- Première
Dans les palettes de films de genre, celle d’Almamula est d’une grande noirceur, pas celle de la forêt argentine à l’éclairage quasi-sacré où son action se déroule, mais celle de la droiture sexuelle imposée par l’Église catholique du pays ou des péchés charnels d’un garçon de 12 ans. Dans cette région rurale profondément homophobe de l'Argentine, les adolescents du coin ne se contentent pas d’humilier Nino parce qu'il est probablement homosexuel, mais parce qu’ils craignent l'« Almamula », figure féminine monstrueuse qui punit ceux qui, comme lui, osent commettre des actes sexuels jugés impurs. Torales en fait la projection d’une communauté religieuse et la divinité malsaine d’un garçon animé par un désir de rébellion mais rongé par la culpabilité. S’il avance trop prudemment dans son exploration du folklore argentin, Almamula s’avère plus efficace lorsqu’il raconte, sans craindre l’immoralité, la puberté d’un adolescent dépassé par sa foi.
Lou Hupel