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Simon et Théodore évoque spontanément un certain cinéma américain des années 1970, celui de Jerry Schatzberg, Hal Ashby et Bob Rafelson, où des personnages d’écorchés vifs au bord de la crise de nerfs cherchaient leur place sous le regard d’une caméra agitée et bienveillante. En filmant la rencontre improbable entre Simon, trentenaire autodestructeur qui sort de l’hôpital psychiatrique et s’apprête à devenir père, et Théodore, adolescent à fleur de peau nourrissant une violente colère envers ses géniteurs, Mikael Buch (réalisateur en 2011 du très pop Let My People Go !) signe une comédie dramatique inspirée qui traque inlassablement les étincelles d’allégresse nichées au sein des pires crises existentielles.
Car, parallèlement à l’émotion qui nimbe l’errance des deux antihéros dans le Paris nocturne, le film fait la part belle à un récit simultané d’où émergent d’attachantes figures aux états d’âme directement liés à ceux du duo masculin. Se distingue notamment la magnanime compagne de Simon, femme-rabbin enceinte incarnée par une Mélanie Bernier qu’on n’a jamais vue aussi solaire. Refusant de céder au pur naturalisme et collant aux névroses de chacun pour mieux faire apprécier la grâce qui les habite, cette œuvre sensible bénéficie de la poésie lunaire de Félix Moati et de la rage impressionnante du débutant Nils Othenin-Girard. Ce casting iconoclaste participe à la chaleur vivifiante de ce deuxième long métrage qui arbore au final une tonalité unique.