Nom de naissance John Huston
Naissance
Nevada, Missouri, USA
Décès
Nationalité Américain
Genre Homme
Profession(s) Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste, Interprète
Avis

Biographie

Que de malentendus ont masqué, trop longtemps, la maîtrise impressionnante de Huston ! Qualifié d'amateur par deux générations de critiques qui ne lui pardonnaient pas son évident plaisir de créateur et qui, confondant son uvre avec le contenu de certains récits privilégiés, lui ont attribué une exaltation de l'échec, quand il n'avait de vénération que pour l'entreprise humaine dans ce qu'elle a d'extrême... Excentrique éminemment professionnel et enthousiaste permanent, il a certes trouvé le moyen de cumuler les professions : militaire, boxeur, journaliste, dramaturge, nouvelliste, peintre, cavalier, joueur, toréador, chroniqueur judiciaire, scénariste, mais c'est pour mieux servir son véritable amour du cinéma.Fils du grand comédien Walter Huston et d'une journaliste (Thea Gore), il est d'abord un enfant chétif, peut-être condamné pour « souffle au cur », quand il décide de se prendre lui-même en main et se métamorphose en athlète éprouvé : champion de boxe, puis cavalier émérite, qui par passion pour le Mexique s'engagea dans la cavalerie révolutionnaire aux côtés de Pancho Villa. Revenu aux États-Unis, il entre dans la carrière littéraire, écrivant des nouvelles pour l' American Mercury, rencontre O'Neill et Hemingway, monte sur les planches, enfin aborde l'art du scénario auprès d'un ami de son père, le réalisateur William Wyler, écrivant d'ailleurs plusieurs rôles pour Walter Huston. À la Warner, on l'emploie dans un peu n'importe quoi : des westerns, des policiers, notamment dans le High Sierra de Raoul Walsh. C'est alors que le producteur Henry Blanke le pousse à diriger son premier film, le Faucon maltais, d'après un roman de Dashiell Hammett déjà porté deux fois au cinéma, qu'il se contente de découper chapitre par chapitre avec l'intelligence de la fidélité.C'est un départ en tout point foudroyant. Dans les aventures de Sam Spade le détective marron, il donne une nouvelle image à Humphrey Bogart, et déploie autour de lui, en une galerie inoubliable, Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Mary Astor, Elisha Cook. Autour d'une fabuleuse statuette de bronze, il détaille une intrigue exotique, sordide, magnétique, devenue d'emblée un modèle du genre. La Warner, ravie de sa nouvelle recrue, lui fait tourner un mélo sentimental pour Bette Davis, puis, en 1942, les Griffes jaunes, aventure d'espionnage où Bogart s'oppose une fois encore à l'énorme Greenstreet. Mais la guerre ne lui permet pas de terminer ce film, qu'un autre achève non sans mal. Huston déjà engagé dans l'aviation devient un cinéaste militaire et réalise coup sur coup trois documentaires dont on a pu écrire qu'à eux seuls ils constituaient le plus beau film de guerre du deuxième conflit mondial. Ce sont Mission dans les Aléoutiennes, la Bataille de San Pietro, et, surtout, Que la lumière soit, film sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre pour lequel il s'initie aux techniques de l'hypnose.À son retour, promu et décoré, il adapte le roman d'un écrivain légendaire et invisible, le mystérieux Bruno Traven. C'est le Trésor de la sierra Madre (1948) qu'il tourne au Mexique en extérieurs avec son complice Bogart et son père, auquel il offre le rôle d'un vieux prospecteur. Le film remportera trois Oscars. L'aventure des chercheurs de pépites se termine par la perte de leur magot, dispersé par les vents d'une tempête de sable, tandis que les survivants éclatent du rire désespéré de la dérision. Cet épisode porte la marque de l'humour tonique de Huston et montre que pour lui l'aventure collective et la connaissance vitale priment sur l'idée de réussite. Ce sera son thème central, souvent épique.Après une bataille menée contre le comité McCarthy des affaires « antiaméricaines » qui le mène jusqu'à Washington, il réalise Key Largo, parabole sur le New Deal et le retour des vétérans qui affrontent après la guerre la corruption et le banditisme. Humphrey Bogart, cette fois aux côtés de Lauren Bacall, y fait face sous les rafales d'un typhon à l'archétype du gangster, qu'incarne Edward G. Robinson. Dans les Insurgés (1949), il se passionne pour la croisade de quelques révolutionnaires cubains contre un dictateur et, dans Quand la ville dort (1950), pour le hold-up raté d'un groupe de malfrats, chez qui il voit se manifester « une forme gauchie de l'effort humain ». Il y révèle une inconnue : Marilyn Monroe. C'est alors la défaite la plus prestigieuse de sa carrière. Il veut tourner la Charge victorieuse (1951), d'après un roman pacifiste de Stephen Crane, avec le soldat le plus décoré de la guerre, Audie Murphy : c'est une étude magistrale sur les limites du courage, que les pontes de la MGM vont mutiler, saboter, puis étouffer. En vain : même sous la forme fragmentaire que l'on connaît, c'est un film étonnant.Aventurier de toutes les causes perdues, Huston se venge de cet échec en courant les jungles africaines pour y tourner en 1951 African Queen, équipée bouleversante d'une vieille fille et d'un ivrogne bravant les Allemands sur un fleuve congolais et qui oppose en un duel affectueux Humphrey Bogart et Katharine Hepburn. Après une parenthèse artistique tournée en France, en 1952, Moulin-Rouge, biographie impressionniste de Toulouse-Lautrec surtout remarquable