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(...) Un transport en commun est surtout un petit bijou au charme rafraîchissant. (...) une galerie de personnages qui s'expriment haut et fort, en wolof comme en français, et méritent d'être entendus.
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C’est dans ce contraste, cette superposition très visible de la fiction et de la réalité, comme ces décors de théâtre qui créent de la profondeur en truquant les perspectives, que se situe la beauté simple, directe, allègre de ce transport en commun.
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Tel est bien l'enjeu de ce film léger et profond la fois : casser la distance entre le proche et le lointain, jouer des frontières qui nous séparent, hybrider les identités culturelles qui nous emprisonnent, embarquer tout le monde, à commencer par les spectateurs, dans un voyage primesautier qui se veut avant tout un partage des imaginaires.
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Dans chaque numéro, les thèmes les plus graves (le deuil, le choix d'une vie, le devenir d'un pays) affleurent sous les conventions légères de la comédie musicale. Devant ce mini-road-movie, solidement ancré dans la réalité quotidienne sénégalaise (la débrouille, les embouteillages et les multinationales qui défigurent le paysage), on se demande si on n'aurait pas trouvé en Dyana Gaye une héritière franco-sénégalaise de Jacques Demy.
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Inattendu mais très sympathique, ce "transport" entrelace les conventions de la comédie musicale avec l’éminente tradition orale africaine. De fait, les réalités du quotidien sénégalais cohabitent ici avec l’enchantement de numéros chantés et dansés, tour à tour portés par le bon souvenir de Jacques Demy et par le doux sautillement du m’balax, la musique populaire wolof. Ce petit bijou de cinéma – dont on salue la sortie en salles avec deux autres courts métrages de a même réalisatrice – est serti de rêves et de parfums qui scandent la joie, le respect et l’étonnement dans la diversité.
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Malgré l'humilité de la forme et les limites de la mise en scène, les deux films constituent un geste fort et déterminent une personnalité de cinéaste bien trempée. La réalité de production très française dans laquelle s'ancrent les films de Dyana Gaye n'a à l'évidence aucune importance : accrochés à leurs sujets, rivés à leur petite réalité dakaroise, Deweneti et Un Transport en commun ne semblent respirer qu'à la lumière (éclatante) des conditions immédiates de leur tournage. Récits de rue, films un peu sauvages, sortie inespérée en salle : cette réalité-là n'est pas si fréquente et trouve avec Un Transport en commun, jusque dans ses incorrections (du Jacques Demy se refusant à toute grâce) une forme de plénitude revigorante. Ces voix qui chantent sans peur du ridicule (malgré un concert de canards), ces corps du quotidien qui s'emballent à chaque détour de séquence, cet enchevêtrement de romances faites de bric et de broc servent moins la féerie des films que celle de leurs conditions mêmes d'existence. Il faut repartir de la simplicité de la mise en scène d'Un Transport en commun, où la fraîcheur et l'énergie remplaceraient toute prétention à la sophistication, pour mieux comprendre ce qui se joue probablement dans cette oeuvre naissante : la réactivation d'un rêve de cinéma africain qu'on a peut-être un peu trop tôt cru disparu.
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Pas besoin d’un long discours pour évoquer les maux de l’Afrique : Dyana Gaye le prouve et, en quelques chansons chorégraphiées, aborde l’exil et ses dangers, la séparation des familles, la nécessité de rester au pays. Tranches de vie sénégalaises et comédie musicale : un mixte inédit, plein de fraîcheur et d’authenticité.