Première
par Mathieu Carratier
Avec l’intrigant Brick (2006), dans lequel il tentait de conjuguer film noir et teen movie, l’auteur réalisateur Rian Johnson avait fait une entrée remarquée dans le cercle fermé des cinéastes US à suivre. Son deuxième long, Une arnaque presque parfaite (2009), avait ensuite violemment tempéré les ardeurs... Looper, lui, est bien plus qu’une revanche : c’est
la preuve que l’on avait finalement sous-estimé Johnson qui, dès son troisième essai, affiche une ambition et une assurance qui le propulsent dans la sphère des Nolan et autres Aronofsky. Dans un élan d’inspiration fou, sa SF mélancolique et racée convoque Blade Runner, Bienvenue à Gattaca ou Akira (ça, c’est pour vous donner une idée du niveau), tout en creusant sa propre mythologie futuriste, dont la bande-annonce n’avait révélé qu’à peine vingt pour cent. Cette retenue dans la promo, rare, contribue à la fraîcheur d’un film absolument inattendu qui ne cesse de prendre de la hauteur jusqu’à un final vertigineux. Dans l’intervalle, Johnson aura métamorphosé Joseph Gordon- Levitt en héros d’action tourmenté, filmé Bruce Willis (qui incarne le personnage vieux) comme personne ne l’avait fait depuis Incassable, et offert au genre ce qui pourrait bien ressembler à un nouvel échelon. Le « futur vous » n’est pas prêt d’oublier Looper