Actrice souvent abonnée aux seconds rôles, la discrète Aurore Clément peut néanmoins compter à son actif une filmographie particulièrement riche ; riche non seulement en quantité mais également et surtout par les noms de réalisateurs importants qui y figurent.Issue d’une famille modeste, Aurore Clément a seize ans seulement lorsque son père décède. Elle est alors contrainte d’abandonner ses études et commence à travailler en usine afin de subvenir aux besoins des siens. Les malheurs ne s’arrêtant pas là pour elle, elle doit faire face un peu plus tard à la disparition de sa sœur suite à un accident. Elle prend la décision de partir pour Paris, en tant que mannequin, et fait la couverture de quelques magazines.A vingt-neuf ans, elle fait ses premiers pas dans le monde du cinéma en incarnant France, une jeune femme juive amoureuse d’un collabo dans le film Lacombe Lucien de 1974. C’est le cinéaste Louis Malle qui lui a en effet confié ce rôle – qu’elle a failli refuser au début - après avoir remarqué le jeune mannequin en couverture de Elle .Forte de ces débuts prometteurs, Aurore Clément enchaîne les seconds rôles, notamment dans Le Juge Fayard dit le shérif d’Yves Boisset et avec Le Crabe Tambour de Pierre Schoendoerffer en 1977.En 1979, elle fait partie du casting du film, devenu culte depuis, de Francis Ford Coppola sur la guerre du Vietnam : Apocalypse Now, dans lequel elle campe le rôle de Roxane Sarraut, une jeune veuve française compatissante qui s’offre à Martin Sheen pour le réconforter. Malheureusement, la longue scène qu’elle interprète est coupée au montage, et le nom d’Aurore Clément n’apparaîtra que bien plus tard dans le générique de la version longue du film, rebaptisé : Apocalypse Now Redux , à l’occasion de sa sortie en 2001. Vingt-sept ans plus tard, un autre membre surdoué du clan Coppola , Sofia, lui confiera le rôle de la Duchesse de Chartres dans sa version extravagante de Marie Antoinette .La talentueuse comédienne continue de choisir soigneusement ses rôles. En 1982, on la retrouve à l’affiche de deux films qui seront en compétition officielle à Cannes : Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol et invitation au voyage de Peter Del Monte. Mais sa véritable percée au niveau international se fera deux ans plus tard, lorsque Wim Wenders fait appel à elle pour jouer dans Paris, Texas , Palme d’or du Festival de Cannes de 1984. Sa prestation lumineuse dans le rôle d’une mère de substitution pour le fils de Harry Dean Stanton sera saluée par la critique.Quelques metteurs en scène la sollicitent de manière régulière, à l’image de Chantal Akerman (de Rendez-vous d'Anna en 1978 à Demain on déménage en 2004) ou Laetitia Masson ( A vendre en 1998, Love me en 2000 et La Repentie en 2002). Elle apparaît également régulièrement dans des œuvres atypiques telles Stan the flasher qui évoque la pédophilie (1989) ou Trouble every day de Claire Denis qui traite de cannibalisme (2001).Exigeante, Aurore Clément s’est fait un point d’honneur à l’être par rapport à tous ses films. Si elle garde une prédilection pour les films d’auteur, elle n’hésite pas non plus à tenter l’aventure dans des registres plus légers. Ses apparitions dans Jet Set de Fabien Onteniente (1997), et dans Tanguy d’Etienne Chatiliez (2001) le confirment .Actrice accomplie, Aurore Clément essaie de diversifier ses projets. Le petit écran lui en fournit régulièrement l’occasion, lui permettant d’apparaître dans de nombreux téléfilms populaires français et étrangers comme Der Einbruch (Allemagne, 1988) , Maigret (1992), Les Alsaciens - ou les deux Mathilde (1996) , Zodiaque (2004) et sa suite de 2006, Le Maître Du Zodiaque .Le théâtre n’est pas non plus en reste pour l’actrice qui monte sur les planches de temps à autre non sans un certains succès. Elle est élue révélation de l’année par le Syndicat de la Critique Dramatique pour La vie singulière d’Albert Nobb en 1988 et nommée aux Molière en 2000 pour La Dame aux camélias qu’elle joue aux côtés d’Isabelle Adjani.