Le CNC va injecter de la trésorerie immédiate dans les circuits les plus fragilisés.
Les derniers chiffres du box-office français sont assez alarmants. Il n'y pas eu (pour l'instant) de Monte-Cristo ou de Petit truc en plus pour booster la fréquentation, en 2025.
Le CNC a fait un constat sans concession au sortir du récent Congrès des Exploitants, fin septembre : "L’année 2025 connaît une fréquentation en salle en recul à la fin du mois d’août de 15 % par rapport à l’année précédente et de 27 % au regard de la moyenne des années 2017 à 2019. Les quatre derniers mois, du mois de mai au mois d’août, sont particulièrement décevants, avec une fréquentation en recul de près de 25 %."
Neuf mois consécutifs de baisse : du jamais-vu depuis la pandémie. Et cette fois, la crise frappe aussi bien les petits cinémas indépendants que les mastodontes du secteur. Après une année 2024 record qui avait hissé la France au rang de marché le plus solide d’Europe, le retournement est brutal.
Un plan d’urgence inédit
Présenté fin septembre à Deauville, le plan de sauvetage imaginé par le CNC vise à injecter de la trésorerie immédiate dans les circuits les plus fragilisés. Les bénéficiaires ? Les exploitants indépendants en difficulté de liquidités ou au bord de la faillite. Particularité notable : ces avances ne proviendront pas du budget de l’État, mais d’un fonds déjà alimenté par les recettes de billetterie, que le CNC collecte et conserve pour les exploitants. Autrement dit, il s’agira d’avances remboursables prélevées sur les "économies" du secteur.
"Il nous manque entre 15 et 20 millions de spectateurs"
Pour Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), l’urgence est absolue. "Nous sommes dans une période très difficile pour le cinéma. Je n’ai jamais vu une crise aussi longue et sévère en autant d’années de métier," confie-t-il à Variety. "Avant la mi-septembre, nous étions dans une séquence ininterrompue de huit mois de baisse de la fréquentation, de l’ordre de 15 %. Il nous manque entre 15 et 20 millions de spectateurs."
Depuis juillet, la FNCF reçoit des témoignages alarmants : "On nous dit ‘je n’y arrive plus, je vais devoir déposer le bilan, je risque la liquidation’. Ces messages se multiplient depuis des mois."
Les plus exposés restent les indépendants ayant lourdement investi avant la pandémie, entre 2019 et 2020, alors que le marché semblait encore solide. Aujourd’hui, ces exploitants se retrouvent surendettés et étranglés par la baisse de la fréquentation. Mais les grands groupes ne sont pas épargnés. Pathé et UGC, les deux principaux circuits hexagonaux, ont récemment ouvert leur capital à de nouveaux investisseurs comme Rodolphe Saadé,ou le groupe Canal+, propriété de Vincent Bolloré.
"Leur arrivée prouve qu’ils croient encore au cinéma, mais si ces grands groupes font entrer des actionnaires aujourd’hui, c’est aussi parce qu’ils connaissent les mêmes difficultés que les indépendants," observe Patry.
Avec une fréquentation en chute de 25 % sur l’été et des millions de spectateurs envolés, le CNC joue une partie cruciale pour sauver la diversité du réseau français, et son maillage unique de 2 000 salles.







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