Les pires numéros 2 de l'histoire du cinéma
20th Century Fox / Paramount / Gaumont

Avant l'énorme désillusion de Joker : Folie à deux, de nombreuses suites de hits adorés, de films cultes, voire de chefs-d'œuvre, ont donné lieu à d'énormes déceptions. On a listé les pires deuxièmes volets du 7e art.

Il est toujours plus dur de confirmer un succès. Joker : Folie à deux en est la preuve, cette semaine dans les salles de cinéma. Sans aucun doute l'une des suites les plus mornes et décevantes du siècle. Mais avant ce ratage en règle, d'autres suites ont marqué l'Histoire du 7e art de la pire des manières. Des deuxièmes volets qui n'ont pas réussi à titiller la cheville de leur illustre prédécesseur. Florilège - par ordre alphabétique - de ces "Numéros 2" oubliables ou oubliés.


Basic Instinct 2, de Michael Caton-Jones (2006)

Basic Instinct 2
MGM

Il aura fallu attendre presque 15 années... Mais Hollywood a bel et bien réussi à ramener la vénéneuse Catherine Tramell à l'écran. Elle vit désormais à Londres et se retrouve à faire danser un psychanalyste, qui tente de deviner si elle est la meurtrière de son fiancé footballeur. Après son pas de deux avec Michael Douglas, Sharon Stone remet le couvert dans ce thriller qui se veut sexy mais bascule dans une vulgarité absurde. Sans la touche de Paul Verhoeven, pas impliqué dans le projet, Catherine passe de tueuse exquise à vamp' risible. Le polar noir vire à la comédie involontaire. Moins de 40 millions de dollars de recettes... Ça fait mal comme un pic à glace en plein cœur !
 

Highlander, le retour, de Russell Mulcahy (1991)

Highlander, le retour
Lamb Bear Entertainment

Un cas d’école. Film bis absurde et indigne, ce deuxième volet d’Highlander piétine l’intégralité de ce qui faisait l’intérêt du premier. Connor MacLeod est devenu mortel et un éminent scientifique (???) qui met au point un bouclier géant (???) pour protéger l’humanité de la disparition de la couche d’ozone. Tout ça n’a aucun sens, le mythe est réécrit de A à Z, Christopher Lambert est paumé et quand se pointent des immortels extraterrestres (???), la coupe est définitivement pleine. Gros avantage : ça en devient presque hilarant au second degré.
 

Independence Day : Resurgence, de Roland Emmerich (2016)

DR

Vingt ans après le succès dément d’Independance Day, le réalisateur Roland Emmerich remettait le couvert mais sans Will Smith pour mener la bataille. Pas grand-chose à redire sur l’imagerie SF du film, assez impeccable, mais aucun personnage (surtout les nouveaux) ne parvient à exister dans cette redite simpliste. Complètement incohérent, le scénario part dans tous les sens et les rares bonnes idées n’y survivent pas. Un blockbuster usant, qui n’a que la pyrotechnie en ligne de mire. Beaucoup de bruit pour rien.


Iron Man 2, de Jon Favreau (2010)

Iron Man 2
Marvel Studio

Il y a eu plus d'une trentaine de films au sein du Marvel Universe, et celui-là est largement considéré - à juste titre - comme le plus mauvais. Pourtant, à l'inverse de nombreuses suites présentes dans cette liste, le retour de Tony Stark au cinéma s'est fait avec le même casting de stars (Robert Downey Jr en tête), le même réalisateur, les mêmes producteurs... Alors comment a-t-on pu passer d'un blockbuster millimétré comme Iron Man, capable d'être le point de départ de plus gros univers de l'Histoire du cinéma, à cet Iron Man 2 totalement insipide ? Favreau a délaissé la trouvaille introspective du premier volet, pour passer en mode industriel. Il multiplie les méchants, les intrigues, les combats, jusqu'à la nausée. Un gros Marvel sans âme et vulgaire.
 

La Mouche 2, de Chris Walas (1989)

La Mouche 2
Brooksfilms

Si La Mouche est un chef-d’oeuvre de la SF, sa suite ne boxe pas dans la même catégorie. Chris Walas, qui avait signé les maquillages du premier film, se retrouve promu réalisateur et le seul membre du casting à rempiler est John Getz. L’acteur maudit Eric Stoltz (viré 4 ans plus tôt de Retour vers le futur après trois semaines de tournage) tient lui le premier rôle, celui du fils de Veronica Quaife (Geena Davis) et Seth Brundle (Jeff Goldblum), qui va bientôt muter comme son père, mais en pire. La Mouche 2 tente de jouer la carte de l’émotion pour se démarquer de l’original de David Cronenberg. Malheureusement, le scénario co-écrit par Frank Darabont tombe terriblement à plat. 35 ans après, on reste en tout cas marqué par ses effets spéciaux répugnants et son chien mutant qui a bien traumatisé notre enfance.


