Mia Goth dans Pearl
A24

A voir ne serait-ce que pour la prestation enragée de Mia Goth, impressionnante en fermière texane meurtrière.

En découvrant X – le film de Ti West sorti l’an dernier, sur le tournage d’un porno seventies qui virait au bain de sang – on n’avait pas bien compris pourquoi Mia Goth y jouait deux rôles : la star sexy dudit porno et la vieille dame dingo qui habitait la ferme où avait lieu le tournage. L’idée de Ti West, en réalité, était d’utiliser à nouveau les talents de Mia Goth, débarrassée du latex la vieillissant, dans un prequel racontant la jeunesse de cette vioque démente prénommée Pearl.

Nous voici donc au Texas, en 1918, alors que la Première Guerre mondiale fait rage dans la lointaine Europe et que la population s’inquiète de l’épidémie de grippe espagnole. Pearl, jeune et jolie fermière, rêve de devenir une star, mais ses rêves de gloire et d’évasion sont contrariés par l’éducation très rigoriste que lui impose sa famille émigrée d’Allemagne. Le film observe comment la jeune fille, rendue cinglée par le puritanisme et la solitude, va partir en vrilles psychotiques et meurtrières.

Si les scènes d’horreur sont ici traitées sur le mode du décalage grotesque et outré – le film baignant qui plus est dans des couleurs criardes de chromo et des clins d'œil Technicolor au Magicien d'Oz – cette ironie est contrebalancée par l’empathie totale des auteurs (Mia Goth et Ti West ont écrit le scénario ensemble) pour leur personnage. La fusion de ces deux tonalités contraires créent un effet d’électrochoc assez puissant, renforcé par l’investissement total de Mia Goth, déchaînée, aussi convaincante dans le registre de la candeur que celui de la rage pure, et qui s’affirme pour de bon (après ses rôles chez Lars von Trier, Claire Denis ou Luca Guadagnino) comme l’héritière des grandes héroïnes hallucinées du cinéma des 70s, quelque part entre Shelley Duvall et Sissy Spacek.

Pearl, de Ti West, avec Mia Goth, David Corenswet… Disponible en VOD, notamment sur Première Max.