par l'utilisation habile de la couleur, Huston s'expatrie en Irlande, où il habitera pendant vingt ans. Il devient un paria de Hollywood et réalise en Italie, encore avec Humphrey Bogart, un film insolite et burlesque, Plus fort que le diable (1954), puis se lance dans l'énorme Moby Dick (1956), film intournable qu'il transforme en blasphème noir : son héros, le capitaine Achab (Gregory Peck maquillé comme Abraham Lincoln), brave Dieu sous la forme de l'increvable Baleine blanche. Huston poursuit ses expériences sur la couleur en obtenant un équivalent visuel de l'eau-forte.Suivent alors Dieu seul le sait (1957), idylle impossible entre un marin et une nonne (Robert Mitchum, Deborah Kerr) sur un îlot du Pacifique, et deux échecs artistiques : le Barbare et la Geisha (1958), où il entre en conflit avec sa vedette John Wayne, et l'adaptation d'un roman de Romain Gary, les Racines du ciel (id.), projet très hustonien qu'une erreur de distribution (Trevor Howard dans le rôle principal) et une production aberrante de Darryl Zanuck font échouer. Après un western attachant, le Vent de la plaine (1960), aux consonances melvilliennes, et qui amorce le retour de John sur sa terre natale, c'est la réussite incontestée des Misfits (1961), d'après Arthur Miller, qui réunit de manière inspirée la fragile Marilyn Monroe, le douloureux Montgomery Clift et une idole mourante : Clark Gable, dans la ville-divorce Reno. Ce film poignant illustre le don qu'a Huston de provoquer l'événement et de réunir des protagonistes à la croisée de leurs destins. Il le prouvera encore avec la Nuit de l'iguane trois ans plus tard.La longue pratique freudienne de Huston le vouait à réaliser, d'après un projet de Sartre finalement très remanié, une vie du père de la psychanalyse : Freud, passions secrètes (1962), avec Montgomery Clift ; c'est sans doute l'un des rares exemples d'un film tout entier consacré à une aventure idéologique. Après un divertissement, le Dernier de la liste (1963), que Huston tourne chez lui à St. Clerans, il consacre à Tennessee Williams la Nuit de l'iguane (1964), dont le tournage à Puerto Vallarta est un délire mythologique : Richard Burton, Ava Gardner et leurs partenaires respectifs contribuant à un vrai happening. Autre entreprise gigantesque, la Bible (1966), produite par Dino De Laurentis, évoque la Genèse, Sodome et Gomorrhe, la tour de Babel, le Déluge et constitue un exploit aussi spectaculaire qu'ambitieux. Respectant une alternance qui paraît lui réussir entre projets frivoles et gageures de haute école, John participe à un James Bond collectif, Casino Royale (1967), puis accomplit un miracle impossible en visualisant Reflets dans un il d'or de Carson McCullers, avec Marlon Brando et Elizabeth Taylor, conte gothique cruel et poétique, dans un clair-obscur doré du plus baroque effet. De même, après Davey des grands chemins (1969), fable picaresque à la Hogarth, il tourne Promenade avec l'amour et la mort (id.), évocation d'un Mai-68 médiéval qu'il tourne bizarrement en Allemagne, et qui est peut-être un de ses films les plus incompris. Après la Lettre du Kremlin (1970), fantaisie d'espionnage assez folâtre, c'est Fat City (1972), puissante recréation des milieux sordides de la boxe en Californie, retour brutal de Huston sur son passé de pugiliste. Après une vie fantomatique du juge Roy Bean, Juge et Hors-la-loi, western désenchanté, et le Piège (1973), thriller mouvementé qui est son adieu à l'Irlande, il part pour le Maroc y tourner l'un de ses plus chers projets, l'Homme qui voulut être roi (1975), équipée prodigieuse de deux soldats de fortune qui veulent s'approprier le trésor d'Alexandre, et qui y perdent tout simplement leur âme ; il y place Sean Connery et Michael Caine dans des rôles qu'il avait destinés à Humphrey Bogart et Clark Gable, sur un sujet de Kipling.Enfin, après Indépendance (1976), un film historique de commande, il brosse dans le Malin (1979), d'après un conte de Flannery O'Connor, le portrait insoutenable d'un prédicateur halluciné du grand Sud.Le schéma se poursuit : au Canada, c'est un suspense mineur, Phobia (1980), et un film de commande sur un camp de prisonniers, À nous la victoire (id.). Mais Huston, toujours vert et qui habite une île mexicaine inaccessible, tourne un grand succès de Broadway, Annie (1981), avec Albert Finney. En 1983, avec le même acteur dans le rôle principal, il entreprend l'adaptation d'un livre réputé « intournable », Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Pendant tout ce temps, il n'a jamais cessé de jouer dans des films souvent prestigieux tournés par Preminger (le Cardinal), Polanski (Chinatown), John Milius (le Lion et le Vent) ou Orson Welles, son vieil ami (The Other Side of the Wind, 1979, inachevé), dont le rapproche cette activité délirante de mercenaire et de franc-tireur. Ce conteur-né finit par écrire ses Mémoires, An Open Book : il n'a jamais cessé de se raconter, de cette voix prenante de narrateur public et de bonimenteur qui est la sienne. Sa vie, spectaculaire, n'est-elle pas faite, comme sa carrière, de recommencements perpétuels ?

Filmographie Cinéma

Année Titre Métier Rôle Avis Spectateurs
2018 De l'autre côté du vent Acteur JJ Jake Hannaford
2015 In This Our Life Réalisateur -
2015 Le Barbare Et La Geisha Réalisateur -
2015 Les Racines Du Ciel Réalisateur -
2015 La Bataille De San Pietro Réalisateur -

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