Anaon
Prime Video

La nouvelle série fantastique française, qui débarque sur Prime Video, assume son inspiration Stranger Things, mais va plus loin en rendant hommage à la grande tradition Amblin des effets pratiques, en créant de toutes pièces sa créature sans VFX. Explications.

Pas de balle de tennis au bout d’une perche ni de créature 3D ajoutée à la va-vite en post-prod pour Anaon. La série fantastique française qui débarque aujourd'hui sur Prime Video (avant une diffusion en clair sur France 2), assume sa filiation avec le cinéma Amblin de Spielberg et donc, forcément avec Stranger Things. Mais elle compte bien le faire avec ses forces à elle : Guillaume Labbé en enquêteur, la révélation Capucine Malarre en Eleven du coin et surtout le folklore breton en toile de fond. Entièrement tournée en décors réels, en Îlle-et-Vilaine, entre les Monts d'Arée et le Chaos de Huelgoat, Anaon joue la carte du croque-mitaine local, appelé Bugul-noz. Et pour aller avec ces paysages à couper le souffle, qui donne à la série toute son identité, pas question de faire un monstre de fonds verts.

Le réalisateur David Hourrègue et le créateur Bastien Dartois, nourris aux films cultes des années 80, ont absolument voulu fabriquer, de toutes pièces, une créature en effets réels :

"Intégralement, c'est un monstre qu'on a fabriqué, avec un type qui est dans le costume !" se réjouit David Hourrègue qui explique dans la foulée : "On a fait 80% d’effets réels pour 20% de VFX dans la série. C’est plus une question de goût que de budget. Parce qu’on est nostalgiques de l’époque du cinéma de 'props'. Celle où Mark Hamill, dans L’Empire contre-attaque (1980), jouait avec Yoda, qui n’était qu’une grosse marionnette animée manuellement. Cela ne posait pas de problème, parce que le comédien jouait avec quelque chose de tangible en face de lui."

Anaon
Prime Video

Depuis, estime-t-il, les tournages sur fond vert ont déconnecté les acteurs de leur environnement : "Depuis qu’on a basculé sur des fonds verts avec des balles de tennis au bout d’une perche, tout devient une affaire de projection d’esprit de la part des acteurs. Moi, je n’y crois pas."

Pour Bastien Dartois aussi, la démarche était claire dès le départ :

"On était persuadés qu’il fallait une créature présente en vrai, sur le plateau, imaginée et créée par des artistes qui ont pu travailler son look, sa texture."

Un choix qui renoue avec un certain amour du travail artisanal. "J’ai un amour immense pour l’artisanat du cinéma, et plus précisément les maquillages SFX. Je suis toujours bluffé par le travail de Guillermo del Toro et ses équipes sur Le Labyrinthe de Pan, sur Hellboy 2, ou encore celui de Phil Tippett sur Star Wars… Tous ces gars qui ont fabriqué des monstres tangibles pour nous."

Anaon
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Le duo revendique cet héritage et a voulu tout ça pour Anaon malgré un budget contraint :

"On est de cette génération Amblin, celle de Spielberg, qui n’hésitait pas à mettre une marionnette d’extraterrestre dans la chambre d’un gamin pour nous faire croire qu’il avait trouvé un ami pour la vie… Bref, on s’est juste contenté de suivre la recette de nos glorieux anciens."

Anaon a pu bénéficier d’une alliance entre France TV et Prime Video, pour la production, mais cela n'a pas permis de faire des folies. Au contraire, il a fallu se montrer malin pour réussir à concrétiser cette envie de fantastique à la française : "Notre budget n’excédait pas celui d’un polar télévisuel classique", précise David Hourrègue. "Donc on a décidé de réduire le nombre de jours de tournage pour augmenter le budget journalier et mieux concentrer les moyens. Je viens d’une génération de réalisateurs habitués à filmer 7 séquences par jour. Je sais faire avec ce rythme-là. Le tout, c’est de réussir à emmener l’équipe et les comédiens. On n’avait pas beaucoup de temps, mais on a eu les moyens de faire les choses correctement, pour avoir un rendu le plus cinématique possible."