Charles Burnett

Charles Burnett est un des réalisateurs les plus estimés de la profession. Il est né le 13 Avril 1944 à Vicksburg, une ville de l’Etat du Mississippi. Ses parents décident de quitter le Sud ségrégationniste pour s’installer en Californie, à l’époque de la Grande Migration. A l’instar de beaucoup de familles américaines noires, les Burnett partent en quête de travail dans l’industrie florissante de l’armement, là où les conditions de vie sont réputées meilleures, et le droit de vote acquis aux minorités.C’est donc à Los Angeles, et plus exactement dans le ghetto de Watts que Charles Burnett va grandir. Il décroche une maîtrise et un mastère d'art dramatique à la prestigieuse Université de Californie Los Angeles (UCLA), où la majorité écrasante des étudiants est issue de la fine fleur de la bourgeoisie californienne. C’est d’ailleurs à cette époque que Charles Burnett commence à s’intéresser à la réalisation en tant qu’amateur. Comme il le révèlera plus tard, il était loin de s’imaginer, à l'époque, travaillant à Hollywood. Se démarquant par son appartenance sociale et raciale par rapport à ses camarades, Charles Burnett trouve auprès de certains de ses professeurs les encouragements et les conseils qui vont le guider vers une perception personnelle de l’art de la mise en scène. A l’époque, les débouchés au cinéma pour un jeune noir étaient assez limités.Mais Charles Burnett est bien décidé à poursuivre dans la voie qu’il s’est choisi. Il tourne en 1977 dans le cadre de sa thèse universitaire un film amateur : Killer of Sheep, dans lequel il montre de manière brute l’univers dans lequel il a vécu : un ghetto exorcisant ses frustrations à travers une attitude de fierté et de militantisme qui s’est développée après les grandes émeutes raciales de 1965. Sans le savoir, le jeune cinéaste en herbe signe une œuvre qui va devenir une pierre angulaire du cinéma social américain. Le film est sélectionné en 1990 par la Bibliothèque du Congrès pour y être consigné en tant que trésor national, étant donné son importance culturelle, historique et esthétique. Longtemps cantonné à des projections restreintes à cause d’un problème de droits d’auteur lié à sa bande sonore, il ne va connaître une large diffusion en salle et en DVD que près de trente ans après avoir été tourné. Mais entre-temps, Charles Burnett s’était déjà frayé un bon de chemin dans le cinéma. Il sort en 1983 le film indépendant : My brother’s wedding , et enchaîne avec Bless Their Little Hearts en 1984, Crocodile Conspiracy en 1986 , et Guests of Hotel Astoria en 1989.Mais ce sera son long-métrage La rage au cœur, qu’il écrit et réalise, qui le fera révéler au grand public. Le film remporte trois Independent Spirit Awards en 1991 : Meilleur réalisateur, Meilleur scénario, et enfin Meilleur acteur pour Danny Glover . Le film est également primé au Festival de Sundance en 1990. Grisé par le succès, il revient à la charge en 1994 avec Ma peau est mon malheur, un drame sur fond de discrimination raciale et sexuelle qui réunit Lori Petty, Michael Boatman et le rappeur Ice Cube.En 1996, il adapte dans la même veine un roman de Gary Paulsen pour le téléfilm Night john . L’œuvre lui vaut une citation spéciale de la National Society of Films Critics. C’est également à Charles Burnett que l’on doit la découverte d’une des plus célèbres "sex symbols" noirs, Halle Berry. L’actrice a en effet fait ses débuts sur le plateau de son film : Promesse d'amour en 1998.En 2004, Charles Burnett fait un retour aux sources en participant avec Devil's Fire à la célèbre série de documentaires : Martin Scorsese presents...The Blues , produite par le réalisateur de Taxi Driver à l’occasion du centenaire de cette musique. Inlassable, Charles Burnett continue à faire des films toujours en relation avec la condition noire, dans lesquels il ne cesse de plaider pour une action calme et réfléchie au lieu de recourir à la violence.