Alors que la liste des pré-nommés aux César de la révélation approche et que L’Amour ouf vient de franchir les 3 millions d’entrées, retour sur le parcours singulier de son jeune héros.
Depuis le 16 octobre, jour de sortie de L’Amour ouf, son nom est sur toutes les lèvres. Sur celles de ceux, en tout cas qui ont déjà vu le nouveau Gilles Lellouche. Malik Frikah. L’interprète, face à Mallory Wanecque, de l’impétueux Clotaire dans ses jeunes années a réussi à mettre d’accord ceux qui ont été embarqués par le film comme les plus rétifs. Et il s’impose comme la révélation masculine de l’année alors que les pré-nominations aux César de cette catégorie vont être annoncés dans les jours qui viennent.
Son parcours pour en arriver là, pour décrocher ce rôle qui vient de faire basculer son existence à à peine 18 ans, a tout d’un film à part entière, même si son scénario aurait pu être retoqué car trop beau pour être vrai. Ses deux parents sont profs de danse. Il sera, dès l’âge de 3 ans, l'élève de son père, Jawad, danseur de hip hop et fondateur de l’école All’Style à Alès. En mode intensif. Parfois 10 heures par jour. Jusqu’à devenir à 10 ans… champion du monde de breakdance !
Vous voyez ce petit gars ! C’est Malik Frikah de l’Amour Ouf quand il avait 10 ans. pic.twitter.com/42aOcrbpqS
— CineHD🎬 (@CineHDFR) October 24, 2024
Et le cinéma dans tout ça ? "Il a toujours été là. A chaque fois que je regardais un film, je ne le terminais jamais. Je montais dans ma chambre pour m’imaginer la suite." Et puis, un jour, le spectateur va entrer dans le champ. "Ma mère a vu une petite annonce pour faire de la figuration dans un film qui se tournait près de chez nous dans les Cévennes. J’ai décroché le casting et, une fois sur le plateau, en voyant des jeunes de mon âge tenir des rôles importants, j’ai eu envie d’être à leur place."
Tout de suite, il se confie à sa mère. "Je lui ai dit que c’était ce que je voulais faire de ma vie. Elle m’a demandé si j’étais sûr. J’étais déterminé et je crois qu’elle a vu les flammes dans mes yeux." Elle décide donc de l’accompagner dans ce saut kamikaze dans l’inconnu. "J’ai arrêté l’école et, alors qu’on ne roulait vraiment pas sur l’or, elle a arrêté de travailler pour me suivre à Paris et me laisser tenter ma chance. On s’est donné un an !"
Un an avec son lot d’espoirs et de doutes. "On est descendu très bas financièrement. Je n’avais aucun contact mais je n’ai rien lâché et j’ai commencé à décrocher quelques castings." Avec une poignée de premiers petits rôles à la clé. A la télé dans un épisode de la série Camping Paradis. Au cinéma dans Apaches de Romain Quirot puis Jeff Panacloc : A la poursuite de Jean-Marc de Pef.
L'AMOUR OUF : UN FILM COUP DE FOUDRE ET COUP DE POING [CRITIQUE]Autant de petits cailloux semés tout en continuant de rêver au grand rôle, celui qui viendrait récompenser les sacrifices d’une mère pour le bonheur de son fils. Et pour cela, tout part d’une petite annonce qu’il repère un jour en ouvrant son téléphone. "Je suivais la directrice de casting de L’Amour ouf sur les réseaux. Et un matin, je vois cette annonce où ils recherchent des ados à fort caractère pour un film de Gilles Lellouche."
Assez vite, il voit ce casting comme une sorte de quitte ou double dans le pari de cette année passée à Paris pour tenter de percer dans le monde du cinéma. "J’ai envoyé des messages et des messages à ses assistantes pour participer à cette audition. Et ça a fini par marcher ! " Le début d’un long, très long processus :
"C’était pour moi le Graal mais il s’est passé près de cinq mois d’audition avant que je puisse rencontrer Gilles ! J’ai bossé jour et nuit pour franchir chaque étape, même en manquant d’infos car je n’avais pas eu le scénario en main, juste les scènes que je devais jouer. J’ai dû perdre six kilos avec le stress."
A chaque tour d’audition, il élimine des concurrents. Jusqu’au coup de fil libérateur de Gilles Lellouche :
"Cela faisait des semaines que je ne dormais plus ! Et enfin, j’ai pu lire le scénario. Chaque page c’était quelque chose ! J'arrivais facilement à mettre des images sur ce qui était écrit. A commencer par mon personnage, l’injustice qu'il subit au quotidien, cette histoire d'amour impossible qui aide aussi à se projeter. Mais aussi le fait qu’au-delà d’une histoire d’amour, L’Amour ouf soit aussi une histoire de violence et un drame social situé dans une époque que je n’ai pas vécue, les années 80. En me documentant, je suis tombé amoureux de cette période que je n’ai pas connue comme je suis tombé amoureux de ce scénario."
La suite, on la connaît. La présentation en compétition à Cannes, les 3 millions d’entrées réunies en salles en moins d’un mois en attendant une éventuelle nomination au César, voire le gain de la fameuse statuette dans la catégorie révélations, dont il sera forcément le grand favori. L’histoire est déjà belle, elle deviendrait magnifique.
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