Le Fils du Mask, de Lawrence Guterman (2005)

PRODUCTION

N'est pas Jim Carrey qui veut. Le pauvre Jamie Kennedy, figure de la saga Scream, en a fait l'amère expérience en tentant de prendre sa succession. Comme ont-ils pu espérer reproduire la folie du premier volet sans la folie de sa star, tellement charismatique sous le masque ? Au-delà de son script catastrophique, empilant les gags sauce Tex Avery de manière grossière, la suite souffre de son trop petit budget. Avoir des effets de 1994 dans un film de 2005, ce n'est pas très sérieux.


Les Trois Frères, le retour, de Didier Bourdon Bernard Campan Pascal Légitimus (2014)

Les Trois frères le retour (2014)
Wild Bunch Distribution

Il faut bien se rendre compte de l'énorme succès populaire du premier film des Inconnus, totem comique des années 1990, dont les répliques ont fait marrer les cours de récré et les abords de machine à café jusqu'à plus soif. Le trio a résisté pendant 20 ans à la pression populaire d'une suite qui paraissait incontournable... Mais il a fini par céder. Didier, Bernard et Pascal nous sont ainsi revenus usés, fatigués, incapables de réinjecter la même énergie chez les Latour qu'à leur grande époque. Il faut dire que Les Inconnus ne sont plus un trio. Chacun fait son truc de son côté depuis longtemps. Et l'alchimie s'en ressent. La comédie vire à la succession de gags poussifs, souvent ringards, et donne à cette suite un air de machine à fric opportuniste à la Bronzés 3 (qui n'est pas dans cette liste pour la seule raison que ce n'est pas un numéro 2). Et on bénit Les Nuls de n'avoir jamais succombé à la tentation de La Cité de la Peur, le retour.


Les Visiteurs 2 : les couloirs du temps, de Jean-Marie Poiré (1998)

Les Visiteurs 2
gaumont

Jean Reno crie toujours Montjoie, Saint-Denis ; Christian Clavier hurle encore OK ! Mais Valérie Lemercier manque à l'appel. L'actrice a refusé de revenir faire une suite qui ne rimait à rien. Alors la production a décidé de refiler le rôle de Béatrice de Montmirail à l'humoriste star de l'époque : Muriel Robin se retrouve à devoir singer sa prédécesseure. Une performance catastrophique qui marque au fer rouge cette suite totalement ratée et qui a longtemps plombé les envies de cinéma de la comédienne. Pourtant, il n'y a pas que Muriel Robin qui était perdue dans ces couloirs du temps. S'auto-parodiant, Poiré est incapable de proposer de nouvelles choses. Surtout, le MacGuffin du scénario (Godefroy doit retrouver les bijoux et la relique volés dans le film précédent) est d'une pauvreté abyssale, qui achève ce "binz".


Speed 2 : Cap sur le danger, de Jan de Bont (1997)

Speed 2 : Cap sur le danger
20th Century Fox

Plus de Keanu Reeves, et surtout, plus de bus ! Comment recycler le concept Speed, qui paraît intrinsèquement voué à ne pas se reproduire ? Jan de Bont décide de surfer sur la popularité grimpante d'une Sandra Bullock au sommet de sa gloire. Il remet l'adorable Annie Porter dans une prise d'otages véhiculaire, mais troque le bus fonçant à toute allure dans Los Angeles, contre un gros paquebot qui se traîne dans l'Atlantique. Un pitch risible qui tend le bâton pour se faire battre et semble le faire volontairement pendant deux heures. Willem Dafoe surjoue le méchant psychopathe, tandis que Jason Patric (qui ça ?) fait le Keanu Reeves du pauvre, écrasé par une Sandra Bullock qui en fait des caisses jusqu'à un final abracadabrantesque et interminable. Plus une parodie qu'une suite.


Staying Alive, de Sylvester Stallone (1983)

Staying Alive
Paramount Pictures

Le disco est mourant... Mais John Travolta veut continuer à danser. Alors il ressort son costume de La Fièvre du samedi soir et demande à Sylvester Stallone d'enregistrer ses prouesses sur la piste. Sans profondeur, sans idée, sans âme, cette compilation filmée des Bee Gees n'est plus le portrait d'une époque, d'une jeunesse, mais seulement un enchaînement de séquences de danse sans inspiration. Peut-être que le disco a été enterré ce jour-là.
 

Zoolander 2, de Ben Stiller (2016)

DR

"Comment avais-je fait pour ne pas voir que c'était si nul ?", se désolait il y a peu Ben Stiller. Une piste, déjà : là où Zoolander se moquait avec malice d’un univers de la mode décérébré et hautain, sa suite instaure une connivence assez malsaine avec le milieu. Chacun fait mine de rire de soi mais tout ça renifle la caricature de petit bourgeois qui ne ne veut surtout blesser personne. Pendant près de deux heures, Zoolander 2 court après ce qui déconne sur Internet et dans le monde des médias pop, sans jamais réussir à mettre le doigt dessus. Un film de vieux qui n’ont pas vu le temps passer. Triste.