FX

Dans la tête de l’interprète de David Haller.

Apparu sur nos radars en 2010 dans la série Downton Abbey, Dans Stevens n’a depuis cessé de nous surprendre avec ses choix de rôles, passant sans prévenir de la comédie grand public (La Nuit au musée 3) au thriller psychologique (The Guest), de la SF azimutée (Colossal) au blockbuster Disney (La Belle et la Bête). Depuis, le Britannique de 35 ans a testé la comédie romantique (Permission avec Rebecca Hall, disponible en VOD en France) et trouvé son meilleur rôle avec Legion, série dérivée des X-Men dirigée par Noah Hawley (Fargo), qui emmène les mutants vers des territoires inexplorés. Un monde où se côtoient sans le moindre problème un hôpital psychiatrique, un restaurant japonais au sein d’une organisation secrète, une boule qui capture des gens, un type avec un panier sur la tête et des androïdes à moustaches. On fait le point par téléphone avec Dan.

Legion : le Professeur Xavier est-il prévu dans la saison 2 ?

Première : Allô ?
Dan Stevens : Bonjour ! (en français dans le texte, NDLR). Bon, c’est à peu près tout ce que je sais dire dans votre langue !

On reste sur l’anglais pour l’interview alors ?
Oui, faisons ça, c’est plus sûr !

Je viens de voir les deux premiers épisodes de la saison 2 de Legion, et je suis partagé entre l’angoisse et l’envie de vivre dans cet univers.
C’est une très bonne façon de le décrire (Rire).

Tout ça ressemble de plus en plus à une série-monde, dirigée par des règles à la limite de l’absurde mais qu’on n’a jamais envie de questionner. On se laisse porter, comme avec Twin Peaks.
La comparaison avec Twin Peaks est intéressante. Noah Hawley est fan de David Lynch et de son univers. Les inspirations sont sûrement plus ou moins inconscientes, mais Noah partage avec Lynch la volonté d’aller vers quelque chose de différent, d’un peu étrange, tout en cassant les codes de narration… mais en en gardant le contrôle absolu. Et ils se rejoignent sur l’inspiration cinématographique, très marquée également dans Legion. Il y a 500 séries différentes à la télévision américaine en ce moment, et le paysage a radicalement changé durant les dernières années. Cela veut dire plus de concurrence, mais aussi plus de place pour l’expérimentation. Il faut sortir du lot.

Aux États-Unis, Legion est diffusée sur FX, une chaîne qui vous offre un espace de liberté assez dingue.
À l’évidence. Mais ce qui rend Legion si spécial, c’est aussi d’être porté par une marque bien connue, X-Men, dans laquelle on installe notre petit espace chaotique. On s’affranchit de tout ce qu’on a connu jusqu’ici dans les adaptations des mutants, mais ce qui faisait le sel des comics est toujours présent. Il y a une notion de jeu très importante dans le travail de Noah Hawley, une envie de s’amuser en prenant les choses très sérieusement. Et je crois que ça transpire de la série.

Cette saison 2 questionne autant sur la folie que sur la véracité de nos expériences.
On pourrait même dire sur ce qui est réel ou pas, et sur l’intérêt de le savoir. David Haller a été diagnostiqué schizophrène par erreur, mais la vérité est bien différente, peut-être même plus dérangeante encore. La schizophrénie nous offre des possibilités narratives immenses en termes de narration et de décors. Legion est une expérience. Le but de Noah était de créer une histoire qui donne au spectateur une idée de ce que veut dire être dans la tête de David Haller.

Quand vous avez quitté Downton Abbey, vous disiez ne pas vouloir être piégé dans un rôle trop longtemps. Qu’est-ce qui a motivé votre retour à la télévision ?
Je ne l'ai pas vu comme un retour à la télé. J'ai joué au théâtre, au cinéma, sur le petit écran... Quand je suis parti de Downton Abbey, c’est parce que j’avais fait le tour de la question, j’avais envie d'autre chose. Et quand l’opportunité de faire Legion est arrivée, je savais que je pouvais faire confiance à Noah pour aller vers un schéma narratif long et complexe, comme seule la télévision peut en offrir. Après avoir discuté avec lui, j’étais certain que je n'allais pas m’ennuyer et que chaque jour allait être une découverte et un challenge. Je ne m’étais pas trompé (Rire).

J’ai essayé de trouver une logique dans votre filmographie… En apparence la liste de vos longs-métrages va dans tous les sens.
Il y a du vrai là-dedans. En fait, tout est lié à la qualité d'écriture et aux réalisateurs : c’est ça que je recherche. Je n’ai pas de plan de carrière, de chemin tout tracé. Au fond, je ne veux surtout pas m’ennuyer. J'aime tourner dans un drame, enchaîner sur un film horrifique et faire de la comédie durant les mois suivants. Que ça bouge, vous voyez ? Les acteurs que j'admire le plus ont réussi à faire carrière sur tous les terrains, sans jamais se soucier du genre. Aucun style de film n’est dégradant pour moi, tant que je sais que les scénaristes et le réalisateur derrière savent ce qu’ils font. Je veux surprendre les gens et me surprendre moi-même. Mais qu'est-ce que je pourrais faire d’autre ? C’est ça, être acteur.

Legion saison 2, actuellement en US+24 sur OCS. Permission, de Brian Crano, avec Rebecca Hall et Jason Sudeikis, est disponible en VOD.

A lire aussi sur Première

Novembre : "Il faut faire des films pour les bonnes raisons !"

Rencontré à Cannes, en 2022, Cédric Jimenez nous a raconté la création de son film sur les attentats terroristes de 2015.