Très différents, les six longs-métrages ci-dessous valent le détour.
Le Vent se lève de Hayao Miyazaki ****
Prévoyez des mouchoirs et laissez-vous porter par la beauté du Vent se lève, dernier film très mélancolique du maître de l’animation japonaise. Un énorme coup de cœur pour Première à sa sortie début 2014 : « « Le vent se lève, il faut tenter de vivre. » Ce vers de Paul Valéry est le fondement du dernier film de Hayao Miyazaki, qui raconte sur plusieurs décennies le parcours d’un personnage inspiré à la fois de
la vie de Jiro Horikoshi, l’inventeur du chasseur bombardier Zero, et de celle de Tatsuo Hori, un auteur japonais du début du XXe siècle. Son titre a plusieurs significations possibles, et le cinéaste en illustre quelques-unes, d’où une variété d’humeurs qui vont de l’espoir à la mélancolie, en passant par l’exaltation. Comme toujours chez lui, chaque élément contient deux aspects opposés mais indissociables. Ainsi, le vent peut provoquer les plus belles rencontres comme les pires catastrophes. Alors qu’une dimension tragique se dessine en filigrane à l’évocation de la vie sentimentale du héros, le thème principal du film pourrait se résumer à l’homme face à son destin et à ses obligations. Ici, l’ingénieur se doit de concevoir le meilleur avion possible, quel qu’en soit le prix. Il n’est pas difficile d’imaginer les points communs existant entre le réalisateur et ce créateur si particulier. Hayao Miyazaki a également trouvé dans cette histoire un souffle romanesque inédit qui lui a permis de composer quelques-unes de ses plus belles séquences, notamment lorsqu’il représente le vent, à l’origine de la rencontre entre Jiro et celle qui deviendra sa femme. Si, comme il l’a annoncé, le maître ne réalise plus de longs métrages, il a fini là en beauté. »
Arte consacrera sa soirée à l’animation venue du Japon en programmant également l’adaptation d’Akira (Katsuhiro Ôtomo, 1991) à partir de 22h50.
Le Vent se lève sera diffusé le dimanche 12 juin à 20h50 sur Arte
Mad Max : Fury Road de George Miller
« C’est bien simple : on n’a rien vu d’aussi bandant au cinéma que l’ouverture de Fury Road depuis très très longtemps. Le logo warner customisé. Les moteurs qui grondent. Les cris qui résonnent. Et quand l’écran s’anime c’est le début d’une petite dizaine de minutes infernales. De l’action non stop. Monstrueuse, fluide, organique, belle et violente comme une cinématique de "Metal Gear Solid". Découpé par un maître du récit mélangeant des ellipses BD à un storytelling totalement clair. » Suivez notre conseil et surtout, ne ratez pas le début ! La grosse claque du festival de Cannes 2015 est (re)diffusée sur le petit écran, en crypté, quelques mois après avoir raflé six Oscars.
Mad Max Fury Road sera diffusé le mardi 7 juin à 21h sur Canal +
Young Adult de Jason Reitman ***
Quelques jours après l’avoir vue en Furiosa, vous pourrez retrouver Charlize Theron dans un tout autre registre devant la caméra de Jason Reitman. Dans Young Adult, elle incarne une femme à première vue très –trop- sûre d’elle, qui s’avère rapidement mal dans sa peau.
