Robert Musil

Robert Musil est un romancier, essayiste et dramaturge autrichien. Il est né le 6 novembre 1880 à Klagenfurt, capitale de la province de Carinthie en Autriche.Ses parents, Hermine Bergauer et un ingénieur du nom d’Albert von Musil l’inscrivent dès ses douze ans à une école militaire. Son instruction, qu’il poursuit dans différents établissements selon les affectations de son père, s’achève en 1897. Après le lycée militaire, Robert Musil emboîte le pas à son père en entamant des études d’ingénieur à l’université de Brünn, en actuelle République tchèque. Sa formation terminée en 1901, il attend deux années avant de partir pour Berlin afin d’y étudier la psychologie et la philosophie. L’un de ses professeurs n’est autre que Carl Stumpf (1848-1936) qui enseigne dans la capitale allemande depuis 1894.Encore étudiant, Robert Musil publie sa première œuvre en 1906 sous le titre Les Désarrois de l'élève Törless. Le personnage central du roman, le jeune Törless, arrive dans un collège réputé et y fait face à la dureté des rapports entre les élèves. Évoluant dans ce milieu régi par la concurrence et la violence, il se découvre des sentiments nouveaux qui vont marquer son esprit troublé d’adolescent. Soixante ans après sa sortie, ce livre fera l’objet d’un film réalisé par Volker Schlöndorff d’après un scénario de Margarethe von Trotta. Il recevra d’ailleurs le Prix international de la critique au Festival de Cannes.Robert Musil obtient son doctorat en 1908, après avoir présenté une thèse sur les travaux du physicien Ernst Mach.Deux années plus tard, il s’installe à Vienne où il décroche un emploi dans une bibliothèque. Il fait alors la rencontre de Martha Marcovaldi qu’il épouse en 1911. C’est à cette époque qu’il dévoile son recueil de nouvelles intitulé Noces, composé de deux histoires dont les héroïnes sont Véronique et Claudine.Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, Robert Musil est appelé à rejoindre le front en tant que réserviste. Le conflit terminé, il retourne à Berlin qu’il avait connue pendant ses études. Il commence à écrire l’œuvre majeure de sa carrière littéraire, L’Homme sans qualités, dont les premiers textes ne seront publiés qu’une dizaine d’années plus tard.Entre-temps, il présente sa pièce de théâtre Les Exaltés en 1921, création qui lui vaut le Prix Kleist.Après Grigia et Die Portugiesin, parus en 1923, il publie Trois femmes, recueil de nouvelles construit sur un modèle analogue à celui de Noces.Cet ouvrage est suivi de la pièce Vincent et l'amie des personnalités, un spectacle en trois actes traduit en français, comme la plupart des écrits de Robert Musil, par Philippe Jaccottet dans les années cinquante.En 1930, le premier des trois livres composant L’Homme sans qualités est publié par la maison d’édition Rowohlt. Il s’agit là de sa réalisation la plus connue, bien qu’il n’ait pu l’achever. À travers le héros du roman, Ulrich, l’auteur brosse un tableau critique de l’Autriche à la veille de la Guerre de 1914-1918. Ulrich observe et analyse la société qui l’entoure, prenant conscience de son caractère fictif et superficiel. Par le biais de L’Homme sans qualités, Robert Musil exprime son mépris pour l’élite bien-pensante de cette époque, à la tête de laquelle se trouvent les religieux, les industriels, les hommes politiques et les officiers de l’armée.À sa sortie, L’Homme sans qualités ne suscite pas d’engouement particulier. Ce n’est que deux décennies plus tard, sous l’impulsion d’Adolf Frisé, que le roman sera reconnu à sa juste valeur, devenant l’un des livres phares de la littérature moderne.En 1933, l’Allemagne tombe sous le joug du puissant parti nazi. Robert Musil, comme beaucoup d’autres intellectuels, choisit de quitter le pays et de retrouver sa terre natale. En Autriche, il écrit Nachlaß zu Lebzeiten et Über die Dummheit. Vortrag en 1936 et 1937.Suite à l’Anschluss, l’annexion de son pays par l’Allemagne nazie en 1938, il est contraint à l’exil. Il s’établit alors en Suisse où il éprouve les plus grandes difficultés à gagner sa vie, en raison notamment du blocus imposé sur ses écrits par les dirigeants du Troisième Reich. Affaibli par la maladie, Robert Musil décède le 15 avril 1942 dans son domicile du quartier genevois de Champel. Plusieurs de ses œuvres seront publiées à titre posthume, parmi lesquelles Pour une évaluation des doctrines de Mach (1980), Lettres choisies (1981), Essais, conférences, critique, aphorismes, réflexions, textes choisis (1981), ou encore Der literarische Nachlaß (1992).