Dix ans après Under the skin, Jonathan Glazer fera son grand retour à Cannes
Abaca

Le drame sur l'Holocauste The Zone of Interest marque sa première sélection pour la Palme d'Or.

Grâce à The Zone of Interest, Jonathan Glazer est sélectionné pour la première fois de sa carrière en compétition officielle par les organisateurs du festival de Cannes, et donc en lice pour la Palme d'or.

Ce réalisateur britannique de 58 ans a pourtant déjà fait sensation par le passé. Outre ses clips mémorables pour Radiohead (Street Spirit (Fade Out), Karma Police) ou Massive Attack (Karmacoma), il a tourné trois films remarqués par la critique : Sexy Beast, en 2000, Birth, en 2004 et surtout Under the Skin, avec Scarlett Johansson, en 2013. Une œuvre de science-fiction unique (bien que tirée du roman Sous la peau, de Michel Faber), bizarre et sensorielle que la rédaction de Première n'oubliera pas de sitôt (notre critique à cinq étoiles est à lire ici).


Le voir revenir une décennie plus tard avec La Zone d'intérêt, une nouvelle adaptation (du livre éponyme publié en 2014 par Martin Amis, également crédité au scénario), transforme immédiatement ce projet d'A24, le studio qui vient de cartonner aux Oscars grâce à Everything Everywhere All At Once, en l'une des plus belles promesses de cette sélection.

Si le studio n'a pas encore dévoilé d'images de ce projet, on sait qu'il sera porté par Sandra Hüller, l’actrice de Toni Erdmann, ainsi que Christian Fridel (Le Ruban blanc), Raplh Herforth (Speed Racer) et Max Beck (Les Oubliés) - Notez que la comédienne allemande sera aussi à l’affiche d’un autre film en compétition, Anatomie d’une chute de Justine Triet. La Zone d'intérêt racontera la relation amoureuse entre un officier nazi et la femme d’un kapo, et la manière dont celle-ci est perçue par des témoins.

Scarlett Johansson : "Under the Skin est un film qui ne ressemble à aucun autre"

Ce projet tient particulièrement à cœur au réalisateur, qui travaille en fait sur cette adaptation depuis qu'il a fini Under the Skin. En 2018, il livrait ses premières intentions à propos de cette oeuvre, sans en livrer le titre, ni son lien avec l'auteur britannique. Il expliquait qu'en voyant des images d’archives de la Seconde Guerre Mondiale, et notamment des photos des camps de concentration, il avait "été saisi par les visages des passants, des spectateurs, des complices … vous savez, les Allemands ordinaires. J’ai commencé à me demander comment il était possible de rester là sans rien faire et regarder. Certains des visages prenaient même du plaisir à ce spectacle".

Juste après avoir annoncé la sélection de cette 74e édition du festival de Cannes, Thierry Frémaux a détaillé pourquoi il avait eu un coup de cœur pour ce film en particulier auprès de Variety : "Jonathan est un grand réalisateur, on suit son travail de près. Personnellement, je le suis aussi parce que j'adore ce que fait l'écrivain Martin Amis. Ce film est librement adapté d'un roman d'Amis, qui est très personnel. C'est un challenge, ce drame, car il est tourné en allemand et en polonais. Ils montre aussi qu'A24 est prêt à soutenir ce genre de cinéma. Le film de Martin Scorsese (Killers of the Flower Moon, pour l'instant sélectionné hors compétition, ndlr) est aussi un film qui explore notre passé tout en étant énorme, populaire et porté par une vision d'auteur. Comme ceux de David Lean et Cecil B. DeMille."

Sexy Beast, Birth, Under the Skin : à quoi reconnaît-on un film de Jonathan Glazer ?