Principale actrice durant l’Âge d’Or du cinéma mexicain dans les années quarante et cinquante, Dolores del Rio est née le 3 août 1905 à Durango, au Mexique. Fille de Jesus Leonardo Asúnsolo Jacques, directeur de la Banque de Durango, et d’Antonia Lopez-Negrete, son nom complet est Dolores Martínez Asúnsolo y López Negrete.Sa famille perd toutes ses possessions pendant la révolution mexicaine et part alors s’installer à Mexico City. C’est son envie de retrouver le confort de sa vie passée qui pousse Dolores Del Rio à devenir actrice. Grande admiratrice de la danseuse russe Anna Pavlova, elle se produit lors d’événements pour les riches familles mexicaines. Durant l’une de ces fêtes, elle rencontre Jaime Martínez del Rio, représentant de l’une des plus importantes familles à Mexico et de dix-huit ans son aîné. Alors qu’elle a à peine seize ans, ils se marient et partent en Europe. En 1924, le couple retourne à Mexico City et Dolores del Rio fait la rencontre du producteur et réalisateur Edwin Carewe. Sous le charme de la jeune femme, il lui offre la possibilité de devenir actrice et propose à son mari d’être scénariste à Hollywood. Dolores del Rio fait ainsi ses débuts au cinéma dans le film muet Joanna (1925), puis dans High Steppers (1926), tous deux réalisés par Edwin Carewe. Ces films ne rencontrent pas de grands succès, mais la comédienne se fait remarquer par l’industrie hollywoodienne grâce à sa beauté. Sa notoriété grandit grâce aux succès au box-office d’Au service de la gloire (1926), du réalisateur Raoul Walsh, et de Resurrection (1927), signé Edwin Carewe. Elle reçoit à cette époque le WAMPAS Baby Stars, récompensant les jeunes actrices à l’avenir prometteur. Grâce à ses origines latines, Raoul Walsh la réengage la même année pour interpréter une seconde version de Carmen. En 1928, Dolores del Rio remplace l’actrice Renée Adorée dans le film produit par la MGM, La piste de 98, de Clarence Brown. Sa carrière fleurit jusqu’à la fin de l’ère du cinéma muet, notamment avec des films comme Ramona (1928), pour lequel elle enregistre la chanson Ramona avec le RCA Victor (label de Sony Music), et Evangeline en 1929. Cette année-là, son mari, jaloux de son image de star, s’enfuit en Allemagne et met fin à ses jours.Le premier film parlant dans lequel elle joue est The Bad One de George Fitzmaurice en 1930. La même année, elle épouse Cedric Gibbons, directeur artistique à la MGM, et intègre le cercle de la haute société en rencontrant des célébrités comme Greta Garbo, Errol Flynn, Lili Damita ou encore Clark Gable. Dolores del Rio accumule les rôles malgré son accent latin prononcé. Elle apparaît alors dans L'Oiseau de paradis (1932) de King Vidor, scandalisant le public à cause d’une scène où elle apparaît nue aux côtés de Joel McCrea, Carioca (1933) de Thornton Freeland, avec Fred Astaire et Ginger Rogers, et Wonder Bar (1934) de Lloyd Bacon. En 1934, elle est accusée, avec d’autres acteurs tels que James Cagney, Ramón Novarro et Lupe Vélez, de promouvoir le communisme en Californie. Ceci et ses origines latines font que pendant un certain temps, elle déserte les plateaux de tournage. En 1936, elle est élue Seconde Plus Belle Femme d’Hollywood (après Greta Garbo) par le magazine de cinéma Photoplay.En 1940, elle rencontre le jeune producteur, réalisateur et acteur Orson Welles, ce qui met fin à son mariage avec Cedric Gibbons. Dolores del Rio s’affiche à ses côtés à la première de son chef-d’œuvre Citizen Kane en 1941, et collabore avec lui sur le tournage du film d’espionnage Voyage au pays de la peur (1942), réalisé par Norman Foster. Déçue par l’industrie cinématographique américaine et s’étant séparée d’Orson Welles, elle retourne à Mexico City. Elle tourne alors dans Flor Silvestre en 1942 et dans Maria Candelaria (1944) d'Emilio Fernández, qui est primé à Cannes et à Locarno. Ce film lui apporte un nouveau souffle et Dolores del Rio devient l’icône de la beauté du cinéma mexicain. Elle est récompensée quatre fois par un Silver Ariel de la Meilleure Actrice (équivalent mexicain des Oscars). En 1947, elle est choisie par John Ford pour tourner dans Dieu est mort et apparaît dans une nouvelle version argentine de Lady Windermere's Fan d’Oscar Wilde. Jouissant d’une immense popularité au Mexique, elle y enchaîne les tournages et apparaît dans La Selva de Fuego (1945), La Otra (1946), Doña Perfecta (1951), mais aussi El Niño y la Niebla (1953).En 1959, elle épouse le producteur de théâtre américain Lewis Riley. Dans la foulée, on la met à l’écran face à sa rivale María Félix dans le long métrage La Cucaracha, dirigé par Ismael Rodríguez. De retour à Hollywood en 1960, Dolores del Rio donne la réplique à Elvis Presley dans Les Rôdeurs de la plaine de Don Siegel. Quatre années plus tard, elle évolue à nouveau sous la direction de John Ford dans son western Les Cheyennes, complétant ainsi un casting incluant Richard Widmark, Carroll Baker, James Stewart, Gilbert Roland et Ricardo Montalbán. En 1967, Francesco Rosi la met en scène dans La Belle et le cavalier, où elle accompagne Sophia Loren, Omar Sharif et Georges Wilson.Dans les années cinquante et soixante, l’actrice monte sur les planches, s’illustrant notamment dans Anastasia (1956) et La Dame aux Camélias (1968), qui connaissent un véritable triomphe au Mexique, en Amérique latine et en Europe. Elle participe aussi à quelques séries télévisées américaines, jouant aux côtés des célèbres Buster Keaton, Cesar Romero et Bill Cosby. En 1981, le San Francisco Film Critics Circle lui rend hommage. Elle s’éteint le 11 avril 1983, à l’âge de soixante-dix-huit ans, à Newport Beach en Californie.Dolores del Rio a son étoile sur le célèbre Walk of Fame à Hollywood, au 1620 Vine Street.