« Au départ comique, le scénario épouse peu à peu le point de vue dramatique de cette briseuse de couples dépressive qui agresse la cellule familiale, manipule pour parvenir à ses fins, simule l’humilité, jalouse les nouveaux-nés et porte en elle les stigmates d’une souffrance affective pathologique. Pendant plus d’une heure trente, elle ne trompe personne : tout le monde peut lire en elle comme dans un livre ouvert et l’on guette patiemment le moment où les masques vont tomber. Une sous-intrigue vient cependant tempérer la cruauté du propos : à la place de son amour de jeunesse (Patrick Wilson, formidable en ex-play-boy qui porte tellement bien les pulls de jeune papa), cador éteint dont le disque dur personnel des années 90 a complètement crashé, Mavis retrouve surtout l’ancien freak éclopé du lycée (excellent Patton Oswalt), qui devient son confident. Cette amitié entre l’ex-reine du bal de promo et le geek impuissant, fausse piste semblant indiquer une possible rédemption, aurait été convenue, si elle ne véhiculait la profonde mélancolie des fantasmes accomplis sur le tard. Sans jamais chercher le coup de force narratif, Jason Reitman et Diablo Cody mélangent le passé et le (re)devenir pour parler du sentiment d’échec qui tord le ventre. L’alchimie entre le réalisateur et la scénariste fonctionne encore mieux que dans Juno, leur précédente collaboration : il a la discrétion du metteur en scène qui s’efface derrière ses personnages; elle utilise les mots comme des armes, sans s’abîmer dans la leçon de choses. Young Adult n’est donc pas un film générationnel fait par et pour des trentenaires décalcifiés. Comme le titre l’indique, il capte les limbes entre deux âges, cette pénible attente entre les réminiscences brumeuses de l’adolescence et les contingences du passage à l’âge adulte, en communiquant une trouille partagée par tout le monde : celle d’être passé à côté de sa vie. »
Young Adult sera diffusé le dimanche 12 juin à 20h55 sur France 4
Very Bad Trip de Todd Phillips
Carton inattendu de l'année 2009, Very Bad Trip promet de passer une soirée hilarante... à condition d'apprécier l'humour potache. Les mésaventures de Doug, Stu, Phil et Alan ont connu un tel succès qu'elles ont fait l'objet de "Very Bad" suites et dérivés : plusieurs comédies qui n'avaient rien à voir avec celle-ci ont vu leur titre transformé en Very Bad quelque chose. C'est d'autant plus ironique que ce "Hangover" en VO a été traduit ainsi en français en référence à une autre comédie relatant les dérapages d'un enterrement de vie de garçon : Very Bad Things !
Mais revenons à la comédie en elle-même : « Todd Phillips (Starsky & Hutch) a bâti une filmo entièrement dédiée aux histoires de mecs, avec un vrai nez pour assembler ses castings. Celui de Very Bad Trip ne déroge pas : Cooper, Helms et Galifianakis possèdent une alchimie immédiate et imparable. À partir de personnages qui auraient vite pu croupir dans le cliché – le beau gosse, le dentiste émasculé, le beauf sociopathe –, ils composent un groupe super attachant qui peut se permettre de nous faire avaler les scènes les plus improbables (Mike Tyson en train de zozoter du Phil Collins, un tigre défoncé au GHB). De son pitch extrêmement malin, qui les voit remonter la piste surréaliste de leur nuit de débauche, Phillips tire une comédie complètement bourrée (de talent) à consommer sans modération. Une open-barre de rire. »
NT1 propose justement une soirée « gueule de bois », Projet X étant programmé juste après.
Very Bad Trip sera diffusé le mardi 7 juin à 20h55 sur NT1
Amy d’Asif Kapadia **
Ne comptez pas sur ce documentaire pour découvrir des révélation énormes sur Amy Winehouse, car Asif Kapadia ne dévoile finalement pas grand-chose. Surtout si vous êtes fans de la chanteuse. Il réalise cependant un film audacieux et intime. Et puis il y a sa musique puissante, sa voix entêtante, qui valent à elles seules d’y jeter un œil – et d’ouvrir grand les oreilles : « Elle chantait comme une reine, d’une voix à vous briser le coeur, et a enregistré l’un des plus grands disques de ce début de millénaire. Mais pourquoi Amy Winehouse était-elle aussi triste ? À cause de son enfance pourrie ? De son boyfriend toxique ? Ou de ce maudit blues qui ronge l’âme sans raison ? C’est la question posée par ce documentaire empathique, ambitieux formellement (la durée-fleuve, les intervenants relégués hors champ...) et forcément très émouvant, mais qui finit malgré lui par ressembler à un épisode de "Hollywood Story", à force de morbidité tabloïde et d’obsession trash irrépressible. À la fin, le mystère reste entier. Les chansons, elles, sont bien sûr sublimes. Mais ni plus ni moins qu’avant. »
Amy sera diffusé le mercredi 8 juin à 21h sur Canal +
Les Petits Princes de Vianney Lebasque **
France 4 profite du lancement de l’Euro 2016 pour diffuser un film sur le football, petit mais costaud. Sorti en 2013, Les petits Princes suit un adolescent intégrant un centre de formation. But ? « Quelques mois après le quasi ethnologique Comme un lion, la passion du football anime à son tour le jeune héros des Petits Princes. Pas de réalisme documentaire ici, mais une volonté assumée de suspense et de mélodrame – l’adolescent en question souffre d’une malformation cardiaque qui risque à tout moment de lui coûter la vie – pour un résultat
habile, accrocheur et émouvant. Révélée en 2010 par Fracture, le superbe téléfilm d’Alain Tasma, la gueule d’ange de Paul Bartel laisse augurer une montée en première division. »
Les Petits Princes sera diffusé le mercredi 8 juin à 20h55 sur France 4
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