015 Le Fantome De Munich Réalisateur -
2011 Les bien-aimés Acteur Jaromil Passer
2006 Les Fantômes de Goya Réalisateur, Scénariste -
1999 Au Nom D'Anna Acteur le père Havel

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