Pluribus
Apple

C'est certainement l'une des meilleures séries de l'année qui vient de débuter sur Apple TV. Et plus encore : c'est l'une des œuvres SF les plus audacieuses qu’on ait vues depuis longtemps… Alors vite, montez dans le Pluribus !

Le pilote, à lui seul, est sidérant.

Pluribus, qui vient de débuter sur Apple TV (et donc à voir aussi sur MyCanal en France), est sans aucun doute l'une des œuvres de science-fiction les plus singulières de la décennie, et absolument l'une des meilleures séries de l'année. Déjà parce que le pitch.

Un concept hyper puissant

Vince Gilligan imagine un monde contaminé par un étrange virus venu de l’espace, qui transforme les humains en une espèce partageant une conscience collective. Plus aucune individualité, juste des corps qui communiquent par télépathie et ont constamment accès à ce que les autres sont en train de faire. Un cauchemar ? Pas vraiment : ces nouveaux êtres ont la particularité d’être sympas comme tout. Imaginez une sorte d’Invasion des profanateurs, mais où chacun serait heureux, d’une gentillesse absolue et prêt à n’importe quoi pour vous rendre service.

Au milieu de ce bouleversement à l’échelle planétaire, Carol, malheureuse comme les pierres et qui, pour une mystérieuse raison, ne peut pas être contaminée. La dernière humaine du monde d’avant pourra-t-elle survivre à cette béatitude absolue ? "Je veux qu'on comprenne Carol et, qu’en même temps, on se dise que ceux d’en face ne sont peut-être pas des monstres..." confie Vince Gilligan dans le numéro 567 de Première (actuellement en kiosque). Et le scénariste a réussi son coup. Comme Carol, on ne sait jamais trop ce qu'on doit penser devant Pluribus, drame post-apo conçu, de l'aveu même de son créateur, comme "un antidote aux séries post-apocalyptiques."

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Un créateur de génie

Mais où est-ce que ça nous emmène ? On peut faire confiance à Vince Gilligan, et sait qu'une série ne peut pas tenir sur son seul concept. D'épisode en épisode, l'auteur distille des révélations bluffantes, densifie l'univers et fait évoluer ses personnages, comme il avait si bien su le faire à l'époque de Breaking Bad. Il offre au passage à la brillante Rhea Seehorn un rôle à la hauteur de son talent et qui pourrait lui offrir un premier Emmy Award qu'elle aurait probablement déjà dû avoir depuis Better Call Saul.

Un doux questionnement sur l'humanité

La série avance comme une étude méthodique — parfois presque méditative — de l’humanité, qui sait dépasser ses réconfortantes vibrations de conte de science-fiction. Une œuvre captivante qui alimentera à coup sûr les conversations dans les prochains mois, car elle traite en sous-texte la division cinglante de la société américaine (voire mondiale) de l'ère Trump. Le seul nom Pluribus fait d'ailleurs écho de manière spectaculaire à la devise latine qui apparaît sur le grand sceau des États-Unis : E pluribus unum, ce qui veut dire "Un seul à partir de plusieurs".

Avec son style hérité de X-Files, Gilligan raconte par l’absurde la polarisation de la société américaine, emprunte les clichés de l’invasion extraterrestre pour mieux les renverser, et impose une mythologie fermement ancrée dans le réel. "Initialement, en développant Pluribus, c’était la polarisation des États-Unis qui m'inspirait. Les gens sont de plus en plus tribaux et ça m’attriste autant que ça m’effraie", nous confie-t-il. "C’est pour ça que l’idée d’une planète où tout le monde est sur la même longueur d’onde, où personne ne se déchire, me semblait si attrayante."

Pluribus
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Une réflexion divertissante

"J’aime bien l’idée que les gens regardent cette série et n’en tirent pas de conclusion spécifique, juste que ça nourrisse le débat", tempère le créateur. Car même sans regarder la série par son prisme politique, Pluribus demeure une réjouissante fable SF dotée d’un vrai sens de l’humour... souvent grinçant. À l'image de son Walter White ou de Saul Goodman, on ne sait jamais trop quoi penser des héros de Vince Gilligan.

Faut-il soutenir Carol dans son envie de ramener l'humanité à son état naturel ? Ou pas ? La vision de la fin du monde fabuleusement originale de Pluribus ne laissera personne indifférent. Jusqu'à se demander : le libre arbitre est-il plus essentiel qu'une félicité totale mais commandée ? Vous avez 9 épisodes pour vous gratter la tête...

La saison 1 de Pluribus a débuté le vendredi 7 novembre 2025 et le final est prévu le 26 décembre. La série est déjà renouvelée pour une saison 2.