Adèle Haenel
Reynaud Julien / ABACA PRESS

22 ans après la sortie des Diables, le réalisateur est reconnu coupable d'agressions sexuelles sur mineure.

Fin 2019, Adèle Haenel portait plainte contre Christophe Ruggia, le réalisateur des Diables, dans lequel elle a joué durant son enfance, l'accusant de l'avoir agressée sexuellement de ses 12 à 14 ans. Il s'agissait du tout premier film de la jeune comédienne, et une fois sorti en 2002, celui-ci n'a cessé de multiplier les comportements inappropriés envers elle. Ceux-ci ont été détaillés durant le procès, cinq ans après le témoignage d'Adèle publié dans Mediapart. Âgé de 38 à 40 ans au moment des faits, il l'invitait de façon régulière chez lui, lui faisait des avances, des compliments sur sa "maturité", et l'éloignait de ses proches, "profitant de l’ascendant", qu'il avait sur elle, peut-on lire dans le jugement, relayé en direct par la journaliste Marion Dubreuil.

Procès requis contre Christophe Ruggia, "une étape importante" pour Adèle Haenel

En septembre 2023, le parquet de Paris annonçait avoir bouclé son enquête, et le tribunal a rendu son verdict hier : aujourd'hui âgé de 60 ans, Christophe Ruggia vient d'être condamné à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme sous bracelet électronique. Il doit aussi indemniser l'ex-comédienne -Adèle a annoncé son souhait de ne plus exercer dans l'industrie du cinéma en mai 2022, faisant le choix de politiser cette décision- à hauteur de 40 000 euros, à la fois pour son préjudice moral et pour rembourser ses années de suivi psychologique. Enfin, il lui est interdit d’'exercer des activités en lien avec les mineurs pendant cinq ans pour atteinte sexuelle sur mineur par personne ayant autorité.

Il a immédiatement fait appel de cette condamnation, son avocate, Me Fanny Colin, commentant juste après le verdict : 

"La décision du tribunal nous donne le sentiment amer qu'une injustice est préférable à un désordre. Désordre que la relaxe de Christophe Ruggia n'aurait pas manqué d'entraîner."

PRODUCTION / ALTA PRODUCCION

Adèle Haenel et Vincent Rottiers dans Les Diables (2002).

Adèle Haenel a remercié tous ses soutiens en sortant de la salle d'audience :  

"Merci à toutes et tous d'être venus et de faire avancer les droits humains par votre présence."

Pour la soutenir, il y avait notamment une autre comédienne française qui a embrassé le mouvement #MeToo en révélant publiquement avoir été abusée par deux réalisateurs, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, durant son enfance et adolescence : Judith Godrèche. Adèle était aussi entourée de la réalisatrice Céline Sciamma, qui l'a dirigée plusieurs fois (dans La Naissance des Pieuvres, Portrait de la jeune fille en feu...) et l'actrice Aïssa Maïga, qui participe elle aussi au mouvement de libération de la parole des femmes.

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